Pour certains, un petit chat avec une jupe et un noeud rose dans les cheveux peut effrayer, voire traumatiser durant de longues années, tandis que pour d'autres, cette apparition peut être le summum de la beauté. En effet, comment qualifier Kitty mieux qu'avec ces quelques mots : "Elle est trop trop mignonne". Et visiblement, ce constat se vérifie dès que l'on fait un micro-sondage au sein de son entourage. Le problème avec les personnages très "mimi", c'est qu'ils pourraient vous pousser à faire n'importe quoi, voire à accepter des propositions étranges. La petite chatte blanche a donc visiblement joué de son charme et de son nez jaune pour persuader des studios de développement innocents de décliner ses aventures en jeux vidéo. Ca commence à être glauque tout ça.
Dans la ville de Sanrio, originalement affublée du même nom que le studio créateur de la "mascotte" Kitty, les choses vont de mal en pis. En effet, alors que le calme régnait et que les oiseaux chantaient la joie et le bonheur de la vie, les méchants Blocks se décidèrent à envahir la petite cité. Pour quelle raison ? Personne ne le sait. Peut-être pour ses spécialités locales ou ses paysages bucoliques. Néanmoins, devant ce danger menaçant, notre héroïne couleur de neige brandit le poing et refuse cet envahisseur relativement cubique. Elle va donc, grâce à l'aide de son compagnon d'infortune Badtz-Maru le pingouin, tenter de bouter le Roi Block hors des terres de Sanrio par la force. Alors que l'on s'attendait plus à un petit jeu d'aventure bien calme, nous voici donc face à un titre d'action/plate-forme, dans lequel vous devrez écumer 16 destinations vous conduisant des plaines verdoyantes du lieu natal de Kitty au vaisseau des Blocks, en passant par de multiples et classiques lieux communs, comme des parcs ou encore des parkings. Bref, le dépaysement n'est pas véritablement la grande force d'Hello Kitty, loin s'en faut. Malgré tout, l'environnement graphique s'avère suffisamment atypique pour offrir une plongée intense dans un univers totalement décalé, aux doux accents sucrés, s'apparentant à une sorte de déclinaison d'un sucre d'orge géant. Comme si le monde de Sanrio était issu, non pas du Big-Bang mais d'un bonbon arlequin. Je tiens à préciser que ce n'est pas une critique, et qu'au contraire, cela permet de tirer vers une espèce de délicatesse colorée apaisante et parfois fascisante. Le simplicité du trait permet d'offrir un côté très design à l'ensemble, laissant parler les formes dans une cohérence générale assumée et surtout étonnante. Bref, le simple fait de croiser Keroppi entraîne dans un voyage graphique. Reste que la technique du titre ne dessert pas vraiment cet univers acidulé. Effectivement, et même si comme évoqué juste au-dessus, le monde d'Hello Kitty repose sur une gestion de l'espace et de la sobriété, la réalisation ne devrait pas en profiter pour se montrer totalement coupée des productions récentes, proposant des textures simplistes et une 3D nettement en retrait.
Non que le titre soit laid, mais il souffre d'un manque d'attention évident, tirant vers l'aseptisé et se laissant prendre dans la facilité d'une absence de finition, du fait de la cible pressentie. Comme bien souvent, et de manière regrettable, de nombreux éditeurs estiment qu'un jeu destiné aux jeunes filles ou garçons ne doit pas bénéficier d'une masse de travail identique à celle réservée aux productions plus "adultes". Alors qu'il aurait été probant de justement travailler sur le rendu afin de retranscrire pleinement l'esprit Hello Kitty, on se trouve devant une 3D digne de celle présente sur les titres Gamecube de "seconde zone". Mais le plus décevant est à dénicher du côté du level-design, n'offrant d'une part que peu de variété, et d'autre part une platitude gentiment tenace. Vous devrez en effet vous axer principalement sur des phases de jeu se répétant au gré des divers niveaux, dans une progression sans surprise et sans même une once de plaisir de la découverte. On peut se dire que les jeunes enfants n'y seront pas forcément sensibles, même si le fait de s'évertuer à passer de longues minutes dans un lieu sans réelle action ne risque pas de les enchanter non plus. Fort heureusement, le gameplay s'avère très aisé à appréhender, conséquence d'une jouabilité intuitive et adaptée. Conservant les bases maintenant très âgées du jeu de plate-forme, Hello Kitty se borne donc à nous donner en exposition une héroïne pouvant sauter, attaquer, et interagir avec des éléments et des personnages. Rien de bien nouveau donc, mais un minimum syndical suffisant pour parcourir la quête de Kitty avec un tant soit peu de plaisir. En revanche, ne vous attendez pas à de quelconques surprises, ni à des idées détonantes. La majeure partie du soft se compose en fait de clés et de portes, les premières ouvrant fatalement les secondes, dégageant la voie pour avancer vers la conclusion de chaque épreuve.
