Les premiers mots auxquels on pense quand on évoque Mortal Kombat peuvent aller de Fatalités à Gore sans oublier Christophe Lambert pour les plus masochistes d'entre-vous. Mortal Kombat, ce n'est pourtant pas que des cris, des larmes et du sang. C'est également une histoire qui, aussi simple soit-elle, essaie de se construire un univers cohérent où les forces du Mal et du Bien se déchirent depuis des décennies pour obtenir le contrôle des deux univers que sont le Royaume de la Terre et le Monde Extérieur. En ce sens, Shaolin Monks est un nouveau chapitre de cet imposant recueil qui choisit sciemment de revenir dans le temps pour nous conter les exploits de Liu Kang et de Kung Lao.
Tel Marty McFly chevauchant sa DeLorean pour braver les couloirs du temps, les développeurs de Midway ont effectué un bond dans le passé pour nous dévoiler les sombres dessins de Shang Tsung suite au premier tournoi de Mortal Kombat. Et justement, qu'en fut-il ? Eh bien sachez que notre sorcier préféré parvint à s'échapper par un portail dimensionnel avec quelques-uns de ses acolytes, en laissant tous les héros terriens en proie à un terrible tremblement de terre. Liu Kang et Kung Lao parvinrent à s'enfuir juste à temps. Ayant repris des forces, les deux combattants retournèrent à l'Académie de Wu Shi qui fut, entre-temps, envahie par Baraka et les Tarkatans. Pour pallier à toute invasion de plus grande envergure, Raiden, le dieu de la foudre, regroupa les moines Shaolin et toutes les forces terrestres pour endiguer ce flot de ténèbres. Mais le combat n'allait pas se limiter aux frontières connues de tous. Pour avoir une chance de vaincre, il faudrait pénétrer dans le Monde extérieur, l'antre démoniaque où résidait le noyau central de toute cette agitation, son instigateur, Shang Tsung.
S'il n'est point besoin de revenir sur l'ambition toute relative du scénario décrit ci-dessus, Shaolin Monks est tout de même dans la lignée du mode Konquest de Mortal Kombat Mystification, en reprenant le même univers ainsi que les personnages connus de tous. Logique, me direz-vous, mais il est très agréable de voir que petit à petit, Mortal Kombat se forge une charpente de plus en plus solide en nous dévoilant les arcanes scénaristiques d'une série qui sévit depuis de très nombreuses années. Autre point commun avec le récent Mystification : le contenu très riche qui assure une bonne durée de vie au soft. A ce propos, il convient tout de même d'être clair. Ainsi d'un côté, on peut être déçu par la longévité du mode Histoire qui se termine en 6-7 heures. Par contre, une fois terminé, vous pourrez le reprendre avec un second personnage, sans compter que deux autres combattants seront à débloquer. Dans l'absolu, ça ne change pas grand chose si ce n'est que chaque héros a son propre style, ses propres coups et des attaques spéciales spécifiques. De plus, un mode Koop est aussi de la partie pour retenter l'aventure avec un ami. D'ailleurs, certains endroits ne pourront être atteints qu'en résolvant des énigmes avec un compagnon d'arme.
Signalons aussi que si Mystification incorporait un mode Aventure, Shaolin Monks inclut un mode Baston, avec 8 combattants et 15 arènes. Enfin, comme c'est maintenant monnaie courante avec tous les opus de cette saga, vous aurez droit à de nombreux bonus à débloquer (artworks, croquis, vidéos, photos...). En guise de cerise sur le gâteau, le jeu Mortal Kombat II s'invite aussi à la fête. Kitsh au possible, assez limité, le jeu nous fait dire qu'il était assez impressionnant pour l'époque. Comme vous pouvez le constater, il est difficile d'être objectif concernant la durée de vie mais j'imagine que si vous dépensez vos deniers pour le jeu, c'est que vous êtes fan de Mortal Kombat. Dans ce cas, vous aurez de quoi faire, d'autant que le contenu à débloquer est comme toujours très intéressant. Maintenant que nous avons fait le tour du propriétaire, jetons-nous dans l'aventure qui ne mégote pas quand il s'agit de nous servir de la tripaille sur un plateau d'argent.
