A l'heure où le monde du football européen entame une nouvelle saison, la PSP arrive sur le vieux continent avec dans ses bagages une bagatelle de jeux parmi lesquels World Tour Soccer Challenge Edition. Sony sait que les deux ténors de la discipline sont particulièrement difficiles à détrôner de leur pied d'estale mais n'abdique pas et compte bien sur le fait d'être le premier à se lancer dans la bataille pour créer la surprise et s'attirer les faveurs des fans de jeux de foot.
Pour commencer, pensons à définir le style qui caractérise le mieux World Tour Soccer. A mi-chemin entre arcade et simulation, ce titre fait penser à la combinaison du Monde des Bleus et de FIFA. Si le gameplay s'inspire sérieusement du premier nommé, la présence de licences, de quelques gestes techniques et d'un jeu basé sur l'offensive ne sont pas sans rappeler le second. Sony a donc mis de l'eau dans son vin tout en se persuadant de sa capacité à séduire les joueurs avec une approche différente de ce que peuvent nous proposer la plupart des jeux de foot. Il est clair que la sortie européenne de la PSP est une véritable rampe de lancement pour un titre qui aurait sans doute bien du mal à s'imposer, dans des circonstances différentes, face à la renommée d'un PES ou d'un FIFA. Ce que l'on pouvait craindre le plus est que ce titre ne soit là qu'en guise d'accompagnement, de sorte à ce que tous les styles de jeux soient représentés au moment où nous allons pouvoir goûter aux joies de la console portable de Sony. Après plusieurs parties, le tout premier constat que l'on peut tirer est qu'il n'en n'est rien car même si l'impression faite par ce jeu n'est pas des plus extraordinaires, il est indéniable qu'un sérieux travail a dû être produit pour que le résultat final soit celui-ci.
En chiffre, World Tour Soccer, c'est 7 championnats européens (Allemagne, Angleterre, Ecosse, Espagne, France, Italie, Pays-Bas), plus de 80 sélections nationales et une trentaine d'équipes inédites regroupant des sélections continentales ou encore des clubs et équipes rétro qui ont connu la gloire entre 1950 et aujourd'hui. Tout ce beau monde se retrouve dans 8 stades différents pour participer à un total de 7 compétitions internationales dont une coupe réservée aux clubs européens. Malheureusement, aucun mode championnat n'a été prévu dans ce titre et on doit faire avec les épreuves citées ci-dessus en y ajoutant les matchs amicaux et le mode défi. Ce dernier offre un concept assez intéressant puisqu'il permet de glaner des points afin de déverrouiller les nombreux clubs et équipes nationales indisponibles au départ du jeu. Son principe est simple, des points sont attribués en fonction de votre performance sur le terrain. Plus votre jeu est léché, bien huilé et efficace, plus ceux-ci augmentent et vous permettent de passer au défi suivant. En plus des buts qui rapportent gros, un jeu en passe, des tacles précis et un football offensif seront récompensés comme il se doit. Mais le compteur marche dans les deux sens donc si vous perdez un trop grand nombre de ballons et que votre défense ne parvient pas à stopper toutes les attaques adverses, votre capital se verra diminuer.
Sachant qu'aucun club n'est jouable dès le départ, vos premiers objectifs seront d'obtenir un certain nombre d'unités. Celles-ci sont nécessaires pour "acheter" les clubs ou équipes avec lesquels vous voulez évoluer. Bien évidemment, plus vous visez haut, plus le prix réclamé est élevé. A titre de comparaison, l'achat du Stade Malherbes de Caen vous coûtera 20 unités alors que celui du Real Madrid ou du Milan AC amputera votre capital de 100 unités. Tout ceci est bien gentil, mais comment gagner ces fameuses unités ? Et bien tout simplement en remportant les tournois qui vous sont proposés. En plus d'une coupe d'Europe, ceux-ci regroupent un championnat du monde et une coupe par continent. En fonction du niveau de difficulté que vous aurez choisi (il y en a 4 au total), la prime de victoire dans le tournoi ne sera pas la même. Tout ceci est un moyen d'allonger la durée de vie du titre plutôt faible au départ. Cependant, un mode multijoueur en LAN est disponible pour vous permettre de vous mesurer à quelqu'un d'autre car la façon de contrer l'IA vous semblera plutôt répétitive à la longue. Il est clair aussi que si vous décidez de remporter chaque tournoi dans chaque niveau de difficulté, il vous faudra un bon nombre d'heures pour venir à bout de chacune des compétitions proposées.
