A l'ombre de la lutte sans merci que se livrent FIFA et PES, les jeux de management entament également une période importante de l'année où chaque fan de simulation choisit le jeu de gestion qui lui fera vivre la saison 2005/2006. Une fois de plus, les possibilités sont nombreuses mais tous ne peuvent pas prétendre à la plus haute marche du podium. EA Sports arrivera-t-il à mettre fin à la domination de Sports Interactive avec ce nouveau LFP ?
LFP Manager 2006 a changé, a évolué et a décidé de mettre tous les atouts de son côté pour se faire une place au soleil dans la catégorie des jeux de management. Le premier effort notable fait par EA Sports se situe au niveau de l'interface. En effet, celle-ci a complètement été modifiée, que ce soit au niveau de la navigation ou des couleurs dominantes. Finis les tons noirs déprimants et place à des menus avec une grande luminosité. Si le résultat esthétique est très satisfaisant, il n'en est pas de même en ce qui concerne la facilité qu'on a pour naviguer de page en page. Le tout est effectivement très brouillon, mal organisé et on n'accède pas très facilement aux points principaux du jeu. Certes, ce n'est pas le temps qui nous manque puisqu'une partie peut durer indéfiniment, quel que soit le rythme qu'on ait décidé d'adopter mais on met indiscutablement trop de temps à chercher les informations et à parcourir l'interface du jeu. L'habitude peut remédier à ce souci mais on est quand même loin des menus très pratiques et ô combien fonctionnels d'un Football Manager (même si ces derniers ne sont pas une référence esthétique). Globalement, le résultat reste tout de même probant, on demandera juste à EA Sports de trouver un meilleur compromis pour le prochain volet de la série.
Entrons maintenant dans le vif du sujet avec la création d'une partie. Un très grand nombre de championnats vous est proposé, repartis dans 38 nations différentes. Ensuite, selon votre personnalité et votre goût pour les responsabilités, vous avez un premier choix à faire en ce qui concerne votre métier. Quatre solutions s'offrent à vous : entraîneur où vous gérerez l'équipe et les contrats, directeur sportif qui consistera à vous occuper des contrats et des finances, directeur général où votre domaine de compétence s'arrêtera à la gestion des finances et enfin touche-à-tout où vous pourrez gérer absolument tout ce qui qui a trait à la vie du club. Une fois votre job choisi, quatre nouvelles possibilités se présentent : jouer une partie classique où vous entraînez le club de votre choix, entraîner simultanément un club et une sélection nationale, arriver sur le marché comme agent libre et choisir une destination parmi les 3 offres de contrat que l'on vous fait ou bien carrément fonder un club et partir du plus bas des championnats de la nation sélectionnée. Autant de variantes qui se muent d'elles-mêmes en 4 modes de jeu bien distincts et qui peuvent vous apporter des expériences totalement différentes. C'est incontestablement un des gros points forts de LFP Manager 06 qui offre 4 challenges à relever, ce qui aide à ne pas plonger dans la lassitude, chose qui est de toutes manières très compliquée lorsque l'on est fan de ce genre de jeu.
Une fois installé dans votre fauteuil en cuir, le chéquier dans la main droite, les feuilles de tactiques dans la main gauche et le sifflet à la bouche, la première des choses à faire est de déléguer les tâches. Vous pouvez choisir de tout gérer mais vous vous rendrez rapidement compte qu'il devient très délicat de s'occuper à la fois de l'équipe, de la signature des contrats et du budget. Le fait que tout soit entièrement paramétrable et modifiable vous pousse donc à faire des choix pour ne pas voir votre rythme cardiaque atteindre les 200 pulsations/minute parce que vous êtes dépassé par les évènements. Votre entraîneur adjoint et les comptables du club sont à votre disposition et vous pouvez choisir à tout moment de la partie de reprendre en main un aspect que vous jugez mal géré par la personne concernée. Ainsi, pendant le mercato ou l'inter-saison, si vous êtes occupé à trouver la perle rare ou à combler le secteur déficient de votre effectif par une ou plusieurs recrues, rien ne vous empêche de lâcher tout le reste pour vous consacrer uniquement à cette tâche. Veillez tout de même à vérifier que vos adjoints font le boulot correctement et selon vos préférences pour ne pas vous retrouver dans une situation ne vous convenant pas du tout. L'écran infos vous tient de toutes façons au courant de chacune des démarches entreprises au sein du club, quel que soit le domaine concerné.
Au niveau des petits défauts bien dérangeants, le premier que l'on note est la faible crédibilité du marché des transferts. En effet, il est trop simple de recruter un joueur et les exigences financières des autres équipes sont bien souvent très faibles et en deçà des montants pratiqués dans la réalité. Par exemple, dès la première saison on peut recruter un attaquant comme Shevchenko pour une petite dizaine de millions d'euros, ce qui est tout à fait inconcevable aujourd'hui. On regrette que les négociations ne traînent pas plus, les clubs donnant leur réponse très rapidement, trop rapidement. Pourtant, tout le reste est fidèle à la réalité puisqu'on envoie nos recruteurs sur place pour qu'ils nous donnent leur avis sur les possibilités de conclusion d'un transfert. Les agents de joueurs sont également bien présents et refusent de prendre contact avec vous si votre club n'est pas assez huppé pour leurs protégés. Les négociations de contrats sont très détaillées, toutes les clauses sont présentes, mais une fois de plus, il est un peu trop simple de convaincre un joueur de rejoindre les rangs de son équipe. On retrouve donc la patte d'EA Sports qui continue à vouloir faire dans le spectaculaire plutôt que dans le réaliste. C'est dommage car la présence des noms officiels, des photos de chacun des joueurs, de la presse spécialisée sans cesse en train de spéculer, fait que l'on est très vite plongé dans l'atmosphère de son championnat, quel qu'il soit.
