Avec King Kong, Ubisoft se trouve confronté à un problème de taille. Comment va-t-il pouvoir faire entrer l'imposant gorille dans la si petite console portable de Nintendo ? Pour y parvenir, l'éditeur a opté pour un jeu d'action/aventure, à la Zelda dirons-nous, mais en bien plus primaire. Normal puisqu'il s'agit d'un primate.
Grosse licence que celle de King Kong. Un nom connu de tous, remis au goût du jour par Peter Jackson avec son long métrage prêt à envahir les salles obscures du monde entier en fin d'année. Depuis le premier film de 1933, l'histoire n'a pas changé, il s'agit toujours d'une expédition cinématographique partie sur Skull Island en vue de tourner quelques images pour l'ambitieux projet d'un réalisateur passionné. Sur l'île, les choses tournent mal puisque l'équipe découvre avec effroi l'existence d'une créature gigantesque, visiblement peu amicale. Un gorille de plusieurs mètres de haut que vénère la tribu locale en lui offrant de temps à autres un sacrifice. Pas de chance, ce coup-ci Ann Darrow a été choisie pour servir d'amuse-gueule au gros Kong. Jack Driscoll et Carl Denham, respectivement scénariste et réalisateur du film, feront tout pour retrouver leur actrice, quitte à remuer l'île de fond en comble. Et cette île, vous allez finir par la connaître dans le jeu de King Kong puisque vous passerez votre temps à la traverser de long en large au cours de multiples allers-retours franchement ennuyeux. Mais avant d'en arriver là, voyons de quoi il retourne plus exactement.
Pour cette version portable, il n'était pas question de reprendre les mêmes ficelles que la version sur consoles de salon, seule l'alternance irrégulière entre des niveaux avec Jack et Kong a été conservée. Ainsi, on joue beaucoup avec Jack, et un peu avec le singe lors de séquences naturellement plus dédiées à la castagne. Pour Jack, oubliez tout de suite les phases en vue à la première personne. Ici, il faut renouer avec une représentation plus classique des choses, c'est-à-dire avec une vue de haut comme on a pu en voir dans bon nombre d'épisodes de la série Zelda, dont Minish Cap, le dernier volet sur GBA. La comparaison avec la saga de Nintendo n'est pas anodine puisque King Kong y emprunte beaucoup, notamment sa progression parsemée de temples à explorer. Il vous faudra en effet vous rendre d'un point à un autre de l'île, trouver l'entrée d'une grotte et récupérer l'objet précieux qu'elle renferme. Malheureusement, entre les temples, c'est un peu l'ennui qui domine. Si Skull Island ressemble à un vrai labyrinthe la première fois qu'on la découvre, on finit forcément par s'y retrouver puisque le jeu nous oblige à repasser de nombreuses fois dans les mêmes coins. En fait, toute l'aventure n'est faite que de chassés-croisés sur toute la longueur de l'île, ce qui conduit naturellement à une certaine lassitude.
Pour contrer cela, King Kong a la bonne idée de nous faire jouer différents personnages. Comme dit ci-dessus, il y a bien quelques niveaux avec le roi Kong, lui-même. Ces derniers servent à montrer la force brute du gorille dans des séquences de combats contre des dinosaures, des tanks ou des avions (pour l'armée, il faudra attendre la toute fin du jeu se déroulant à New York). Bien que ne disposant que de peu de coups différents, ces séquences permettent de se défouler juste ce qu'il faut. On regrettera en revanche la légère imprécision des frappes et le manque de diversité des adversaires. Mais le singe n'est pas le seul personnage jouable. Suivant fidèlement Jack partout où il se rend, Carl peut également être contrôlé, ainsi que Ann une fois que vous l'aurez retrouvée. Chaque personnage est ainsi muni de ses propres aptitudes pour au final composer un trio uni et complémentaire. Si Jack se réserve la partie action, étant donné qu'il est le seul à pouvoir porter des armes, Carl sera l'homme de la situation dès lors qu'il s'agira de résoudre des énigmes. En effet, lui seul est capable de pousser et de tirer les gros blocs qui pullulent dans chaque grotte. C'est aussi lui qui portera la torche lorsque le feu sera nécessaire. Précisons justement que la majeure partie des énigmes sont à base de statues à déplacer pour activer des interrupteurs et de brasiers à enflammer. Voilà donc un autre point qu'il aurait peut-être fallu corriger.
