Après avoir séduit son public dans les années 80, le chien le plus froussard de la planète s'est d'ores et déjà attiré les faveurs d'une nouvelle génération d'individus par l'intermédiaire des films et des dernières productions animées. La licence Scooby-Doo est d'ailleurs plus que jamais d'actualité avec la sortie d'un nouveau jeu vidéo entièrement dédié à l'animal et à ses amis détectives. J'espère que vous avez emporté votre cargaison de biscuits.
Voilà donc déjà la troisième itération de Scooby-Doo sur consoles 128 bits, après La Nuit des 100 Frissons et Le Livre des Ténèbres. Jusqu'à présent, THQ s'est contenté de nous proposer quelque chose d'assez conventionnel et qui, pour notre part, ne nous avait pas vraiment convaincu. Eh bien, ça ne change guère avec ce nouvel opus, certes sympathique, mais beaucoup trop proche de ses modèles pour prétendre les égaler ou même innover dans cette catégorie âprement disputée sur consoles. Dans Scooby-Doo! Démasqué, les développeurs sont revenus à un concept plus conventionnel que ce qu'on avait pu voir dans les autres volets, puisqu'on contrôle uniquement Scooby dans des niveaux qui s'apparentent généralement à des parcours d'obstacles typiquement orientés action/plates-formes. Comme les trois quarts des jeux destinés aux plus jeunes, me direz-vous, et vous aurez raison.
Concernant les sources d'inspiration, on sent que le divin Sly 2 n'a pas manqué d'influencer les développeurs, qui se sont efforcés de copier la recette de cet excellent titre sans réellement y parvenir. La panoplie de mouvements de Scooby n'a d'ailleurs pas grand chose à envier à celle du raton laveur. Lui aussi peut foncer dans le tas, effectuer des doubles-sauts ou s'agripper à des crochets pour réaliser quelques acrobaties. En revanche, ne cherchez pas la moindre notion d'infiltration dans le jeu, ce qui se comprend quand on connaît le caractère pataud, froussard et maladroit du héros. Quant aux autres personnages, Sammy, Véra, Daphnée et Fred, ils sont juste là pour vous donner des conseils ou pour faire avancer le scénario. Fidèle à lui-même, Sammy le glouton vous préparera les plats les plus insolites à partir de tous les ingrédients que vous trouverez au cours de votre périple, dans le but de rallonger votre jauge de vie. Véra, de son côté, attendra que vous lui rameniez des indices pour en tirer des déductions qui permettront d'ouvrir de nouveaux endroits à explorer. Et comme d'habitude, le sale boulot c'est toujours pour Scooby.
Alors que les premiers pas dans le jeu nous laissent deviner une progression linéaire basée sur une succession de parcours semés d'embûches, on s'aperçoit finalement que le jeu a été construit avec la volonté de proposer au joueur un semblant de liberté. Ainsi, et toujours à l'instar de Sly 2, le soft est agencé sous forme de vastes zones depuis lesquelles on peut accéder à différents niveaux dans l'ordre de son choix, du moins lorsque c'est possible. Ces niveaux sont, en revanche, très linéaires, offrant des parcours de plates-formes pures qui recèlent de pièges et d'ennemis à exploser. Vous ne risquez d'ailleurs pas d'être perdu puisqu'un mystérieux individu a eu l'idée de semer des biscuits un peu partout pour vous indiquer le chemin à suivre. Et non, je ne pense pas qu'il s'agisse du petit Poucet. Quoique...
Que l'on évolue dans les quartiers pittoresques de Chinatown ou dans le cadre oppressant d'une fête foraine à l'abandon, on ne peut pas dire que les décors nous éblouissent par leur qualité. Non seulement les graphismes ne sont pas extrêmement travaillés, mais c'est surtout le caractère sombre des niveaux qui gâche l'exploration. Je veux bien que l'ambiance soit censée faire frémir les plus jeunes, mais on aurait parfois presque besoin de lunettes infrarouges pour y voir quelque-chose. De plus, le jeu trahit de réels problèmes de caméra car celle-ci se bloque systématiquement dès que les environnements se resserrent, devenant totalement inutilisable dans les tunnels et autres endroits étroits. En vérité, même si le maniement du personnage est plutôt agréable, le level design trop évident et la progression ultra classique font que l'on ne s'amuse pas vraiment. Autrement, à l'instar des épisodes de la série animée, chaque zone se termine avec la résolution de l'affaire, ce qui se traduit par un petit quiz interactif qui permet d'affronter le boss avant de le démasquer.