Reprenant toutes les ficelles du jeu d'aventure/action ou du beat'em all, Shaolin Monks, nous propose un gameplay lambda dont les spécificités puisent leurs ressources dans les racines de la saga Mortal Kombat. De ce fait, si on retrouve toujours les vagues d'ennemis à découper menu, les armes à récupérer, les boss à affronter, la panoplie de mouvements des combattants est relativement conséquente puisque directement issue de celle des jeux de baston. On ne s'étonnera donc pas de retrouver un Liu Kang qui réalise ses fameux coups de pieds aériens sur fond de borborygmes sonores à faire pâlir une Kenshiro. Kung Lao, lui, aura tôt fait d'utiliser son chapeau aussi tranchant qu'un rasoir ou de se téléporter dans le dos de ses adversaires. Toutes ces attaques spéciales pourront être mises à profit tant que vous aurez de l'énergie. Cependant, faites attention, car à chaque fois que vous utiliserez un mouvement spécial, bloquerez ou esquiverez une attaque, votre jauge de "mana" baissera. Néanmoins, ladite jauge remonte rapidement, ce qui fait qu'on a tendance à un peu abuser de toutes ces techniques qui verront leur nombre grossir à mesure que vous progresserez. Remarquez, vu que la difficulté du jeu est assez féroce par moments, vous n'aurez pas à vous faire prier pour user de votre potentiel.
En plus de ces techniques, les mouvements de base vous permettront d'escalader ou de marcher sur les murs (cette possibilité étant complètement sous-exploitée), de se balancer à des barres, de lancer des objets sur vos ennemis ou de vous armer pour un certain temps. Il va sans dire que vous réglerez tous vos problèmes en un rien de temps, une épée bien tranchante entre les mains. En passant très vite sur les attaques puissantes ou légères, ou celles multidirectionnelles (qui font que les mouvements sont reliés entre eux lorsque vous vous attaquez aux ennemis qui vous entourent), attardons-nous sur deux autres possibilités. La première équivaut aux inévitables Fatalités. Mortal Kombat oblige, on retrouve bien entendu ces Finish moves très sanglants grâce auxquels vous pourrez tuer un monstre en un seul coup. Mais avant de pouvoir en profiter, vous devrez occire plusieurs ennemis pour remplir une vasque de sang. Ceci fait, vous aurez alors à appuyer sur touche blanche pour ensuite exécuter une série d'enchaînements (touches directionnelles + 1 touche d'action) afin de réussir votre attaque. Très simples à sortir, il est tout de même énervant de constater que les fatalités supplémentaires s'apprennent uniquement en éliminant des boss. Pour terminer sur ce point, sachez que vous aurez aussi à disposition des Multialités, basées sur le même principe que les Fatalités, mais qui vous permettront de tuer plusieurs adversaires en même temps.
La deuxième possibilité est celle d'agripper des ennemis pour les lancer, afin de les empaler sur des piques, de les jeter dans de la lave, les propulser sur une catapulte, etc. Ces interactions avec le décor sont amusantes mais on se rend compte des limites de celles-ci. En effet, dès qu'on est obligé d'utiliser ce mouvement pour passer une phase spécifique, on s'arrache les cheveux tant le tout manque de précision. En gros, attendez-vous à rester parfois de longues minutes devant des énigmes vous demandant d'embrocher des gardes pour ouvrir une porte ou activer un mécanisme. C'est d'autant plus agaçant que trois types de caméras (Normal, Proche ou Panoramique) sont censées nous aider à mieux visualiser. Si en général, elles remplissent bien leur office, ceci ne nous aide en rien à réaliser plus rapidement les fameux lancers obligatoires. Au rayon des petits soucis rencontrés, signalons des combats un peu trop difficiles contre certains boss (et surtout très longs à reprendre si on se fait tuer) et une map manquant de détails. En effet, on trouve un peu étrange que les développeurs n'aient même pas pensé à inclure un point indiquant notre position. C'est un détail cependant, vu que les niveaux qui constituent l'aventure sont assez petits et pour le moins linéaires.