De son côté, Ann est la reine du bandage et grâce aux plantes ramassées ça et là, elle pourra redonner la santé à ses deux compagnons. Petit détail amusant, la jeune femme est aussi douée pour le cri. Une "compétence" qui lui servira à attirer le gorille à elle lorsque la situation le demandera. Grâce à ces quelques spécificités personnelles, on se retrouve à changer régulièrement de personnage pour se dépêtrer d'un piège ou pour déjouer les mécanismes d'une caverne. Notez que le gameplay apporte également une légère touche McGyver en permettant de combiner deux objets entre eux pour en construire un troisième. Au fin fond de la jungle de Skull Island, c'est l'esprit de la débrouille qui règne et c'est pourquoi vous devrez trouver un moyen de construire un radeau, une torche ou encore des grenades. Je vous rassure, tout cela n'a rien de compliqué et bien souvent, le jeu vous indique comment faire. Les objets à utiliser ne sont d'ailleurs jamais très loin, on les trouve un peu n'importe où : dans des jarres, des feuillages ou tout simplement dans les poches des insectes que vous tuerez.
Malgré un début d'aventure prometteur, King Kong fini par décevoir le joueur qui s'attendait à une aventure de longue haleine. L'action ne décolle jamais réellement, bien au contraire. Gonflée artificiellement par des allers-retours déjà évoqués, la durée de vie ne dépasse même pas les cinq heures de jeu. Et malheureusement, ce n'est pas le genre de titre que l'on prendra du plaisir à recommencer puisque lorsque le générique de fin défile on connaît Skull Island comme sa poche. On a déjà tout vu, et tout trouvé. La réalisation graphique, qui aurait pu rattraper le coup (il arrive de refaire des jeux juste pour les plaisir des yeux) ne se montre guère plus convaincante. Les graphismes sont assez quelconques, et pas spécialement bien animés non plus. Côté son c'est la même chose. Certains thèmes parviennent à se détacher, mais c'est globalement l'indifférence qui domine. Au final, s'il s'était appuyé sur une progression moins répétitive et surtout sur une durée de vie plus importante, King Kong aurait pu s'en sortir autrement mieux.
- Graphismes12/20
Skull Island se découpe en plusieurs secteurs (le village, la tanière de Kong, les ruines...) qu'il vous faudra explorer totalement. Si les ambiances différent dans chaque recoin de l'île, les temples restent étrangement similaires. Cela ajoute un peu à la lassitude générale qui se dégage du jeu. Les personnages sont correctement dessinés, sans coup d'éclat à ce niveau.
- Jouabilité11/20
Le gros souci du jeu, c'est sa répétitivité. On traverse l'île plusieurs fois pour chercher des objets, ce qui nous oblige à repasser sans cesse par les mêmes chemins. On finit donc par s'en lasser. Dommage, car avec un gameplay de base intéressant (exploration de temples, combinaison d'objets), il y avait de quoi faire. Les séquences avec Kong sont amusantes mais pas assez nombreuses pour tirer le reste vers le haut.
- Durée de vie7/20
Même si plusieurs fins sont proposées (qui dépendent du nombre d'avions que Kong arrivera à abattre du haut de son building), l'aventure est bien trop courte et répétitive pour être recommencée. On aurait aimé plus de cavernes à fouiller, et surtout moins d'allers-retours à effectuer.
- Bande son12/20
La musiques s'adaptent aux lieux que vous visitez et aux situations que vous rencontrez. Cela dit, elle ne marque pas vraiment les esprits. Elle accompagne, c'est tout. Tout comme les bruitages, assez discrets.
- Scénario11/20
L'histoire générale reprend celle de King Kong, mais de sérieuses coups sont faites pour l'adapter en jeu vidéo. Les cinématiques, qui se chargent de faire évoluer le scénario, sont à base de dessins fixes. Le style donne dans le dessin-animé plutôt que le réalisme.
King Kong est peut-être le roi sur son île, il a encore tout à prouver sur console portable. Malgré de bonnes idées, son jeu, trop court et trop répétitif, manque d'ambitions pour soutenir la comparaison avec les ténors du genre. Il n'y a donc pas que sur l'Empire State Building que le grand singe peut chuter.