Habiter sur la Lune, effectuer des voyages vers cet astre depuis longtemps apprivoisé n'était pourtant plus problématique depuis des années entières. Pourquoi dois-je être le seul survivant ? Je suis le seul à connaître la vérité sur cette station, sur les évènements s'étant déroulés immédiatement après le crash. Peut-être qu'il me faut être le témoin de leur résurgence, le bras vivant de leur volonté de quitter ces lieux. Il me semble que je suis la représentation d'un salut diffus, une ombre de leur vie passée. Je marche avec le seul but de retrouver Claudia, guidé par les attentes de ces présences insignifiantes et glacées. Elles me guident tout en m'obligeant à leur donner une paix nostalgique. Si seulement j'étais sûr de retrouver l'image de celle que j'aime.
Seul, paniqué et totalement désarmé face à l'obscurité fantomatique d'un lieu glacé. Voici votre état général lors de votre réveil au sein d'une station lunaire désertée. Seul survivant d'une catastrophe "aérienne" ayant causé une collision entre une navette touristique et la dite base, vous cherchez des yeux un quelconque point de repère, un souvenir qui pourrait vous donner l'envie de survivre, d'avancer. C'est alors qu'elle vous apparaît. Subissant le contrecoup émotionnel de cette soudaine éruption de sentiments divers, une seule idée s'incruste dans votre esprit tourmenté, retrouver Claudia. Seulement équipé de votre combinaison spatiale, d'une lampe torche, et de la photo de votre femme, vous vous levez péniblement en tentant d'accéder au sas du vaisseau. Seulement retenu dans votre entreprise par la voix grésillante d'un androïde oeuvrant comme hôtesse de l'air, vous continuez votre courageuse marche, persuadé de comprendre les zones d'ombre d'un étrange message inscrit sur le siège devant vous : "Rendez-vous au Laboratoire". Qui pourrait avoir intérêt à désirer vous retrouver dans cet endroit dont vous ne connaissez que peu de choses ? Vos réflexions à peine débutées prennent rapidement fin à l'écoute d'une voix lugubre et plaintive semblant s'exhaler des parois mêmes de votre corps. Vos battements de coeur s'accélèrent, vos sens trompent votre habituelle sérénité. Mais ce que vous distinguez dépasse de loin les limitations de votre imagination et de votre esprit tiraillé. Un spectre calme et désabusé vous demande avec un naturel déconcertant de l'aider à quitter son lieu de mort. Il a seulement besoin d'un objet, d'un signe de sa vie passée pour retourner en paix dans l'au-delà. Encore en état de choc, et souhaitant simplement avancer plus profondément afin de ramener Claudia, votre choix s'effectue immédiatement. Vous allez lui venir en aide. Mais ce que vous ignorez, c'est que vous venez de découvrir posément la construction du gameplay d'Echo Night Beyond.
En effet, totalement basé sur la mythologie propre au fantôme, le soft de From Software s'avère construit autour du besoin de ces derniers de trouver une voie les menant à une disparition sur l'ensemble des plans. Piégées dans une semi-réalité, pas encore dans la mort mais tout de même étrangères au royaume des vivants, ces âmes errantes sont ancrées à un acte, un objet, un signe réinjectant continuellement en elles des souvenirs nostalgiques obstruant le chemin du repos définitif. Ne pouvant interagir complètement avec le réel tangible, elles vont vivre à travers vous jusqu'à une fuite en des lieux plus cléments. On pourrait alors croire que rien ne nous oblige à effectuer ces services macabres, mais ce serait grandement se fourvoyer. Effectivement, le titre estampillée Indie Games décante ses spectres avec habileté, vous obligeant, sans créer de "blocage" au sens fort du terme, à entreprendre des discussions avec ceux-ci. D'une part parce qu'il arrive qu'ils encombrent tout bonnement le passage estimé juste vers votre objectif, et d'autre part parce qu'ils détiennent très souvent un objet précis, dont vous aurez besoin pour pousser plus en avant vos investigations. Il vous incombera donc de bien prêter attention aux paroles de vos interlocuteurs vaporeux, principales causes d'allers retours incessants entre diverses parties de la gigantesque station. Un principe assez classique dans le fond, rappelant nombre de jeux d'aventures ou de survival-horror, mais qui trouve ici un soutien non négligeable en la personne de l'ambiance générale originale et rappelant parfois celle de la série Project Zero.
