Cette année plus que jamais, EA Sports et son poulain sont fermement attendus par les fans de simulations footballistiques. La rumeur a couru, stipulant que le gameplay de ce dernier avait connu une évolution considérable et que son homologue et concurrent PES pouvait craindre pour sa place de numéro 1 du genre. Alors, qu'en est-il ? Les espoirs fondés dans ce dernier volet sur consoles 128 bits ont-ils été justifiés ? FIFA a t-il assez grandi pour faire table rase sur un passé qui lui colle à la peau depuis de nombreuses années maintenant ?
Le sprint se termine, il est l'heure des premiers bilans, des premières réactions et des premières comparaisons. Comparaisons avec les opus précédents et non pas avec l'ennemi juré de chez Konami puisque celui-ci ne sortira que dans un peu plus de 3 semaines. Ce qui est sûr, c'est que cette année a été celle de l'omniprésence d'EA Sports avec une publicité monumentale. Il est clair que si l'on devait récompenser une campagne, ce serait celle de FIFA qui a commencé par l'annonce d'un gameplay revu, corrigé, amélioré et surtout plus proche d'une simulation comme... PES. Ensuite, et comme c'est l'habitude de la maison, cela est passé par le "recrutement" de symboles, d'icônes et de stars du ballon rond de la nouvelle génération qui sont en train de supplanter les Zidane, Ronaldo et consorts. A ce petit jeu, ce sont Ronaldinho et Wayne Rooney qui ont été retenus pour assurer une promotion censée donner envie de se procurer le nouveau FIFA. EA Sports a donc mis les petits plats dans les grands et n'a pas ménagé sa peine pour qu'enfin, son titre soit reconnu comme la simulation, comme le jeu que tout fan de football, de gestes techniques et de jeu tactique se doit de posséder dans sa ludothèque. La réputation de FIFA se devait de changer puisque ses atouts aussi conséquents soient-ils ne parvenaient toujours pas à ébranler la domination de Konami. La sentence tombe comme un couperet : ce ne sera pas pour cette année...
Après une cinématique d'intro qui en met plein la vue et qui vous hérisse les poils des bras, on se plonge directement dans l'ambiance des menus de FIFA, et là, les frissons ne sont pas prêts de vous quitter puisque les premières ambiances sonores ne sont pas assurées par des musiques mais par des commentaires de Thierry Rolland et Jean-Michel Larqué vous rappelant des moments glorieux de l'Equipe de France. Ensuite, place aux traditionnels morceaux pop-rock qui ornent les pages des menus. Puis, pressés de constater la fameuse évolution qu'on nous narre depuis des mois, on n'hésite pas une seconde à choisir le mode coup d'envoi pour fouler une première fois les terrains des nombreux stades mythiques présents dans le jeu. Avant de jouer le match, on vous propose d'ailleurs de relever le premier défi (que vous êtes libre d'accepter ou de repousser pour plus tard) d'une longue liste, vous permettant d'inscrire à votre palmarès de joueur toutes sortes de performances comme le fait de marquer un but rapidement ou de réussir un triplé. Mais avant de passer à l'aspect pratique, récapitulons de quoi est faite la base de données du titre d'EA Sports.
FIFA, c'est tout d'abord la possibilité de jouer avec un nombre impressionnant d'équipes. On dénombre 20 championnats nationaux (sans compter les divisions inférieures que l'on retrouve en Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie), 39 sélections nationales et 2 sélections mondiales. Les transferts ont bien évidemment été mis à jour, ce qui découle sur une base de données absolument remarquable. Pour ce qui est des modes de jeu, on retrouve le traditionnel entraînement présent pour parfaire sa technique, les matchs amicaux, les compétitions permettant de jouer les championnats nationaux et leurs coupes respectives, la possibilité de jouer en ligne et le fameux mode carrière s'étendant sur 15 saisons. Dans celui-ci, on prend la place d'un manager sur le marché, qui, après avoir répondu favorablement à l'une des offres d'emplois disponibles, devra gérer à la fois l'aspect financier (prix des places, sponsoring, amélioration de certaines structures) et sportif pour répondre aux souhaits du comité directeur dont les ambitions varieront en fonction du club et de vos performances. L'aspect relationnel et humain est également privilégié puisque l'on se doit de veiller à la bonne entente au sein du collectif pour que le moral des troupes découle sur de bonnes prestations sur le terrain.
