La caméra de la Playstation 2 se transforme ce coup-ci non pas en compagnon de jeu, mais en véritable gadget capable de surveiller sa chambre et de la prévenir de la visite de l'infâme petit frère qui voudrait voler votre journal intime. Plus que jamais Big Brother is watching you.
Jusqu'à présent, l'Eyetoy a systématiquement été associé à des mini-jeux ou à un gadget permettant d'inclure sa face dans un titre de sports. Spy Toy prend la tangente par rapport à cette optique et tente une approche relativement différente de l'accessoire. Au lieu de n'avoir qu'une succession de petits jeux, pourquoi ne pas réfléchir sur une vraie histoire dans laquelle chaque phase nécessiterait l'utilisation de l'objectif ? Spy Toy s'articule du coup autour d'un scénario, assez léger il est vrai, dans lequel il est question d'espions, de traques et de codes secrets à déchiffrer. Dès le départ, vous êtes traité comme un véritable agent de la SIA, autrement dit la Strategic Intelligence Agency, qui se trouverait face à son ordinateur. Des fenêtres apparaissent et vous demandent de vous identifier. Si c'est la première fois que vous jouez, vous aurez alors à passer par la phase d'analyse du visage. L'EyeToy scanne automatiquement votre faciès et parvient à garder en mémoire vos caractéristiques physiques. Impressionnant, d'autant que tout s'effectue sans que l'on ait quoi que ce soit à paramétrer. L'objectif trouve comme un grand votre visage et place une petite cible dans votre oeil. Tout ce qu'il vous demande, c'est de regarder une fois en haut, une fois à droite et une fois à gauche. Cette identification peut même être sauvegardée sur carte mémoire et cryptée à l'aide d'un code à trois touches à entrer avec la manette. Le jeu est ainsi capable de garder en mémoire jusqu'à 10 visages différents. Ca commence plutôt bien, et on est rapidement plongé dans une ambiance à la Minority Report. Vous savez le film avec le grand ordinateur qui se pilote avec de grands mouvements. Ben là, c'est la même chose. Toute la navigation se fait en gesticulant les bras et en agitant les doigts pour confirmer les différentes sélections dans les menus.
Justement, que va-t-il falloir faire avec Spy Toy. En fait, il faut savoir que le jeu se divise en deux sections. La première n'est qu'un simulateur de système de sécurité. En paramétrant les différentes options, on parvient à indiquer quels sont les points sensibles de l'image, et ainsi à définir les zones à surveiller tout particulièrement. L'idée est de laisser sa console allumée et de surprendre les intrus de la pièce, autrement dit la grand-mère qui fait sa ronde nocturne, la petite soeur voleuse de cookies ou tout bêtement le chien qui n'arrive pas à dormir. Si les fonctionnalités sont rigolotes, et que le détecteur de mouvements marche au poil, dites vous bien que votre EyeToy ne sera pas l'outil de surveillance ultime contre les fraudeurs. Quoique, l'histoire nous apprendra peut-être plus tard qu'un voleur a été confondu grâce à une vidéo EyeToy. La grosse loose, quoi.
L'autre partie de Spy Toy présente une succession de missions pour l'agent surentraîné que vous êtes. A base d'espionnage, l'histoire vous entraîne à la poursuivre de criminels dangereux. Votre job consiste d'abord à les localiser en vous servant des outils mis à vos disposition, puis à les attraper. Encore une fois, l'utilisation de l'interface fait beaucoup penser au film Minority Report, en version cheap cela va de soi. On appuie sur des flèches (toujours en bougeant les bras) et on manipule des objets virtuels tels que des codes ou des euh... des codes en fait. Sur le fond, l'idée est plutôt amusante, mais sur la forme, rarement un titre EyeToy n'aura été aussi difficile à utiliser. Je crois même que l'adjectif chaotique peut tout à fait convenir à la jouabilité de Spy Toy. Les menus interactifs s'affichent un peu n'importe où mais jamais au bon endroit. Du coup, pour peu qu'on ait des bras de gibon ou qu'on soit tout simplement beau et grand comme moi, on a un peu de mal à toucher une seule zone interactive à la fois. Un écueil qui parvient mine de rien à saper le capital fun qui aurait pu émerger du titre. Dès lors, on ne prend aucun plaisir à tenter les missions qui, de toutes façons, finissent bien vite par se ressembler un peu toutes. C'est bien dommage, le trip espionnage avait pourtant de quoi séduire.
- Graphismes6/20
Les menus adoptent un design futuriste mais pas forcément très convaincant. Si votre bouille occupe généralement le centre de l'écran, il y a aussi quelques passages où vous vous ferez plus discret pour laisser la place à un avatar censé vous représenter. Disons que ces niveaux sont assez pauvre graphiquement.
- Jouabilité7/20
Il est étrange de constater que cet énième titre EyeToy ne profite pas des avancées faites sur l'ergonomie des menus et leur facilité d'utilisation. On peine vraiment à naviguer dans le jeu que ce soit à l'intérieur d'une mission ou tout simplement dans l'interface de l'ordinateur central.
- Durée de vie9/20
Le problème n'est pas vraiment la durée de vie, mais la difficulté à utiliser le jeu correctement. Peu motivé par les soucis de jouabilité, on jette l'éponge rapidement sans être arrivé au bout des nombreuses missions.
- Bande son5/20
Quelques voix françaises, quelques musiques d'ambiances aussi et beaucoup de bruitages électroniques. Voilà ce que vos oreilles auront à se mettre sous le lobe.
- Scénario/
Une histoire, mais pas vraiment un scénario.
Spy Toy sort le grand jeu dès le départ en nous en mettant plein la vue avec son analyseur de visage. Mais bien vite, le titre s'essouffle pour ne proposer qu'une galerie de missions à la jouabilité approximative et à la réalisation peu engageante.