Proposant toujours plus de jeux de combats avec des EX Plus EO Strike Beta, Capcom semble quelquefois se perdre dans la masse. En effet, le gameplay, souvent mis en arrière-plan d'innovations peu probantes, demeure sans réelle saveur dans les dernières productions de la firme japonaise. Néanmoins, quelques occurrences ne font pas une loi, et il serait trop prématuré de cantonner Capcom à des compilations vagues et vides. C'est donc dans un esprit de découverte qu'il faut accueillir le premier jeu de combat PSP estampillé du célèbre logo jaune et bleu. Mais curieusement, point ici de Street Fighter ou de Capcom Vs Marvel ou SNK. Effectivement, l'entrée en matière de nos amis nippons se fait à base de Darkstalkers Chronicles. Doit-on pour autant s'en plaindre ?
Plus connu sous le nom de Vampire par les fans, la série Darkstalkers ne peut pas vraiment se targuer de susciter un engouement spécialement important dans nos contrées. Pourtant, seconde grande série de baston de Capcom, cette dernière comporte tout de même un vivier incontestable de personnages charismatiques et de systèmes de jeu particulièrement intéressants. D'autre part l'ambiance même, tranche littéralement avec l'univers propre au combat inhérent aux habitudes de Capcom, offrant une plongée dans le monde des ténèbres. En effet, les protagonistes de Darkstalkers Chronicles ne sont autres qu'un regroupement de goules, zombies, vampires et autres créatures de la nuit. De ce fait, l'approche se révèle plus décalée que dans un univers plus "réaliste", permettant des déchaînements d'attaques complètement inattendues et la plupart du temps fort originales. Mais avant de se lancer dans ce monde apocalyptique et sanguinolent, il est important de noter que cet épisode PSP n'est pas vraiment aussi nouveau qu'il le donne à penser. Effectivement, le concept, tout comme le fond de ce dernier renvoient directement à l'opus Dreamcast sorti il y a environ cinq ans au Japon et suivi du patronyme For Matching Service. De ce fait, on ne peut pas dire que Capcom ait cherché à innover, proposant un redite à des joueurs pourtant blasés. Néanmoins, cela ne fait pas de DC un titre de seconde zone, loin s'en faut. Sorte de compilation des différents opus de la série Darkstalkers, le soft qui nous intéresse aujourd'hui réussit à mélanger toute cette base ludique avec soin, parvenant à retirer la quintessence de chaque épisode afin de proposer un produit équilibré en terme de gameplay et surtout riche de différentes approches combatives. En fait le principe est de vous exposer un choix basé sur l'appartenance de tel ou tel personnage à tel ou tel titre de la saga. Pour commencer, vous allez devoir définir le type de mode dans lequel vous évoluerez parmi trois, nommés Darkstalkers, Night Warriors, ainsi que Dark Stalkers 3. En fonction de vos accointances avec l'un ou l'autre, les matches ne se dérouleront pas de la même manière, surtout en ce qui concerne la jauge de coup sépcial qui se verra plus ou moins modifiée. Mais ce n'est pas tout.
Effectivement, une fois cette étape de passée, et après avoir choisi votre représentant dans un panel incluant des figures emblématiques telles que Donovan, Demitri, Jedah ou encore J.Talbain (qui possède d'ailleurs un style graphique très réussi lorsqu'il se défait de sa figure de loup-garou), il vous incombera d'adopter l'un des quatre styles de combat venant tout droit des diverses itérations de la série de Capcom. Vous aurez donc l'immense honneur de sélectionner soit le mode Darkstalkers, soit celui nommé Night Warriors, sans oublier Darkstalkers 3 et bien entendu Darkstalkers 3 SP. Bien que cet étalage ne vous dise pas grand-chose dans cette configuration, sachez simplement que chacun de ces modes vous permet d'accéder à une gestion des combos différente, et apporte avec lui quelques petits ajouts plus ou moins dignes d'intérêt. En partant de ce constat, il apparaît rapidement que les plus convaincants restent les deux derniers, donnant accès à l'utilisation de la Dark Force, et surtout à des enchaînements spectaculaires. Toutefois si vous préférez miser sur l'art brut de l'affrontement, sans fioritures, vous trouverez votre bonheur dans les deux premiers. Une liberté de jeu très légère certes, mais qui permet de bénéficier d'une certaine aisance. Dynamiques et pétris d'effets spéciaux détonants, les pugilats s'avèrent particulièrement harassants, surtout une fois maîtrisée la Dark Force, qui aboutit à un déluge cataclysmique de coups divers. Pourtant, on ne peut s'empêcher de regretter un certain manque de technicité. Bien que les hits s'envolent dès l'arrivée de combinaisons de petits coups de poings bien placés empêchant les mouvements adverses, ou simplement la chute d'un corps, il est un peu décevant de retrouver encore et toujours les bonnes vieilles feintes à la Street Fighter. Heureusement que les attaques demeurent variées et totalement démentes, sans quoi l'ennui poindrait rapidement dans les terres stériles de DC. Mais le plus grand écueil prenant l'assaut du soft reste la croix directionnelle de la PSP, bien trop raide et par dessus-tout amputée du moindre lien entre les diverses directions. Il est du coup particulièrement malaisé d'exécuter les nombreux arcs de cercles demandés, et l'on passe plus de temps à donner des coups inutiles qu'à démontrer sa puissance. Se faire prendre en défaut par un adversaire à cause de cela se révèle véritablement énervant. La PSP n'est définitivement pas une console pensée pour s'adapter à ce type de production. C'est pour cette raison que l'on a vraiment l'impression de manquer quelque chose en s'essayant à DC. Malgré le déroulement manquant un tantinet de subtilité, comme dit précédemment, il est évident que l'amusement et le plaisir auraient davantage pris leur place avec l'aide d'un pavé correct. Ce qui n'aurait néanmoins pas modifié la faiblesse des modes de jeu présents.
