Le bandicoot est véritablement un animal pas comme les autres. En dehors du fait que ce marsupial d'Australie aime à se déplacer sur ses membres inférieurs qu'il chausse et habille comme un humain, l'animal à la fourrure flamboyante sait aussi conduire des engins à moteur. Cette information capitale, qui avait été révélée au grand jour il y a maintenant plusieurs années, est aujourd'hui complétée par une autre découverte tout aussi surprenante : le rêve secret du bandicoot serait de piloter un char d'assaut.
Alors qu'il s'était longtemps cantonné au seul domaine de la plate-forme, l'ami Crash avait su prendre tout le monde à contre-pied en s'essayant brillamment à du Mario Kart-like dans Crash Team Racing sur PSOne. Depuis, notre enthousiasme était un peu retombé à cause de la performance moins convaincante de Crash Nitro Kart sur PS2, mais il en fallait plus pour décourager les développeurs. Il faut dire que l'équipe chargée du développement de Crash Tag Team Racing n'est pas la même que celle de Crash Nitro Kart, puisqu'il s'agit cette fois de Radical Entertainment à qui l'on doit les adaptations de The Incredible Hulk ou encore des Simpsons Road Rage et Hit & Run. Et là où l'on peut vraiment féliciter Radical, c'est pour avoir réussi à développer un jeu de courses qui tient la route (si vous me permettez l'expression), mais surtout un jeu qui conserve l'esprit originel de la série en laissant à Crash la possibilité de revenir à ses premières amours : la plate-forme.
Notre héros marsupial commence donc sa nouvelle aventure à pieds, et pénètre dans un gigantesque parc à thèmes qu'il va lui falloir explorer de fond en comble pour mettre la main sur les gemmes d'énergie qui permettront à Ebenezer Von Clutch de reprendre le contrôle de son parc. Dès le départ, il est évident que les concepteurs du jeu ont désiré laisser au moins autant de place aux phases de plates-formes qu'aux courses, et le mélange insolite qui en résulte s'avère des plus brillants. Ainsi, ces phases dites d'aventure sont là avant tout pour donner accès aux différents circuits, mais elles sont suffisamment développées pour tenir la comparaison avec la plupart des jeux de plates-formes récents. Dans cette optique, le parc à thèmes qui sert de plaque tournante donnant accès aux différents mondes est surpeuplé d'individus qui n'attendent qu'un peu d'attention de votre part pour vous confier de nouvelles quêtes. On se retrouve donc très vite avec des dizaines d'objectifs à remplir, ce qui donne un vrai sentiment de liberté tout en permettant d'éviter les pièges de la linéarité. A aucun moment on ne se sent pris par la main, même si, en contrepartie, on peut parfois se sentir dépassé par l'agencement de la progression qui impose de faire telle quête avant de pouvoir accéder à une autre qui vous permettra de déverrouiller un niveau où se trouvent les objets recherchés par tel ou tel personnage. Vous voyez un peu le tableau...
Etant donné le temps que l'on passe à faire évoluer Crash dans le parc à thèmes et dans les différents niveaux qui en découlent, on apprécie avec un réel plaisir le soin apporté au gameplay des phases de plates-formes. Le marsupial bénéficie d'un panel de mouvements complet et répond au doigt et à l'oeil, les sticks étant là pour manoeuvrer manuellement les angles de caméra. Les environnements ne sont pas pour autant gorgés d'ennemis, ces derniers étant d'ailleurs quasiment inexistants, mais leur architecture complexe les rend déjà suffisamment délicats à explorer. Le jeu comprend ainsi cinq zones différentes dans lesquelles se trouve à chaque fois une gemme d'énergie indispensable pour pouvoir passer à la suivante. Chemin faisant, Crash va pouvoir acquérir de nouveaux costumes et participer aux fameuses courses de véhicules via les portails disséminés tout au long des niveaux.
Accessibles généralement sur plusieurs variantes d'épreuves, les courses font intervenir trois catégories de véhicules, que nous qualifierons de lourds, rapides ou maniables. Au fur et à mesure de votre avancée dans le jeu, il vous sera possible de contrôler jusqu'à huit pilotes qui seront amenés à piloter jusqu'à trois engins différents chacun. Ces derniers, ainsi que leurs améliorations, s'achètent dans la partie aventure auprès de NPC un peu grippe-sous. Un fois en piste, tout paraît classique à première vue. On se contente de suivre le tracé du circuit tout en utilisant les power-ups récupérés pour ralentir ses adversaires avec des armes du style bombe-poulet ou singe-dynamite. Bref, on commencerait presque à s'ennuyer si l'on ne découvrait pas très vite l'option "fusion". Véritable moteur de Crash Tag Team Racing, les fusions vous permettent, et ce à tout moment de la course, de vous allier à un concurrent afin de combiner vos deux engins pour en faire un char d'assaut redoutable. Le joueur est d'ailleurs libre d'alterner entre le pilotage du véhicule et le contrôle des tourelles, sachant que chaque engin résultant d'une fusion dispose d'un canon rotatif qui permet de viser à 360°. Quelque part, l'idée n'est pas très éloignée du concept de coopération de Mario Kart Double Dash, mais on ne s'en plaindra pas. Le joueur a d'ailleurs tout intérêt à privilégier les fusions puisqu'il peut, dans cette configuration, changer de type d'arme et utiliser des power-ups mortels. De plus, rien ne l'empêche, à tout moment, d'annuler une fusion pour re-fusionner tout de suite après si jamais il se trouve en panne de munitions.
