Si la DS est certainement la console portable la mieux adaptée aux jeux de réflexion grâce à son écran tactile qui apporte une nouvelle façon de jouer, la PSP compte bien elle aussi se doter d'un bon petit catalogue dans ce domaine. Après l'excellent Lumines voilà donc que débarque un nouveau titre qui mettra vos neurones mais aussi vos réflexes à rude épreuve.
Créé par Archer Maclean (aussi responsable de titres comme Pool Paradise, Dropzone...), Mercury est un jeu de réflexion qui vous met aux commandes d'une goutte de mercure ou plutôt du plateau sur lequel elle évolue. En effet, à l'image de ce que l'on peut voir dans la série des Super Monkey Ball de Sega, le joueur ne contrôle pas une entité qu'il doit faire bouger sur l'écran, mais le décor entier. En l'espèce, on peut faire pivoter le plateau de jeu dans toutes les directions pour faire couler sa petite goutte de mercure et la guider dans des parcours parfois très alambiqués. La gestion physique est à ce propos très réussie et on se surprend à voir des bouts de mercure tomber dans le vide quand on s'approche trop près des bords, ou encore sa boule se séparer en plusieurs gouttelettes lorsqu'on la fait se fracasser violemment sur un angle de mur.
Le jeu est séparé en six mondes qui eux-mêmes sont divisés en plusieurs petits niveaux. Au nombre de 72, ceux-ci vous imposeront trois sortes d'objectifs. Tout d'abord un objectif de temps : il faudra terminer un parcours avant que le chronomètre n'atteigne 0. Ensuite, un objectif de pourcentage : il faut amener un minimum de mercure pour actionner les interrupteurs, sinon ceux-ci ne fonctionneront pas. Il faut donc prêter une attention toute particulière à ne pas perdre trop de mercure en cours de route car les pièges sont nombreux : trous béants s'ouvrant sur le vide, "mercoïdes" qui ont un énorme appétit pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à du mercure (à éviter donc)... Enfin, troisième sorte d'objectifs : ceux qui vous demandent d'allumer des balises. Et attention car la plupart du temps, ces dernières ne s'actionnent que lorsque votre mercure est d'une certaine couleur. Avant d'aller sur les balises, il faudra donc faire un petit passage dans un "atelier couleur" qui colorera votre goutte. Comme vous pouvez très bien contrôler plusieurs boules de mercure, il est tout à fait possible d'en avoir une de chaque couleur ce qui est parfois indispensable pour pouvoir passer des portails de couleurs différentes. La jaune pourra actionner un interrupteur jaune pendant que la verte passera dans un portail vert par exemple. Et dans ce cas, il faut faire bien attention à ne pas mélanger deux boules de couleurs différentes, sinon, vous obtiendrez une nouvelle couleur (par exemple bleu + rouge = violet). C'est vraiment bien pensé.
Et c'est bien là, la grande spécificité du jeu car dans beaucoup de niveaux du jeu il vous faudra veiller non pas sur une, mais sur plusieurs boules de mercure, ce qui multiplie d'autant la difficulté de la chose car le plateau de jeu lui ne peut se déplacer que dans un sens à la fois. Si vous avez besoin d'entraîner une goutte vers la gauche alors que vous voulez amener l'autre vers le haut, il va falloir vous creuser un peu la tête pour y arriver sans mélanger les gouttes et sans les faire tomber dans un trou (ce qui est parfois très délicat). Le problème que l'on rencontre dans ce cas se produit dans les grands niveaux lorsqu'on dispose de gouttes aux quatre coins de la carte. En fait, il est alors impossible de toutes les voir simultanément car la caméra ne peut pas s'éloigner assez pour ça. On est donc obligé de basculer continuellement d'une boule à l'autre pour voir quelles seront les conséquences d'une inclinaison du plateau sur chacune d'entre-elles. Cette manoeuvre est bien souvent très coûteuse en termes de secondes et comme le temps est compté, le basculement d'une caméra à l'autre peut tout simplement vous faire perdre la partie. Il aurait vraiment été judicieux que l'on puisse voir toutes ses gouttes à la fois et ce, même dans les niveaux les plus grands.
Les problèmes d'angles de caméra ne s'arrêtent hélas pas à ça. En effet, comme on doit recommencer à de multiples reprises un niveau pour le réussir, il aurait pu paraître normal que le jeu conserve les réglages de caméra que l'on a paramétrés. Hors, ce n'est pas le cas et l'angle reviendra à sa position par défaut au début de chaque essai. Dommage car on perd alors à nouveau quelques secondes pour le remettre dans une position plus confortable pour nous. Le dernier regret concerne le paramétrage très limité des touches qui nous est offert : on dispose en tout et pour tout de deux configurations différentes un point c'est tout. Et le pire, c'est qu'aucune d'entre-elles ne permet d'incliner le panneau avec la croix directionnelle : il faut donc se contenter du stick analogique parfois imprécis. Et je peux vous dire que certains niveaux demandent une précision diabolique et ne permettent pas la moindre erreur. Bref, même si Archer Maclean's Mercury dispose d'assez d'atouts pour séduire les amateurs du genre, il n'est pas exempt de défauts et sa gestion des angles de caméra pourra décourager les moins motivés d'entre vous.
- Graphismes15/20
Les graphismes du jeu, même s'ils n'exploitent pas à fond les capacités de la console, sont propres et sans bavures.
- Jouabilité12/20
Si les mouvements du mercure paraissent réalistes, les problèmes de caméra gâchent un peu le plaisir de jeu. C'est bien simple : sur certains grands niveaux, il est impossible de voir toutes ses boules à la fois ce qui peut être très gênant. En outre, il est dommage que le soft ne conserve pas nos réglages d'angles de caméra lorsqu'on recommence une même épreuve plusieurs fois.
- Durée de vie15/20
Le jeu contient 72 petits niveaux qui se terminent en moins de 2 minutes voire en moins de 20 secondes pour certains. Mais ils sont loin d'être faciles ce qui vous obligera à refaire encore et encore les mêmes épreuves. A signaler, la présence d'un mode 2 joueurs en LAN (consistant simplement à terminer un niveau avant son adversaire).
- Bande son14/20
Ni les bruitages du jeu ni les musiques ne sortent particulièrement du lot. C'est commun mais néanmoins efficace.
- Scénario/
Face à l'excellent Lumines, Archer Maclean's Mercury ne fait pas le poids. Certes, son concept très inspiré de la série des Super Monkey Ball s'avère être plaisant, mais dans la pratique, une grande partie des qualités du jeu sont ternies par une gestion des angles de caméra perfectible qui nuit vraiment à la jouabilité. Au final, on obtient un titre qui n'est certes pas mauvais, mais qui ne fera certainement pas date dans l'histoire de la toute jeune console portable de Sony.