La première chose qui frappe lorsque l'on commence à jouer est la disposition très lointaine de la caméra par défaut. On se dit alors qu'une simple modification dans les paramètres suffira à nous rapprocher des protagonnistes mais il n'en est rien puisqu'aucune caméra ne propose une vue assez détaillée de ce qui se passe sur le terrain. Bien que cela puisse paraître répétitif à la longue, on va rappeler une fois de plus que la façon dont on inscrit les buts est toujours aussi simpliste et peu variée. La progression sur le terrain n'est pourtant pas rapide et basique, mais on a toujours autant de mal à comprendre comment les joueurs arrivent à faire mouche aussi souvent dans des situations aussi délicates. Le problème est que la façon dont ces derniers tirent ne changent toujours pas. Le ballon part à mi-hauteur, légèrement enroulé et finit sa course à ras du poteau, profitant de la relative lenteur du gardien à intervenir. EA Sports a encore oublié que les footballeurs ne sont pas des machines à marquer et qu'on aimerait bien les voir se planter de temps en temps, échouer dans leurs tentatives ou tout simplement manquer des occasions simples à convertir juste parce qu'ils ne sont pas dans un bon jour ou que leurs capacités premières ne sont pas celles d'un buteur. Le principal manque de la série est la quasi-absence d'erreurs humaines et les attributs des joueurs ne sont pas assez mis en avant de sorte à ce que l'on puisse voir le plus rapidement possible si le joueur que l'on dirige a des points faibles, que ce soit au niveau de leur technique, de leur physique ou tout simplement de leur adresse lors des frappes.
Le football moderne n'est pas fait que de collectifs implacables, enchaînant des dizaines de passes précises pour arriver à conclure une action de manière magistrale. Au contraire, ce n'est pas une science exacte et il serait bénéfique pour tout le monde qu'EA Sports en prenne conscience. Alors c'est sûr, l'ambiance graphique est hallucinante, les stades sont d'une beauté encore jamais vue, toutes les licences sont là, on se croirait réellement devant son poste de télévision mais à partir du moment où l'on devient acteur, on sent qu'il manque un petit quelque chose, qu'un oubli a été fait... ce dernier est le réalisme de jeu. Par ce terme, je ne cite pas les gestes techniques très bien reproduits ni la décomposition des mouvements des joueurs fidèle à la réalité mais bien le facteur X qui fait qu'une action échoue. On ne joue pas avec la peur de mal faire mais avec l'envie de marquer le plus possible. Ainsi, même un tacticien ou un amoureux du beau jeu va être poussé par une force inexplicable a répéter le même style d'action tant la façon de défendre de l'adversaire est impersonnelle et ne varie presque pas selon les équipes. Autrement dit, on joue presque toujours de la même façon pour conclure à 80 pour cent du temps par une frappe dont je vous citais les caractéristiques plus haut. Enfin, on constate qu'il est trop facile de centrer, même dans des situations compromises, l'ailier parvient toujours à distiller un bon ballon enroulé, ce qui n'est franchement pas normal.
Même si tout cela paraît négatif, c'est une façon de montrer notre désespoir de voir le gameplay du jeu changer un jour. Car il est clair que pour le reste, FIFA a fait très fort. La pelouse semble immense et on ne s'approche pas facilement des buts adverses, surtout en mode de difficulté international. Les défenses ne sont pas simples à prendre de vitesse puisque les joueurs pratiquent un marquage individuel où il est très compliqué de créer des brèches. Pour réussir ses passes en profondeur, il faut faire preuve d'un très bon timing afin que la course de l'attaquant soit en phase avec le moment où l'on déclenche la passe. Les gestes techniques sont donc une nouvelle fois salvateurs et on prendra goût à déclencher des une-deux, ou à faire des passes piquées pour éviter de se heurter à des défenseurs bien sur leurs appuis. En revanche, on regrette de ne pas marquer un peu plus sur les centres et surtout de manière plus variée selon la position avec laquelle on aborde une phase offensive. Passons à la bande-son qui reste un des gros points forts où FIFA ridiculise littéralement PES. Les commentaires assurés par Eugène Saccomano et Franck Sauzée sont très agréables à entendre et leur voix ne retranscrit absolument pas l'aspect de récitation dégagé par les commentateurs de PES. Les ambiances des stades sont extraordinaires et on se sent pousser des ailes au moment où des dizaines de milliers de supporters acclament votre équipe par des chants ou lorsqu'un but est marqué.