La presse justement, vous contactera à de nombreuses reprises, avant et après les matchs en vous posant des questions sur l'équipe que vous dirigez. Si vous ne faites pas jouer un de vos pions essentiels alors qu'il est disponible, vous aurez rapidement à vous justifier. L'interactivité avec les joueurs atteint également son paroxysme puisque la communication est omniprésente. Chaque semaine, vous avez la possibilité de parler aux joueurs de votre choix, soit pour les motiver, soit pour leur expliquer vos décisions qui ne vont pas forcément dans leur sens. Idem, à la mi-temps des rencontres où vous pouvez tenir des discours positifs ou fracassants pour aider votre équipe à réussir une performance. Mais l'entraîneur ne fait pas que parler, il agit aussi, et vous aurez une immense liberté d'expression pour affiner le moindre détail de chacune de vos tactiques. Le fait que l'on puisse positionner un joueur à n'importe quel endroit du terrain nous aide énormément à trouver un bon équilibre et à faire en sorte que l'équipe ne penche pas trop d'un côté ou de l'autre. Comme d'habitude, on règle évidemment la mentalité de l'équipe, le style de passe, la fréquence et le positionnement des centres, le pressing, la pratique de contre-attaques ou du hors-jeu, la présence de primes à la fin du match, etc.
L'interface de LFP Manager 06 est remplie d'informations, on peut même participer à des sondages pour prendre connaissance de l'opinion des supporters. En plus des articles publiés par Football Web, on peut aussi accéder à des papiers non officiels qui annoncent des rumeurs pouvant nous aider afin de recruter un joueur mal dans sa peau dans son club actuel. D'autres petits plus sympa sont présents comme la rubrique anniversaire ou les interviews des joueurs. On peut ainsi rapidement voir si un joueur nous apprécie ou ne peut pas nous sentir. Rarement la personnalité des joueurs a été autant mise en avant, il faut donc considérer chaque cas bien différemment, que ce soit au niveau sportif ou affectif puisque leurs réactions diffèrent complètement, même si vous les traitez tous de la même manière. Une petite phrase de trop, un manque de reconnaissance, votre assiduité sur le marché des transferts ou la mise à l'écart d'un titulaire potentiel peut donc découler sur tout un tas de petits soucis qu'il vous faudra gérer au mieux pour éviter que la situation ne dégénère et ne finisse par vous coûter votre place, puisque lorsqu'une équipe ne va pas, il est toujours plus simple de virer l'entraîneur plutôt que 25 ou 30 joueurs...
Venons-en à la réalisation graphique. Bien qu'un faible nombre de joueurs soit reconnaissable de près et que le public soit médiocre, force est de constater que LFP Manager 06 est le seul jeu de gestion à proposer une modélisation en 3D aussi réaliste, avec le moteur de FIFA. On est bien loin de la qualité pitoyable proposée par F.C. Manager 2006 dans la récente preview que nous avons mise en ligne. Les stades sont facilement reconnaissables même si tous les détails n'ont pas été apportés. Le jeu est fluide, les animations assez sympathiques et les commentaires plutôt précis. Vous pouvez suivre le match à la manière d'une retransmission télé ou sous forme de textes défilant à l'écran. Le tempo de la partie est également réglable selon 4 vitesses, tout comme la fréquence de la diffusion visuelle du match (buts, tirs cadrés, tous les tirs, situations dangereuses ou match dans on intégralité). Enfin, en mode texte, un grand nombre de raccourcis clavier vous permettent de donner des consignes à votre équipe sans avoir à naviguer dans les menus. L'impression finale est donc assez bonne puisque le titre possède de nombreux atouts et que seuls quelques points sont à régler pour arriver à un résultat plus probant.
- Graphismes15/20
L'interface des menus a été remodelée et le résultat est assez sympathique, découlant sur des tons plus clairs et agréables. Durant les matchs, l'animation des rencontres est vraiment crédible et le moteur de FIFA fait le plus grand bien à LFP Manager. Quelques modélisations douteuses font qu'on est cependant encore loin de la perfection.
- Jouabilité13/20
L'ergonomie est à revoir car les menus, bien que très esthétiques par rapport à la moyenne constatée, sont très brouillons et vraiment mal organisés. L'ajout d'onglets supplémentaires semble indispensable au prochain volet pour améliorer cet aspect du jeu puisque l'on est vite perdu et agacé de ne pas trouver les infos rapidement.
- Durée de vie18/20
Les 4 modes de jeu apportent un vrai plus au titre d'EA Sports de par la diversité des challenges qu'ils proposent. Tous les aspects sont repris, rien ne semble avoir été oublié, on pourra bientôt choisir la marque des tondeuses utilisées par le jardinier pour refaire une beauté à la pelouse. On peut tout gérer, modifier, régler, paramétrer...
- Bande son15/20
Voilà un domaine qu'il vous est possible de modifier à souhait puisque vous pouvez inclure vos MP3 comme musiques par défaut. Celles qui ornent le jeu sont principalement axées rock et sont globalement très agréables. Pendant les matchs, l'ambiance sonore n'est pas formidable mais on a déjà vu bien pire.
- Scénario/
Complet et séduisant, LFP Manager parviendra très rapidement à appâter les habitués de la série. Largement devant ses concurrents pour ce qui est de la retransmission visuelle des rencontres, le titre d'EA Sports a encore beaucoup de progrès à faire dans la navigation des menus. Le marché des transferts irréaliste est le gros point noir d'un résultat qui s'avère finalement assez satisfaisant.