Avec l'adaptation de la série télé Urgences, tout le monde s'attend à un déluge de vannes et de citations rigolotes de la série. Et bien que nenni, parce que les urgences, c'est sérieux, c'est pas fait pour rigoler les gars. C'est un lieu où se jouent des drames humains terribles, des tragédies médico-sentimentales, les coeurs se déchirent. Parce que bon, vous croyez que c'est facile, vous, de vivre une histoire d'amour secrète et dévorante avec une infirmière quand on est pédiatre et qu'en plus on n'a pas d'horaires ? Alors bon ! Un peu de respect pour nos médecins SVP.
Bienvenu au Cook County Hospital de Chicago, service des urgences, là où vous allez devoir faire vos preuves en tant que vétérinaire pour êtres humains, aux côtés de 3 médecins de renommée internationale, j'ai nommé le gaffeur docteur Carter, la séduisante Docteur Lewis et le mec que je n'avais jamais vu, le docteur Pratt, 3 héros tirés de la série phénomène Urgences. Vous voilà donc intégré dans ce prestigieux mais salissant service, prêt à pousser des portes avec vos fesses pour ne pas infecter vos gants en latex de chez Gucci, vous, le nouvel interne. Bon, pour ceux qui se posent la question, Urgences n'est pas un jeu d'action dans lequel vous pousserez les chariots jusqu'en chirurgie avant de vous mettre à faire des incisions à la souris. Oui, je vous l'accorde, c'est bien dommage, mais Legacy Interactive et Mindscape ont préféré nous livrer un sims-like bien mou du genoux. On vous laissera donc créer votre avatar avec une marge de manoeuvre des plus limitées en ce qui concerne son physique, et une quantité d'aptitudes et de compétences pas vraiment colossale. 4 traits de caractère vont définir vos capacités médicales : charme, dextérité, intelligence et résistance. De tout ça, dépendra votre talent en matière de chirurgie générale, de cardiologie, de toxicologie, d'orthopédie, de neurochirurgie ou de pédiatrie. Des talents qui ne cesseront d'évoluer par la suite.
Comment progresser dans l'art délicat de la médecine ? Vous avez le choix, soit en regardant le Magazine de la Santé sur la 5, soit tout simplement en la pratiquant. Il existe divers degrés de gravité des pathologies. S'attaquer à un cas de niveau 5 n'est pas recommandé si vous n'êtes qu'un bleu. Voià comment ça se passe. D'abord, on file dans la salle d'attente, on cause au patient qui est assis, et selon notre capacité à le traiter, on l'envoie dans une chambre ou on le confie à un autre toubib. C'est passionnant, mais ce n'est que le début. Une fois dans la chambre, on n'a plus qu'à cliquer sur le patient qui - retournement subit de situation ! - s'est couché (!). Et hop, magie de la médecine moderne, il guérit. Ou alors son état empire et c'est un autre doc qui doit venir vous remplacer, ce qui vous fait piquer une super bâche devant les infirmières et ça, c'est très mauvais pour vous. Dans un cas comme dans l'autre, c'est toujours aussi passionnant. Cliquer sur des gens c'est tout de même une expérience intense, vous pouvez essayer chez vous, il suffit d'avoir une souris dans la poche et de ne pas craindre pour sa réputation. Pour en revenir à la question de la progression de votre carrière, si vous parvenez à soigner le pigeon, vous gagnerez quelques points d'expérience grâce auxquels vous pourrez, plus tard, faire progresser une de vos aptitudes médicales. De plus, un patient heureux vous donnera de temps à autres un petit cadeau sous la forme d'un bonus utilisable ou échangeable contre un autre. De quoi accélérer un diagnostic, abaisser le degré de gravité d'une pathologie ou encore booster l'un de vos états d'hygiène, de fatigue ou de stress. Des besoins naturels à surveiller et que l'on devra assouvir le plus bêtement du monde en mangeant, dormant ou en allant faire quelques abdos. Comme dans tous sims-like, il va de soit que vos relations sociales sont également un facteur important du développement de votre personnage. Taper la causette avec les autres médecins ou les infirmières vous permettra de vous faire des amis et d'obtenir quelques privilèges, comme les fameux bonus, et bien sûr, d'envisager de démarrer une brûlante et torride histoire d'amour, parce que bon, hein, quand même, y a pas que le boulot et les ulcères purulents dans la vie.