A partir de là, les courses prennent une orientation franchement brutale qui se répercute sur les différents styles d'épreuves proposées. Outre les courses normales où il s'agit d'arriver le premier ou de faire le meilleur temps, on trouve par exemple le Crashinator qui consiste à détruire le plus grand nombre d'obstacles possibles en fonçant dessus, l'épreuve Course et Tir où il faut aligner des cibles en tirant à l'aide du canon d'un véhicule fusionné, et le Tonnerre Mécanique qui reprend le même principe mais en visant directement ses adversaires sur des circuits ou dans des arènes. Seule ombre au tableau, le pilotage est un petit peu occulté par l'action car les tracés sont très simples et les dérapages pas indispensables, mais le côté accessible du jeu permet de vraiment s'amuser dès les premières parties.
Un dernier paragraphe pour insister sur le travail fourni par l'équipe de développement concernant tout ce qui touche à l'atmosphère du jeu. A l'instar de titres tels que Jak & Daxter ou Rayman 3, Crash Tag Team Racing peut compter sur un doublage français réussi qui multiplie les touches d'humour, généralement à prendre au second degré. Tout ça confère au soft un aspect vivant et sympathique qui se traduit aussi par la présence de scènes dites "Die-O-Rama". Concrètement, il s'agit d'interactions purement gratuites que l'on peut provoquer dans l'aventure, et qui permettent de visionner des petites séquences typiquement cartoon mettant en scène Crash dans les pires situations. Il y en a 34 à dénicher au total pour débloquer le costume ultime du marsupial. Enfin, on appréciera également la présence de divers mini-jeux, tels le bowling ou le tir aux pigeons (voire le tir aux vaches et aux moutons) qui apportent encore plus de fraîcheur à l'univers de Crash. Tout ceci nous amène à penser que l'équipe de Radical a su remplir son contrat en produisant un titre capable de convaincre aussi bien les fans de la première heure que les joueurs attirés simplement par le côté karting du jeu. Gageons que vous faites partie de l'une de ces deux catégories.
- Graphismes14/20
Le soft maintient une qualité graphique appréciable, aussi bien au niveau des phases d'exploration que des courses en elles-mêmes. C'est coloré, parfaitement animé et bourré de jolis effets, sans oublier la touche propre à l'univers de Crash.
- Jouabilité15/20
Là encore, les développeurs ont fourni un travail solide et convaincant. Les courses puisent principalement leur dynamisme dans l'utilisation des fusions, et les séquences de plates-formes ne trahissent pas de défaut majeur. On en redemande !
- Durée de vie13/20
Avec cinq zones à découvrir, on pourrait craindre quelques déceptions côté durée de vie. Au final, la complexité des environnements et la non-linéarité du jeu le rendent suffisamment riche sur le long terme. Sachez que, contrairement à ce qui est écrit sur la boîte du jeu, on ne peut jouer qu'à 2 en multi. La seule façon de jouer à 8 est de passer par le biais du multi-consoles (8 jeux, 8 consoles, 8 TV).
- Bande son14/20
Que l'on adhère ou pas, les musiques collent très bien à l'atmosphère générale du jeu. Mais c'est surtout le doublage français désopilant qui rend l'ambiance sonore vraiment convaincante.
- Scénario13/20
Des gemmes d'énergie à récupérer pour sauver un parc à thèmes du chaos ? On a vu plus original, mais l'histoire n'est de toute façon pas le véritable moteur du jeu.
Malgré l'impression mitigée que nous avait laissée Crash Nitro Kart, Crash Tag Team Racing nous prouve que le marsupial n'a plus de leçons à recevoir en matière de conduite. Même s'il s'inspire clairement du concept de Mario Kart Double Dash, le soft utilise parfaitement le système des fusions pour rendre les courses intéressantes. L'aspect plates-formes n'en est pas pour autant occulté, grâce à un savant dosage que sauront apprécier les joueurs, et en particulier les plus jeunes.