Néanmoins, et contrairement à la saga de Tecmo, vous n'avez ici aucun moyen de vous défendre face aux assauts spectraux. Seul votre altruisme dépassant les frontières de la vie pourra vous ouvrir les portes de la survie spatiale. Chaque fantôme ne représente un ennemi qu'en fonction de son lieu de villégiature. Effectivement, les lieux froids et inhospitaliers dans lesquels vous évoluez criblé par des peurs ataviques peuvent parfois être baignés d'un brouillard tenace, agissant directement sur la nature des êtres éthérés. Attisant leurs regrets, leurs faiblesses et les conduisant à la haine pour d'obscures raisons, celui-ci représente un danger plus qu'imposant pour votre personne. Soumis aux rythme des battements de votre coeur, s'accentuant à la moindre présence suspecte, vous comprenez aisément qu'il est vital d'éviter tout contact avec ces manifestations belliqueuses, ne cherchant qu'à exhaler des effluves de frayeur et de rancoeur. De fait, si vous ne parvenez pas à vous échapper de leurs griffes avant que vos pulsations dépassent le chiffre fatidique de 303, vous subirez immédiatement un arrêt cardiaque irréversible. Un couperet terrifiant qui, allié à la progression lente et contemplative du jeu, provoque une atmosphère de crainte intense, où chaque ombre naissant du faisceau de votre torche évoque une mort potentielle. De même la moindre nappe de brume, même diffuse place sans temps de latence votre avatar dans une situation de stress éminemment bien gérée, retranscrite par de légères vibrations. On s'incarne donc véritablement dans le scaphandre du héros, et l'on suit ses pas derrière cette lourde visière, sursautant aux détails sonores habilement distillés. Même s'il faut tout de même signaler une qualité graphique limitée, proposant des textures relativement simples et surtout réutilisées à outrance, suivi d'un aspect polygoné assez présent, on fait fi de ces considérations esthétiques pour se plonger dans une ambiance étouffante, désespérée, mariant un contexte d'anticipation réaliste aux données de base du survival-horror remaniées pour l'occasion.
D'autre part, et c'est aussi là une nouveauté digne d'être soulignée, l'utilisation des caméras de surveillance est une donnée à ne pas négliger, allant même jusqu'à prendre corps dans le gameplay. En fait, au bout d'un certain temps, de nombreuses zones seront inondées de brouillard, et vous ne pourrez plus compter sur un coup de chance pour passer incognito devant un fantôme peu avisé. Vos seuls pions dans cet échiquier mortel étant votre intelligence et votre capacité à évacuer le brouillard en ouvrant des trappes de ventilation, vous allez devoir observer longuement les promenades désabusées des revenants et repérer par avance des passages vous garantissant votre sécurité. Lié à cet éloignement rassurant, la peur vous reprendra en son sein dès que vous tenterez une sortie à l'aveugle, perdu dans les méandres glacés de votre appréhension, totalement nu face au danger. Néanmoins, et malgré cette originalité intéressante et l'intelligente mise en place de l'ambiance, Echo Night Beyond souffre d'une part des déplacements bien trop raides du personnage principal, ainsi que de sa propension à mourir en 10 secondes dès qu'il se trouve en contact avec un fantôme torturé. De plus, il est regrettable de ne pas disposer d'une progression général plus alambiquée, se contenant de réutiliser des schémas identiques au gré des parties. Au final, le titre de From Software est une surprise fort agréable, qui ne laisse échapper ses qualités qu'après une petite mise en bouche peut-être un peu austère. Prenant, immersif et original, Echo Night est un soft certes loin d'être parfait, mais qui offre une vision autre du survival/aventure.
- Graphismes11/20
Epaté par une introduction de très bonne facture, tant au niveau de la musique que de la mise en scène, le retour à la réalité est assez violent. En effet, malgré des effets de lumière convaincants et l'utilisation de couleurs froides très bien amenée, la réalisation de Echo Night Beyond reste nettement en dessous de ce qui se fait aujourd'hui sur PS2. Limité quant aux animations, aux textures, ou encore à la modélisation générale, ce soft reste malgré tout vecteur d'une ambiance fantastique.
- Jouabilité13/20
Assez raides, les déplacements du personnage principal peuvent lasser rapidement, et surtout faire redouter des allers-retours intempestifs. De plus, le titre repose sur une construction très classique, rappelant les premiers jeux d'aventure ou survival-horror, laissant un petit arrière-goût de déception. Malgré cela, de par une atmosphère détonante, un principe de progression attirant, et surtout une gestion de la survie fort originale, Echo Night se pose comme l'un des jeux les plus prenants, émotionnellement parlant, de ces derniers temps.
- Durée de vie14/20
D'une durée de vie plutôt commune dans le genre, Echo Night parvient quand même à soutenir une tension tout au long de l'aventure, ne se révélant jamais véritablement lassant, ni sans intérêt. Puisant dans les peurs ataviques de chacun, il parvient à distiller des accès de frayeur à des intervalles suffisamment régulier pour pousser à la progression. Reste à savoir si vous pourrez accrocher à son gameplay très particulier.
- Bande son15/20
L'ambiance sonore est une des grandes réussites de ce titre, permettant de combler l'absence par des sonorités profondes, répétitives à dessein, et à la force spectrale et métallique. Une véritable peinture de sons étranges, inhumains et se perdant dans le désert lunaire. Le doublage est quant à lui de bonne qualité, même si certains personnages ne semblent pas vraiment impliqués dans leur rôle. Mention spéciale tout de même aux voix fantomatiques.
- Scénario/
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Malgré une réputation très mitigée, Echo Night Beyond s'avère pourtant détenteur de nombreuses originalités, parvenant à surprendre agréablement et à donner encore un peu de crédit à From Software. Malgré des lourdeurs au niveau des déplacements, et un gameplay un tant soit peu trop classique, ce titre instigateur du genre space/survival se révèle très immersif, et expose une intelligence rare dans la gestion de l'ambiance et du contexte. D'autant qu'avec son petit prix, Echo Night Beyond mérite vraiment un coup d'oeil attentif et posé. Luigi's Mansion Forever.