En parlant de cette carte, sachez que vous la trouverez dans un menu d'inventaire qui recèle la liste de vos combos, fatalités, ainsi qu'un récapitulatif du nombre de vos victimes, des secrets débloqués, etc. En outre, c'est également ici-bas que vous pourrez utiliser l'EXP gagnée au combat pour obtenir de nouveaux enchaînements de coups ou améliorer vos techniques spéciales. Bien que l'esthétique s'efforce de magnifier de nombreux décors issus des précédents Mortal Kombat, les programmeurs ont pioché quelques idées à Prince Of Persia (dans le rendu visuel) ou à God Of War, lorsque vous sortirez une Brutalité qui vous octroiera une énorme puissance pendant quelques secondes. Eh justement, si on devait situer Shaolin Monks par rapport aux deux titres précités ? Eh bien, sans égaler la maestria épique du soft de Sony ou le charme de celui d'Ubi, le titre de Midway s'en sort très bien. Plusieurs soucis l'empêchent de rivaliser avec les plus grands mais la bonne volonté des programmeurs est manifeste, tout comme leur envie de faire plaisir aux joueurs. Rien que pour cela, vous pouvez vous laisser tenter par cette épopée où la violence n'est pas une option mais bel et bien une seconde nature. Schwarzenegger appréciera.
- Graphismes15/20
Les décors sont superbes, éclectiques et embellissent de magnifiques ambiances basées sur plusieurs animations d'arrière-plans ou d'effets lumineux. En sus, bien que les cinématiques utilisant le moteur de jeu soient mal cadrées et relativement moches, dès lors qu'on retourne dans le jeu à proprement parler, tout devient plus classieux. Les mouvements sont souples, issus des styles de combat des précédents Mortal Kombat et le rendu de la Brutality doit énormément à God Of War.
- Jouabilité13/20
Le principe de faire évoluer ses techniques grâce à de l'EXP acquise est bon mais au final elle ne sert pas à grand-chose puisque même sans passer par cette étape, on termine le jeu assez facilement. La jouabilité est bonne dans l'ensemble, sauf lors de certains passages imposés qui vous feront maudire cette satanée choppe grâce à laquelle vous devrez balancer des ennemis à des endroits bien précis. Trois angles de caméra évitent d'avoir des soucis de visibilité, bien que ceux-ci ne soient pas totalement absents.
- Durée de vie14/20
L'absence de mode Online n'est nullement préjudiciable vu que le mode Aventure peut se jouer en solo ou avec un ami. Certes, il se termine assez rapidement mais comme il peut se laisser apprécier avec 4 combattants aux techniques bien spécifiques, la longévité n'en a que meilleure mine. C'est d'autant plus vrai que Liu Kang et Kung Lao traverseront quelques décors propres à chacun. S'ajoute à ceci un mode Versus, le jeu Mortal Kombat II (à débloquer) plus la pléthore de bonus à gagner.
- Bande son14/20
Les petits cris poussés par nos personnages proviennent directement des Mortal Kombat antérieurs, la bande-son suit le chemin tout tracé de celle de ses aînées et les bruitages sont toujours aussi brutaux pour bien accentuer la violence des coups.
- Scénario12/20
Vous avez toujours voulu connaître la provenance de la cicatrice de Sub-zero ? Vous vous demandez encore aujourd'hui la façon dont Shang Tsung a acquis ses lettres de noblesse ? Stop ! Vous avez frappé à la bonne porte. Bien que l'histoire ou les retournements de situations soient basiques, l'histoire de Shaolin Monks a le mérite d'étoffer la mythologie Mortal Kombat et de lever certains pans d'ombre.
Mortal Kombat Shaolin Monks est un bon substitut si vous avez terminé PoP 2 ou God Of War. Sans avoir le charme de l'un et les qualités esthétiques de l'autre, cette nouvelle incursion de MK dans le monde de l'aventure/action est plutôt réussie. Reste que le jeu se termine rapidement et qu'on note quelques problèmes de jouabilité à s'arracher les cheveux. Néanmoins, Midway semble être sur la bonne voie et on ne peut qu'espérer une suite qui ne serait nullement superfétatoire, loin s'en faut.