Au moment d'entamer votre première rencontre, plusieurs paramètres sont réglables à commencer par les conditions de match. Difficulté, durée de la rencontre, système de prolongations et présence de tirs au but sont entièrement paramétrables. Rien de révolutionnaire puisque chaque jeu de foot propose les mêmes options. Le problème est que cela se répercute sur la base de données et sur les réglages des stratégies d'équipes. Ainsi, il est impossible de faire des transferts, ou de modifier l'apparence des joueurs. Il n'a pas non plus été prévu la possibilité de changer la composition du groupe des 22 (et non pas 23 comme cela est le cas depuis des années maintenant...) des équipes nationales. Donc, oubliez le retour de Zidane et Thuram (Makélélé lui est bien présent) dans le groupe France. Au niveau des stratégies, les moins connaisseurs seront satisfaits de pouvoir régler simplement leur façon de jouer mais les puristes seront déçus par le faible nombre de combinaisons et d'ajustements disponibles. On peut bien sûr choisir sa formation et les 11 de départ mais on ne peut pas modifier le placement des joueurs individuellement. En revanche, il nous incombe de décider du nom des tireurs de coups de pied arrêtés, ce qui est la moindre des choses.
Le gameplay, davantage tourné vers l'arcade, demandera cependant à ce que l'on multiplie les passes, surtout si l'on évolue dans un niveau de difficulté élevé. Passement de jambes, roulettes et feintes de corps sont les gestes techniques que l'on peut réaliser pour trouer la défense adverse. On peut même essayer d'influencer les décisions arbitrales en effectuant des plongeons délibérés à la Ravanelli mais l'homme en noir ne se laissera que peu embobiner par ce genre de mauvaise foi. L'animation des joueurs est bonne et le tempo d'une rencontre s'en voit considérablement accéléré. Si on prend le temps de décomposer les mouvements, on s'aperçoit qu'un travail de fond a permis de reproduire les gestes footballistiques de manière assez réaliste. Les tirs ne manquent pas de puissance et tout est fait pour que vous puissiez vous procurer des occasions sans trop de difficultés. Après plusieurs heures de pratique, on se rend vite compte que les gardiens ne sont pas très habiles car même s'il leur arrive de sortir des parades spectaculaires, il se peut qu'ils se trouent misérablement sur un tir anodin. Les passes en profondeur sont également un peu trop simples puisqu'elles sont automatiquement dosées par l'IA et il est rare qu'un appel de balle soit manqué ou qu'une passe fuse derrière les filets adverses.
Les filets, parlons-en puisque le problème évoqué dans la preview n'a pas été résolu, à savoir qu'on a l'impression de scorer dans un filet en fer que même une frappe de Roberto Carlos aurait du mal à faire bouger. Pour ce qui est de l'aspect graphique, même si ce n'est pas tiré du génie, on apprécie la modélisation des joueurs. Cependant, de près ces derniers sont difficiles à reconnaître et quelques errances ont fait que l'on se retrouve avec des joueurs peu fidèles à leur apparence naturelle (par exemple l'attaquant brésilien Adriano est de couleur blanche...). Les stades eux, sont à créditer d'une réalisation correcte même si le public n'est pas du même acabit. Les commentaires assurés par Denis Balbir souffrent d'une grande répétitivité puisqu'il ne se contente quasiment que de nommer le possesseur de la balle et de faire une petite intervention lors des arrêts de jeu. Les supporters sont assez présents et réagissent en fonction du scénario de la rencontre en entonnant même des chants en français, ce qui est un bon point pour ce genre de jeu. Vous l'aurez compris, World Tour Soccer Challenge Edition ne démérite pas et on peut le qualifier de bonne surprise mais on ne saurait que trop vous conseiller d'attendre les sorties de PES et de FIFA si vous préférez les simulations. Pour les autres, le jeu de Sony sera une alternative intéressante.
- Graphismes13/20
Le moteur graphique est d'un bon niveau mais les détails des joueurs souffrent de quelques imprécisions que l'on ne peut laisser passer. On est bien loin de ce qui peut se faire avec FIFA ou PES, davantage d'un point de vue réalisme que modélisation.
- Jouabilité15/20
Le gameplay a l'avantage d'être facilement accessible par tous de par sa relative simplicité et il est rare d'être déçu de l'habileté d'un attaquant. En revanche, la répétition des actions peut lasser rapidement les amateurs de constructions stratégiques.
- Durée de vie13/20
Le défaut majeur est l'absence d'un mode carrière ou championnat national. Le nombre de tournois est trop faible mais le système qui consiste à déverrouiller les équipes une par une peut convenir à ceux qui aiment terminer les jeux en débloquant tout ce qui peut l'être.
- Bande son12/20
Là où les supporters sont convaincants, ce sont les commentaires qui pêchent par leur manque de diversité. Même si ces derniers ne sont pas du ridicule d'un PES, ils ne participent que peu à l'ambiance de la rencontre. Par contre, mention spéciale aux chants des supporters français.
- Scénario/
Tout en reprenant le gameplay du Monde des Bleus, World Tour Soccer Challenge Edition s'est construit une vraie personnalité en gommant pas mal de défauts de son aîné. Sa facilité d'accès attirera les plus réticents mais les amateurs de simulation feront vite l'impasse sur ce titre qui n'a que peu de profondeur dans sa façon d'évoluer. Le tout reste malgré tout d'un niveau correct. Divertissant.