Après deux films absolument fantastiques, tous les yeux sont rivés sur monsieur Sam Raimi qui s'attellera bientôt à la réalisation du troisième opus prévu pour début 2007. Bien entendu, Spider-Man n'allait pas attendre jusque là pour réapparaître sur nos consoles et PC. Ainsi l'année 2005 est à marquer du sceau Ultimate puisque le nouveau volet vidéoludique dédié à Peter Parker s'attarde sur la série de Comics qui a été une véritable bouffée d'air frais pour bon nombre des créations sorties de chez Stan-Lee. Ceci étant dit, réglons nos stylets et penchons-nous sur cette version Nintendo DS.
Bien que les comics Marvel soient très connus de par le monde, la vie n'est pas vraiment rose en ce qui concerne les ventes. Les dessinateurs et autres scénaristes ont eu beau se succéder, la firme de Stan Lee a connu des heures sombres. Toujours à la recherche de nouvelles idées, les têtes pensantes de Marvel n'ont pas dû réaliser d'intenses brainstormings quand on leur a présenté le concept des séries Ultimate. L'idée ? : dépoussiérer les séries actuelles, se pencher sur la jeunesse des super-héros, revoir le design général des personnages, modifier le background d'untel ou d'un tel, tout ceci pour tenter d'attirer un nouveau public, plus jeune, qui ne connaissait pas obligatoirement cet univers. Il faut croire que Marvel a vu juste puisque le succès ne s'est pas fait attendre. On pourra également extrapoler sur le fait que les nombreuses adaptations cinématographiques ne sont pas étrangères au regain d'intérêt du public pour les supers-héros américains mais ceci est un autre débat. Bref, les comics Ultimate sont du pain béni pour les éditeurs qui ont vu là l'occasion de nous sortir des jeux vidéo basés sur cet univers plus ou moins parallèle. A l'heure actuelle, c'est Activision qui s'est penché sur la question en nous faisant bénéficier d'un énième volet mettant en vedette Tête de toile, et ce sur toutes les machines peuplant notre quotidien. Comme on pouvait s'en douter, le développement a été confié à la très prolifique équipe de Vicarious Visions, déjà responsable du précédent épisode sur la Nintendo DS.
A ce propos, on aurait pu émettre des doutes quant au choix du développeur sachant que Spider-Man 2 était loin d'avoir fait l'unanimité. Pourtant, il faut reconnaître que dès les premières minutes de jeu, on est sous le charme de Ultimate Spider-Man qui utilise à merveille le matériau de base. Dans l'absolu, on pourra peut-être regretter que le moteur du jeu soit quasiment identique à celui de Spider-man 2. D'un très bon niveau en terme d'animation, le titre perd néanmoins bon nombre de ses affiliations au comics d'origine en cela que le character design ressort beaucoup moins sur une console portable que sur un écran de télévision. Ainsi, si vous pensez retrouver l'esthétique léchée des versions consoles de salon, vous serez peut-être déçu, malgré la présence d'onomatopées lors des rixes. Néanmoins, la fabuleuse mise en scène à base de planches de BD est également utilisée sur la console de Nintendo. Ces artworks (tirés des illustrations de Brian Michael et Mark Bagley) sont tout simplement somptueux et contribuent au dynamise de la mise en scène. Au final, on a vraiment l'impression d'assister à une BD interactive, vu que ce type de visuels parsème l'ensemble du jeu. Malheureusement, cette élégance graphique a un inconvénient. En effet, on se rend vite compte que si les programmeurs ont réussit à bien retranscrire le côté comic-book, le jeu en lui-même peine vraiment à sortir du ghetto des beat'em all dans lequel il est quelque peu engoncé.
En fait, sorti de la mise en scène très stylée, le soft reprend à la lettre le concept de son aîné. Nous sommes donc en présence d'un jeu d'action dans lequel vous pourrez incarner Spider-Man. Petite nouveauté par rapport à Spider-Man 2, Venom est cette fois également jouable et vous proposera de faire parler vos instincts bestiaux. Découpé en plusieurs missions (très courtes pour la plupart), Ultimate Spider-man a cependant beaucoup de mal à se diversifier et préfère nous ressasser la même chose tout au long de l'aventure : sauver de pauvres badauds, se battre avec de vils gougnafiers et éliminer quelques boss. Le problème ne vient pas nécessairement de ce manque de liberté mais plutôt du fait que les missions de Spidey et Venom se ressemblent beaucoup, du moins dans leur construction. Venom a beau pouvoir attraper des passants pour les manger, se servir de son corps pour se battre, rien ne change vraiment en ce qui concerne la progression dans les différents stages. De ce fait, vos principaux objectifs seront de venir en aide aux personnes en détresse, de trouver des bombes à désamorcer ou d'éviter d'atteindre un endroit précis et ce en un minimum de temps. A ce sujet, on peut blâmer les développeurs pour ne pas avoir inclus une map (ou des flèches directrices) qui aurait bien aidé le joueur. Au lieu de ça, il faudra se contenter d'une icône qui grossira ou rapetissera à mesure que vous vous rapprocherez ou éloignerez de votre objectif. Vous devrez alors trouver le moindre endroit où vous pouvez vous faufiler, sauter aux plafonds, marcher sur les murs, vous balancer à tout-va pour espérer pouvoir terminer les niveaux dans les temps. D'ailleurs, certains levels sont à ce point énervants que vous ne pourrez les terminer à temps, à moins d'en connaître toutes les subtilités. Dommage que cette difficulté ne masque en rien la très faible durée de vie du titre dont le mode Histoire se termine en une petite matinée. Mentionnons tout de même le mode Multijoueur dans lequel vous aurez la possibilité d'affronter un ami dans un simili jeu de baston. La mauvaise nouvelle est qu'il vous faudra deux cartouches pour en profiter.