Justifiant le sous-titre Chaos Tower, le mode principal de DC est en fait basé sur l'ascension d'un gigantesque édifice par le biais de règles précises déterminant le trajet de votre progression. Dès votre entrée dans ce mode étrange il vous faudra choisir trois personnages qui n'officieront pas en tant que renfort à l'image d'un fonctionnement en Tag Battle, mais bien en tant que "vies supplémentaires". En effet, malgré ses faux-airs révolutionnaires, le mode Tower n'est rien d'autre qu'un mode Survival déguisé. Commençant au pied du sombre bâtiment, vous allez devoir gravir ses multiples étages représentant autant de combats, sans aucune possibilité de restauration d'énergie. Veillez donc à bien faire tourner votre équipe, dans le but de conserver une mince chance de parvenir au bout de cet enfer. La nouveauté vient en fait des conditions de votre avancée, définies avant chacun des affrontements que vous aurez à réaliser. Deux solutions s'offrent alors à vous. Soit vous suivez les directives et accédez à l'étage correspondant, souvent assez élevé, soit vous les ignorez et ne montez que péniblement de palier en palier. Un choix qui paraît évident, sauf si l'on considère que les conditions nécessaires se trouvent être l'interdiction des poings, des pieds, de la garde, ou même l'obligation de gagner une rencontre en moins de 10 secondes. Certains pourront y trouver un challenge à la hauteur de leur hargne combative, mais au bout de trente étages la lassitude commence sérieusement à poindre, d'autant que l'on ne débloque que des artworks, certes fort jolis, mais qui s'avèrent un tant soit peu gadgets après de longues minutes d'acharnement. Mais comme le malheur ne reste jamais ancré très longuement, on finit par s'extasier devant la réalisation graphique en dernier recours.
En effet, c'est dans des cas comme celui-ci que l'on goûte avec délice le niveau de réussite de l'écran de la PSP, sublimant les couleurs et rendant grâce aux dégradés. Toutefois le véritable hommage à rendre s'adresse aux équipes de Capcom, parvenant à proposer de nouveau une réalisation on ne peut plus louable, après des catastrophes comme Fighting Jam, ou SVC Chaos. Fluide, coloré, et faisant montre d'animations parfaitement décomposées, DC expose la plus belle 2D aperçue dans un jeu de combat sur console portable. Mêlant décors vivants et à la recherche graphique indubitable, attaques dantesques et personnage inscrits avec grand soin dans l'environnement, le titre de Capcom souffre seulement d'un mode 16/9 mal pensé. En effet, conçu pour du 4/3, que vous pouvez d'ailleurs choisir par le biais des options, DC se trouve écrasé en plein écran, fournissant aux personnages un embonpoint pas vraiment de circonstance. Au final donc, DC se révèle assez décevant, offrant peut-être un aspect plastique surprenant et un gameplay assez accrocheur, mais butant sur le fond et surtout sur la prise en main inhérente à la PSP. Des débuts mitigés pour Capcom, qui se reprendra sûrement avec un nouvel épisode de Street Fighter en préparation.
- Graphismes16/20
Fins et particulièrement détaillés, les graphismes de Darkstalkers font honneur à la PSP. Offrant l'une des plus belles 2D vue sur consoles, que ce soit de salon ou portables, DC nous rappelle au passage ce que peut être une animation décomposée avec talent et des attaques réellement impressionnantes. On prend donc un grand plaisir à contempler les décors vivants et le chara-design léché de ce titre décidément surprenant. A noter en revanche l'aspect écrasé lors de l'utilisation du mode 16/9.
- Jouabilité11/20
Malgré l'accessibilité du gameplay et le dynamisme électrisant des combats, permettant une immersion aisée et totale, DC souffre grandement de la croix directionnelle de la PSP, très peu adaptée aux jeux de combats, du moins à la jouabilité 2D. Raide et mal proportionnée, cette dernière permet uniquement de sortir un coup spécial sur deux, et pénalise ainsi le joueur et son ego. De plus, le titre manque quelque peu de technique, même s'il se révèle relativement fun.
- Durée de vie13/20
Si vous désirez terminer dans son entier les modes Tower et Arcade, vous n'êtes pas prêt de lâcher votre PSP. Néanmoins, le premier s'avère tellement lassant sur le long terme, à cause d'une redondance crispante, et le second tellement classique, que vous y réfléchirez peut-être à deux fois avant d'entreprendre l'aventure. La bonne idée reste l'implémentation d'un mode multi bénéficiant du WLAN de la console et permettant de s'affronter à quatre dans des tournois personnalisés.
- Bande son13/20
Les thèmes dispensés tout au long du jeu ne sont vraiment pas marquants, mais certains se détachent du lot, comme celui inhérent au staff roll, ainsi que la présentation de Jedah, accompagnée de coeurs épiques. Les effets sonores plongent quant à eux véritablement bien le joueur au coeur des combats, faisant ressentir avec force la puissance des coups.
- Scénario/
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Premier jeu de combat PSP, Darkstalkers Chronicle fait une entrée en demi-teinte. Magnifique, décalé et prenant, il n'en reste pas moins qu'il possède trop de défauts pour parvenir à se hisser dans les hauteurs de la PSP. En effet ses modes de jeu gadgets et surtout le problème inhérent à la croix de direction de la console de Sony brident ses envies de grandeur. Dommage. Le vampire n'aurait pas dû se montrer au grand jour si rapidement.