Diplomacy vous connaissez ? A l'origine, il s'agissait d'un jeu de plateau qui a connu un certain succès dès la date de son lancement en 1958 (eh oui, il n'est plus tout jeune). Sorte de Risk-like, il consistait à jouer une des sept grandes puissances européennes du début du XXème siècle et de tenter de s'emparer du continent.
Le jeu vidéo reprend évidemment ce concept de base. Au début d'une partie, vous devez donc choisir une nation parmi sept : la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne, la Russie et la Turquie. En solo, il faut aussi sélectionner le niveau de difficulté de la partie, celui-ci n'influant que sur le comportement des adversaires à votre égard (plus ou moins agressifs et plus ou moins enclins à se liguer contre vous). Et c'est là qu'intervient la première déception puisque seuls trois niveaux de difficulté sont présents (facile, normal, difficile). C'est peu pour un wargame d'autant qu'on constate vite que l'intelligence artificielle n'oppose pas une résistance énorme, hormis dans le mode de difficulté le plus complexe.
C'est un choix assumé de la part des développeurs qui veulent rendre ce jeu accessible au plus grand nombre, mais ça risque de décevoir les inconditionnels qui devront se rabattre sur les mods qui seront développés par la communauté et téléchargeables online. D'accord, c'est coutumier pour les jeux Paradox, mais il est dommage que les développeurs ne donnent pas d'emblée la possibilité aux joueurs de paramétrer leurs parties plus finement grâce à des options. Ce serait nettement plus pratique que d'aller farfouiller sur le net pour trouver un hypothétique mod qui n'est même pas certain de fonctionner. Bref, la finition laisse à désirer, d'autant que la stabilité n'est pas une des qualités principales ici. Diplomacy n'est en effet pas exempt de bugs divers et variés qui le font planter lorsque l'IA joue ou qui font en sorte qu'au démarrage on a droit systématiquement à un retour Windows. Il va falloir attendre des patches pour régler tout ça et là aussi c'est une habitude de Paradox Interactive que l'on aimerait voir disparaître. C'est trop demander que d'avoir des jeux véritablement terminés dès leur sortie en magasin ?
Tout ces petits soucis de finition sont d'autant plus regrettables que par ailleurs le principe de Diplomacy est vraiment sympathique et sait nous scotcher littéralement devant notre écran. En fait, tout est très simple à comprendre : la carte est divisée en régions dont certaines disposent d'un arsenal. C'est la possession de ces arsenaux qui est importante car c'est elle qui déterminera le nombre d'unités que vous aurez sous vos ordres. Si vous avez cinq arsenaux, vous aurez cinq unités. Celles-ci s'apparentent à des pions sur un jeu d'échecs qu'il est possible de déplacer d'une case à chaque tour. Il n'existe que deux types d'unités : les unités terrestres et les unités maritimes. Il ne peut y avoir qu'une seule unité sur chaque région. Si deux unités de deux nations différentes se rencontrent dans une même zone, c'est le combat. Pour gagner, c'est très simple, il faut faire en sorte d'engager dans la bataille plus d'unités que l'adversaire. Si vous engagez deux unités et que l'adversaire en engage une, vous gagnerez la région tant convoitée. A l'inverse, si vous engagez autant de forces l'un que l'autre, c'est le statu quo qui sera appliqué et chacun restera dans la position qu'il occupait au tour précédent. Simple non ?
La seule façon de faire baisser le nombre de troupes dont disposent vos adversaires est de s'emparer de leurs arsenaux. En effet, il est impossible de les "tuer", car lorsque vous gagnez une bataille, l'unité battue se repliera sur une autre région si bien que l'on dispose toujours du même nombre d'unité que d'arsenaux. Toute la stratégie du jeu consiste à attendre le bon moment avant de s'emparer d'un arsenal car évidemment, pour avancer, il vous faudra dégarnir vos défenses ce qui peut être dangereux si vous ne prenez pas garde auparavant aux troupes qui peuvent présenter un danger à l'arrière du front. Afin de minimiser ce risque, il est préférable d'user de diplomatie et c'est bien là la principale spécificité du jeu qui permet d'élaborer des alliances complexes, de signer des pactes de non-agression et même de planifier une attaque en commun. Tout cela se fait par une interface graphique. En fait, il n'y a aucun texte car ceux-ci sont remplacés par des flèches et des symboles. C'est un point fort pour le multijoueur car on peut ainsi s'affronter dans d'excellentes conditions entre joueurs de langues différentes. On peut montrer à ses alliés les plans de bataille que l'on prépare sans prononcer un mot. En revanche, en solo, on aurait apprécié avoir un résumé des traités que l'on a signés car on s'y perd un peu avec tous les symboles. C'est une question de pratique d'accord, mais un tableau récapitulatif aurait quand même été un plus. On s'aperçoit vite que ce manque fait que l'on utilise assez peu les options diplomatiques au cours de la partie. On signe deux ou trois traités, on fait quatre ou cinq attaques communes et c'est à peu près tout parce qu'au-delà, cela devient assez lourd à gérer. Bref, Diplomacy n'est pas un jeu parfait c'est certain, mais il est néanmoins assez prenant pour vous scotcher devant votre écran quelques heures et c'est bien là le plus important, non ?
- Graphismes8/20
Il y a quelques progrès comparé aux précédents titres de Paradox. Certes, Diplomacy se déroule sur une carte assez austère, mais il est désormais possible de faire des rotations de caméra et de zoomer. En outre, de timides effets de mouvement d'eau ont été implémentés. Ce n'est pas la panacée, mais il faut encourager les développeurs à poursuivre dans ce sens et peut-être qu'un jour on aura droit à un wargame qui soit réussi techniquement.
- Jouabilité13/20
Tout en partant d'une idée sympathique, l'interface entièrement graphique (il y a très peu de textes), ne parvient pas à convaincre à cause de l'absence de tableau récapitulatif des différents traités que l'on a signé, si bien qu'on s'y perd lorsqu'on tente de mettre en place des stratégies complexes. En outre, l'intelligence artificielle oppose assez peu de résistance (excepté, et c'est heureux, dans le mode de difficulté le plus complexe).
- Durée de vie13/20
Le contenu de Diplomacy est nettement plus ténu comparé à des titres comme Hearts of Iron, mais c'est normal puisque c'est le jeu de plateau qui veut ça. Néanmoins, la durée de vie s'en trouve forcément affectée et la rejouabilité en solo surtout, en pâtit d'autant qu'on ne dispose que de trois niveaux de difficulté, ce qui est assez peu pour un jeu de ce genre.
- Bande son11/20
Un effort a été fait sur les musiques qui s'avèrent agréables (quoiqu'un peu répétitives), en revanche certains bruitages (comme les raclements de gorge des avatars) sont insupportables.
- Scénario/
Idéal pour débuter dans les wargames, Diplomacy connaît néanmoins quelques soucis de prise en main à cause d'une interface graphique qui se veut simple et pratique mais qui devient rapidement un handicap lorsqu'il s'agit d'élaborer des stratégies complexes. Grâce à un principe simple et prenant, Diplomacy parvient néanmoins à être intéressant et c'est un vrai plaisir que de faire une partie en multijoueur.