Dire que l'on s'ennuie ferme au bout d'une heure de jeu dans le soft de Typhoon Games est une modeste vérité, offrant sans cesse des exemples d'évènements creux et mal liés, coupant le joueur de l'immersion dans l'univers pourtant riche d'Hello Kitty. On n'a vraiment pas l'impression d'assister à une narration, qui aurait pu rapprocher pourtant le jeu d'un épisode de dessin-animé, sûrement plus parlant pour les jeunes joueurs que des scènes disposées ça et là sans transitions ni explications. D'autant que ces derniers, tout comme nous, en auront rapidement assez de la caméra peu efficiente présente dans le titre. Bien que l'on puisse la recadrer assez facilement, elle se place tellement mal et dans tellement d'occasions, que l'on finit par abandonner. Le soft perd donc d'un coup tout le charme que l'on pouvait lui trouver, et se fait enfermer par cette lacune sincèrement handicapante. Passer son temps à lutter contre une caméra alcoolique dans une production orientée vers la plate-forme se révèle terriblement frustrant et fait passer la joie du petit monde de Sanrio dans la moulinette de la colère difficilement retenue parfois. Même en comptant ses amis agréablement étranges et son noeud dans les poils, Hello Kitty ne parvient pas à convaincre, malgré des débuts relativement réjouissants. Répétitif, ennuyeux, et mal réalisé, il ne comblera pas les espaces vides entre les jeux de vos étagères. D'autant qu'avec une durée de vie de trois heures et demi grand maximum et un plaisir de jeu souvent tatillon, vous ne risquez pas d'y revenir. Sanrio, on t'aime quand même.
- Graphismes10/20
Arborant un design inventif et de qualité, si on apprécie le style bien évidemment, Hello Kitty aurait pu s'en tirer avec les honneurs sans l'intervention d'une 3D vraiment pauvre. Laissant clairement voir des textures peu détaillées et une modélisation simpliste, le soft édité par Empire Interactive ne parvient pas à se hisser au-dessus de la masse sombre des titres sans réelles qualités graphiques. De plus, les problèmes de caméra finissent de tirer vers le bas la finition qui n'en avait pas besoin.
- Jouabilité9/20
Malgré le côté intuitif de la prise en main, Hello Kitty souffre de la présence d'une part d'une inertie assez troublante et d'autre part d'un gameplay général peu probant. Soumis à une redondance flagrante et à une absence totale de renouvellement sur le fond, ce dernier ne parvient pas à immerger le joueur et ne le pousse pas à trouver la motivation pour aller au bout de l'aventure. Un handicap dommageable, à la vue des premières minutes de jeu intéressantes.
- Durée de vie5/20
Hello Kitty Roller Rescue est un jeu que l'on finit sans s'en rendre compte. Non pas que l'on soit aspiré dans la quête métaphysique de la petite chatte, mais alors que l'on croit commencer à entrevoir un petit rebondissement le jeu s'arrête, comme ça, par surprise. On regarde alors distraitement sa montre et l'on voit, abasourdi, que l'on avait Kitty en main uniquement depuis trois heures. Une durée de vie risible donc, qui conviendra difficilement, même aux jeunes joueurs, sachant que l'on ne peut même pas prendre le contrôle des amis de Kitty.
- Bande son5/20
Insupportable fort rapidement, la bande-sonore n'est pourtant pas le repaire de mélodies traumatisantes. Au contraire, les petits thèmes guillerets passent plutôt bien, mais étant donné qu'ils fonctionnent par boucles de 30 secondes, on se trouve plongé soudainement dans un tourbillon de sonorités synthétiques énervantes. Et ce n'est rien en comparaison du petit cri que pousse Kitty à chaque saut.
- Scénario/
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Pourtant détenteur d'un design très accrocheur et d'un univers sympathique, Hello Kitty Roller Rescue ne parvient pas à convaincre. Redondant, limité et souffrant de problèmes de caméras, ce titre reste agréable une petite demi-heure et peut accrocher par la collection des tenues pour Kitty, au gré des niveaux traversés. Pourtant, les moins tenaces trouveront très rapidement des murs d'intérêt infranchissables. Il est sincèrement dommage de ne pas avoir profité de ce monde onirique dans un contexte de jeu d'aventure, plus profond et plus "magique". Les chats ne sont plus ce qu'ils étaient.