Mon dieu que tout cela est ennuyeux ! Non mais vraiment. Pour de vrai. Je sais, vous allez me dire : "pourtant ça ressemble aux Sims". Certes, mais en beaucoup plus limité et en beaucoup plus mou. En dépit d'une certaine scénarisation qui vise à vous fournir quelques objectifs à atteindre (traiter un cas dans chaque spécialité pendant un tour de garde etc.), l'action ne rime à rien et se résume trop souvent à cliquer sur des patients et décider si l'on peut ou non les traiter soi-même. Et quand c'est possible, tout ce que l'on gagne, c'est le droit d'assister à une scène ridicule, longuette et face à laquelle on reste passif. Sauf dans quelques cas où l'on doit demander des tests au labo, là c'est pareil que d'habitude, mais en un peu plus long. L'aspect gestion du jeu est parfaitement anodin et on peine à y trouver un quelconque intérêt. Les objectifs et requêtes des autres membres de l'équipe finissant par faire ressembler le jeu à un simulateur d'esclave pesant et moche. Oui, parce que Urgences, c'est vilain comme tout. Le jeu plafonne en basse résolution et malgré sa simplicité, pour ne pas dire sa grossièreté graphique, il se croit autorisé à exiger une machine performante. Ce qui ne l'empêche pas de ramer comme D'Aboville. Il suffit en effet de passer d'une pièce à une autre pour voir l'écran être secoué de petits spasmes, quand il ne se fige pas carrément. Pas classe. Pour achever la bête, on lui fera moult reproches au sujet de son interface pénible qui répond assez mal à vos injonctions vous obligeant fréquemment cliquer à plusieurs reprises avant de voir l'action souhaitée s'accomplir. Typiquement le genre de points de détails qui vous donne envie d'une bonne dose de morphine. Mais moi, en ce qui me concerne, j'irai la prendre ailleurs.
- Graphismes9/20
Une résolution bloquée qui fait tâche et présente à nos yeux sensibles des graphismes grossiers et d'un autre âge. Le jeu est dépourvu de toute finesse, le niveau de détail est risible et l'interface est aussi peu plaisante à regarder qu'à pratiquer. Et en plus ça rame sec, même sur une grosse machine.
- Jouabilité9/20
Les bases du gameplay sont rodées, ce n'est pas pour autant que leur mise en pratique se fait dans la joie. Le jeu est mou, la gestion du personnage trop creuse et celle des soins l'est plus encore. Quand à la scénarisation sensée donner un peu de punch à l'ensemble, elle ne fait qu'irriter par sa bêtise. Ajouter une interface agaçante et peu obéissante, vous obtenez un jeu bien gonflant.
- Durée de vie12/20
6 épisodes, ce n'est pas aussi long qu'on pourrait le croire puisqu'on vient à bout d'un épisode dans un laps de temps qui va de 2 à 4 heures. Et rien ne garantit que l'on passe au second.
- Bande son10/20
En dehors du doublage officiel des personnages tirés de la série, la bande-son se montre aussi piteuse que le reste avec des effets minimalistes et des musiques inexistantes.
- Scénario/
Qui va finir en salle de réa ? L'équipe d'Urgences qui va en avoir bien besoin suite au grave trauma crânien qu'elle vient de se ramasser après avoir pris son adaptation ludique sur le coin de la tête. Les jeux de gestion et les sims-like ne sont pas ce qui manque sur PC, alors à moins que vous ne teniez absolument à posséder toute chose sur laquelle il est écrit Urgences, allez donc voir ailleurs.