Evoquons tout de même la possibilité qui est offerte à Scooby de revêtir différents costumes pour obtenir de nouvelles capacités. Il suffit, par exemple, d'endosser une tenue de kung-fu pour réaliser des enchaînements de folie qui nous valent parfois quelques ralentis à la Matrix, avec même la possibilité de concentrer son énergie pour la libérer sur tout ce qui peut constituer un obstacle. Sous la forme d'une chauve-souris, Scooby se sentira aussi léger qu'un oiseau et pourra évoluer en planant dans les courants d'air. Autre exemple, le costume de Robin des Bois avec son collant moulant vert et son béret à plume rendra Scooby aussi habile qu'un archer. C'est clairement l'un des aspects du jeu qui renouvelle le mieux la progression, avec les quelques séquences d'arcade qui consistent à piloter un avion, descendre dans les rapides ou dévaler le toboggan géant d'un parc aquatique. Malgré tout, on ne peut s'empêcher de penser que l'on a affaire à un titre par trop conventionnel, et qui par ailleurs se traverse beaucoup trop rapidement. Le pourcentage de jeu complété défile d'autant plus vite que le niveau de difficulté n'est pas très élevé, et seuls les inconditionnels de Scooby-Doo ne seront pas déçus du voyage. L'esprit de la série animée est en effet bien restitué : les fantômes kitsch à mort apparaissent derrière les portes pour disparaître aussitôt, les bruitages s'affolent quand Scooby patauge dans le vide dans un style très cartoon, et les éclats de rires typiques des séries américaines interviennent toujours au moment où on ne s'y attend plus. Pour cela, Scooby-Doo! Démasqué mérite le coup d'oeil, même si l'expérience de jeu qu'il procure disparaîtra aussi vite que celle offerte par les précédents volets.
- Graphismes12/20
La réalisation adopte la technique "contour shading" mise au point pour le jeu et censée donner un effet cartoon aux graphismes, mais le résultat n'est pas terrible. D'une manière générale, les environnements sont sombres et peu travaillés, mais les animations tiennent bien la route.
- Jouabilité14/20
Le maniement du personnage est plaisant mais sa panoplie de mouvements est extrêmement conventionnelle, de même que les phases de jeu proposées. On s'amuse un peu au début, mais il faut vraiment n'avoir rien à faire pour avoir envie d'aller jusqu'au bout.
- Durée de vie10/20
En s'y mettant sérieusement, on peut facilement terminer le jeu en une journée, mais la difficulté relativement faible du titre et sa linéarité sont justifiées par le fait qu'il s'adresse avant tout aux plus jeunes. Pour joueurs occasionnels, donc.
- Bande son13/20
On apprécie les musiques qui sont bien dans l'esprit de celles de la série, mais les voix sont uniquement en anglais. Seuls les puristes de la VO reconnaîtront donc les doubleurs de la série.
- Scénario13/20
Jed, le cousin de Fred, a disparu. Et les monstres de cinéma qu'il a créés se sont échappés dans la nature. Est-ce une raison suffisante pour paniquer ? Non. Mais pour s'amuser, oui !
Le chien le plus peureux du monde audiovisuel continue d'amuser la galerie derrière le petit écran, mais sa prestation sur consoles a toujours du mal à convaincre. Ce nouvel épisode ne souffre pas de défauts majeurs, mais il aura du mal à se faire une place dans une catégorie dominée par des titres autrement plus impressionnants. Un jeu qui se destine donc surtout aux jeunes fans de Scooby-Doo qui ne prennent la manette que de façon occasionnelle.