La vitesse de jeu n'a pas été revue à la baisse depuis le précédent volet, ce qui est assez dommageable puisque même si l'on ne progresse pas très rapidement d'un but à l'autre, les transmissions de passes se font trop simplement. Les gestes "de second plan" ne sont pas vraiment mis en avant. Autrement dit, il aurait été sympa de voir plus de tirages de maillots, plus de buts de raccroc, plus de coups de rein ou de passes faites en taclant. Le système de coups de pied arrêtés ne met pas assez en valeur la patte du joueur, ces derniers ne variant pas assez en fonction du tireur que l'on a choisi. Les frappes sont déclenchées trop rapidement et tous les joueurs ont à peu près la même puissance de frappe, trop élevée elle aussi. Par contre, on ne peut rien reprocher à l'animation et aux textures entourant le match puisque tout est fluide et aucun bug n'est à déplorer. Graphiquement, on apprécie bien sûr de voir les équipes arborer de très beaux maillots mais force est de constater que les joueurs connus se reconnaissent beaucoup plus facilement dans les précédents PES que dans ce FIFA, notamment lors de gros plans. En revanche, les animations au moment des arrêts de jeu apportent une touche de réalisme supplémentaire. Vous l'aurez compris, ce ne sera pas l'année de FIFA et on sera d'autant plus déçus qu'on nous avait annoncé une ribambelle d'innovations qui ne sont finalement pas au rendez-vous.
- Graphismes15/20
Même si ce n'est absolument pas moche, les caméras sont trop éloignées pour que l'on puisse apprécier la réalisation à sa juste valeur. Les stades sont en revanche superbes et ont chacun une vraie personnalité. En revanche, les visages des joueurs manquent de détails, il y a encore du boulot à ce niveau.
- Jouabilité15/20
Une fois de plus, le tout est un peu trop simple d'accès et on plonge assez rapidement dans une importante répétition des actions. Le système de tir doit être revu une bonne fois pour toute si EA ne veut pas lasser les joueurs de FIFA. On enchaîne assez rapidement les passes mais les défenses assurées par l'IA sont de plus en plus robustes et compliquées à bouger, ce qui n'est pas pour déplaire. Cette version console est bien plus arcade que la version PC. A quand une IA capable d'appliquer de vrais shémas tactiques ?
- Durée de vie17/20
Celui qui a décidé de finir tous les championnats et de relever tous les défis en a pour des mois. La base de données est ahurissante et tout a été mis à jour pour procurer un maximum de plaisir dans le réalisme du jeu. En revanche, l'ensemble est franchement répétitif et on sera vite lassé du solo, même pour le mode carrière. Prévoyez donc de longues soirées en multi.
- Bande son17/20
Les ambiances des stades sont exceptionnelles une fois de plus, les supporters sont omniprésents de par leurs chants et encouragements. Les voix d'Eugène Saccomano et Franck Sauzée ne sont pas déplaisantes mais ces derniers ont tendance à en faire un peu trop. En revanche, leur fréquence d'intervention et le tempo de leurs commentaires sont admirablement bien dosés.
- Scénario/
Cette année promettait un choc de titan entre FIFA et PES, ce ne sera pas le cas puisque le premier nommé étant une franche déception. Si Konami se moque des licences, EA Sports se moque du gameplay en nous proposant encore et toujours la même façon répétitive de jouer. Au final, nous avons un bon jeu de foot mais qui est loin de tutoyer les sommets. La révolution n'aura donc pas lieu même si de petits efforts ont été faits mais l'évolution entre ce volet et son aîné est bien trop faible pour prétendre à une meilleure note.