Le flipper, passe-temps bruyant des cafés enfumés qui sentent bon la cacahuète et l'expresso que l'on avale d'un trait, bercé au doux son des billards électriques. Alors que m'sieur Roger commande son second ballon de blanc et que ma'ame Manjou achète un bingo, c'est le rush, le joueur fébrile au fond de la salle décroche le jackpot, ça sonne dans tous les coins. Moi pendant ce temps j'ai fini mon croissant au beurre et j'époussette les miettes avant de quitter les lieux... Tiens, il va faire beau aujourd'hui.
Pauvres flippers si souvent mal traités dans le jeu vidéo. C'est vrai ça, si dans le temps on savait faire de petits bijoux, de nos jours, dès qu'on nous sort jeu de flipper, c'est une catastrophe. Bon, quelque part, on pourrait être plus indulgents avec Ultimate Pro Pinball dans la mesure où il n'est pas si éloigné des titres qui ont pu faire notre bonheur il y a de cela quelques lointaines années. Evidemment dans cette phrase ce qui choque c'est le nombre d'années. Il faut dire que lorsqu'on lance Ultimate Pro Pinball, ce qui frappe l'esprit du fin limier, c'est à quel point il est vide, n'offrant que 3 malheureux flippers horriblement classiques, parfaitement dénués de la moindre fantaisie ludique. Au contraire, ils se complaisent dans un conformisme académique effrayant. Des rampes bien rangées, des bumpers tous placés au même endroit, mon dieu c'est d'une tristesse. Les challenges et défis sont eux aussi parfaitement plats, en somme, on nous met en présence de 3 flippers d'une banalité absolue, des machines qui sont à la discipline ce que Kyo est à la musique. Je sais, c'est un peu rude comme comparaison.
Soit, les tableaux ne sont pas originaux, mais quid du fun ? Et bien il fait triste mine lui aussi en raison d'une certaine mollesse du jeu. Ce n'est pas tant la physique de la bille qui est incriminée ici - elle est même plutôt correcte, contre toute attente - que la réactivité des flips et leur cruel manque de punch. On a souvent l'impression de frapper avec une batte en mousse qu'on pourrait presque voir ployer sous le poids de la bille. Voilà qui suffit amplement à casser le rythme de la chose et à faire perdre une partie conséquente de l'intérêt du jeu. S'enfiler 3 flippers du pauvre qui frappent avec la force d'un sac de figues trop mûres, voilà une expérience que même les plus grands aventuriers de la langue française n'oseront pas qualifier d'extrême. On pourrait plutôt dire que Ultimate Pro Pinball a la variété et la patate d'un Derrick de dernière génération. Or Derrick, lui il est diffusé gratuitement sur les chaînes publiques alors que UPP, il faut le payer.
- Graphismes11/20
Des graphismes somme toute corrects, enfin moyens quoi.. Oui bon, on va dire potables, juste assez pour ne pas faire mal aux yeux sans qu'on puisse vraiment les qualifier de beaux.
- Jouabilité8/20
Il n'y évidemment aucun problème de prise en main, avec une touche pour lancer la bille, deux contrôles des flips et la croix pour secouer le bouzin. Mais des contrôles simples ne font pas un jeu fun, avec son manque d'originalité, de diversité et la faiblesse de son action, Ultimate Pro Pinball se montre soporifique.
- Durée de vie8/20
On peut passer des heures sur un flipper, à condition qu'il soit intéressant ou stimulant, ici on ne trouve que 3 malheureux tableaux et ils sont de piètre qualité.
- Bande son10/20
Le jeu s'efforce de sonner comme un vieux flipper des familles mais là il manque de punch. Musicalement, on oscille entre quelques riffs rocks bateaux et des thèmes électroniques assez pesants.
- Scénario/
Le flipper subit toujours cette curieuse malédiction vaudou qui s'abat sur lui depuis quelques années avec un énième soft qui ne ne brille pas par sa qualité. On fait le tour du jeu en 10 minutes, puis on le quitte pour de plus vertes contrées. Ou alors un café enfumé qui sent bon la cacahuète.