Marvel Nemesis tente de reprendre à son compte le principe du crossover cher à l'univers du comic book. En gros, cela consiste à mélanger des super-héros pour leur faire affronter une super menace, et accessoirement ça permet surtout de faire des super ventes puisque l'histoire est à suivre à travers plusieurs publications qu'on n'achète pas d'habitude. Ici sont donc réunis quelques têtes d'affiche telles que ce bon vieux Spidey, le teigneux Wolverine, La Chose ou encore Elektra, prêts à tenir tête à une bande d'affreux spécialement créés pour l'occasion, les Imparfaits. Oui, comme nom c'est moins classe que la Confrérie, les Sinisters 6 ou même les Sentinelles mais bon, tout est déjà pris alors. Du point de vue du scénario, ces Imparfaits sont en fait liés à une histoire d'invasion extraterrestres alimentant une trame parfaitement fadasse et d'une banalité à faire peur, à peine suffisante pour nourrir un demi épisode des X-Men. Quelques misérables cut scenes très vilaines et à la mise en scène poussive tentent vainement de susciter l'intérêt mais ne font qu'encourager à la sieste.

Enfin, un beat'em all s'encombre rarement d'un scénario très élaboré, par contre on sait apprécier les qualités d'un gameplay ici comme ailleurs. Enfin pour le coup ce sera plutôt ailleurs. Par quoi commencer ? Sans doute par une action des plus limitées. Marvel Nemesis est un produit curieux composé d'une grande quantité de niveaux très courts, n'excédant pas 2 minutes et dans lesquels on trouve une dizaine d'ennemis, tous clonés à partir d'un ou deux types d'aliens stupides. Le tout ponctué par des duels vous opposant à des boss plus où moins redoutables. En conséquence, voilà que l'on se met à marteler le pad, alternant les coups de poings lambda avec le super pouvoir du héros que vous incarnez à ce moment de l'aventure. Ainsi, en sus d'être capable de courir sur les murs ou faire des bonds de Jedi, chaque héros dispose de sa petite aptitude personnelle. Spidey tisse sa toile, Wolverine se fait les griffes, la Chose euh, tape fort ? Malheureusement, il ne se dégage aucune puissance de ces attaques qui paraissent toutes aussi fades que les unes que les autres. Idem pour l'état de Rage qui ne parvient pas non plus à annihiler la mollesse ambiante. Une mollesse passablement paradoxale dans la mesure où à l'écran, tout va très vite et surtout n'importe comment. Tout le monde sautille dans tous les sens, on ne voit rien et la caméra complètement larguée n'arrange pas vos affaires, enchaînant des plans extra larges où l'on distingue à peine les personnages avec des parties de cache-cache entre la focale bloquée derrière un mur et l'action bloquée on ne sait trop où. Et ça continue comme ça pendant des heures, au milieu de niveaux qui se ressemblent, contre des ennemis qui se ressemblent. Et qui, soit dit en passant, sont d'une rare bêtise. Passons sur les bugs occasionnels qui les feront buter encore et encore dans un coin de décor, pour critiquer le comportement des boss pendant les combats singuliers. A peine celui-ci a-t-il commencé que déjà on se retrouve couché au sol et dans l'incapacité de se relever puisque le gentil boss n'a de cesse de vous bombarder de ses attaques à distance, visiblement les seules qu'il connaisse.

Non content d'être aussi riche que moi quand je sors de chez un disquaire, Marvel Nemesis se trouve assez malin pour offrir une maniabilité pitoyable. J'ai déjà mentionné les problèmes de caméra, mais on est encore loin du compte avec ça. Evoquant quelque peu le très misérable Catwoman, Marvel Nemesis "jouit" de contrôles épileptiques qui semblent ne répondre à aucune logique. L'exemple le plus irritant : les sauts au cours desquels il n'est pas rare de voir son personnage rebondir sur les parois. Consternant et agaçant au possible. Idem, s'il est possible de marcher sur les murs, on a souvent un mal fou à ne pas se vautrer sans vraiment savoir pourquoi. Et que dire de la confusion globale qui se dégage de l'action ? Hein, je vous le demande. Et bien par exemple qu'on ne dispose même pas d'un système de lock qui aurait pourtant été bien utile. Autre gêne conséquente : les décors eux-mêmes. C'est très bien d'avoir pensé à placer des objets interactifs, mais trop c'est trop, ici, on passe son temps à voir des bidules et des trucs exploser, souvent assez près de nous pour qu'on y laisse des plumes. Buter de la sorte en permanence dans le paysage devient très vite insupportable. Outre ce mode solo étriqué et qui est à peine plus développé que ne pouvait l'être le mode Tekken Force dans Tekken 3, on trouvera dans les menus un mode Duel, rappelant celui de Star Wars : Episode 3. Chaque héros ou super-vilain débloqué pourra y être incarné de manière libre, seul ou à deux, aussi bien dans son salon qu'en réseau. Evidement, considérant le nombre de coups limité, ce mode baston présente un intérêt diablement restreint. Ce qui prouve que Marvel Nemesis peut faire montre d'une certaine constance.