Le gameplay, lui, est plus évolué que celui de son prédécesseur. Vous pourrez utiliser vos poings et vos pieds grâce aux boutons X et A, balancer votre toile à l'aide de la touche Y et esquiver une attaque en appuyant sur L. De plus, à chaque fois que vous frapperez un adversaire, une jauge se remplira. Une fois atteint un certain palier, vous pourrez effectuer une attaque spéciale en utilisant la gâchette R. Ces commandes sont destinées à Spidey mais la jouabilité de Venom ne diffère pas vraiment. Cependant, vous pourrez utiliser le stylet ou la dragonne pour attaquer, lancer des objets ou vous nourrir. Peu instinctif et pas très précis, on s'en retournera vite fait à nos bons vieux boutons. Pour rester dans l'utilisation de l'écran tactile, quelques passages vous demanderont de faire glisser plusieurs fois le stylet du bas vers le haut (ou de gauche à droite) pour ouvrir des portes, soulever des voitures, etc. Un mini-jeu vous proposera aussi d'appuyer rapidement sur des cercles verts pour désamorcer des bombes. Pas très ingénieux d'autant que ce système a le désavantage de devoir jouer avec le stylet à portée de main. En tout état de cause, Ultimate Spider-Man n'est pas un si mauvais jeu que ça. Il réussit même à se démarquer quelque peu des autres versions en proposant des embranchements scénaristiques. Le hic est que malgré ces petites idées, on a à peine le temps d'apprécier le jeu que c'est déjà fini. De plus Venom est sous-exploité de même que les possibilités de la DS. Encore une fois, Tiger n'est pas encore prêt de rugir sur portables même si le résultat est bien meilleur que celui de Spider-Man 2.
- Graphismes13/20
Les artworks qui apparaissent sont superbes et bien que le graphisme du jeu soit beaucoup moins orienté comic book (car basé sur le moteur du précédent Spider-Man), il s'en tire très bien. Les animations de Spidey sont gracieuses, celles de Venom plutôt bestiales et seuls les environnements ont du mal à satisfaire la rétine.
- Jouabilité14/20
Bien plus convaincante que celle de Spider-Man 2, la jouabilité conserve tout de même quelques défauts, notamment au niveau de la visibilité des objectifs. De plus, le fait de devoir se servir du stylet pour passer certains passages nous oblige à garder l'ustensile à portée de mains et à poser la console sur une table lorsque surviennent lesdites phases. A ce propos, le gameplay de Venom peut intégrer la dragonne et les boutons mais il vaut mieux laisser tomber la première solution pour se pencher essentiellement sur la seconde.
- Durée de vie8/20
Une demi-journée pour terminer le mode solo. Un peu limite non ?! De plus la difficulté est mal dosée et vous obligera à recommencer quelques niveaux une bonne dizaine de fois. Enfin, il est étrange que les phases avec Venom soient plus difficiles que celles de Spidey. J'imagine que le surplus d'ennemis ou l'impossibilité de dévorer un adversaire pour retrouver de l'énergie ne sont pas étrangers à cet état de faits.
- Bande son13/20
Le doublage français n'est pas mal du tout et les musiques n'ont rien de sensationnel. Les bruitages auraient également gagné à être plus nombreux.
- Scénario/
Ultimate Spider-Man réussit à nous faire oublier la prestation très médiocre de Spider-Man 2. Nous sommes encore loin d'être devant un titre d'exception mais il y a du progrès. Toujours est-il que sa faible durée de vie, l'utilisation hasardeuse de l'écran tactile, quelques soucis de gameplay ou un manque de diversité dans les situations joueront sans doute contre lui. Il n'en reste pas moins que le jeu de Vicarious Visions profite d'une bonne réalisation qui réussit à intégrer le concept du beat'em all dans l'univers de Ultimate Spider-Man. Nous aurions apprécié davantage de folie ou un plus grand nombre de défis mais en l'état, on aura tôt fait de profiter de ce jeu, du moins en occasion.