Pas encore très en vogue sur Nintendo DS, les First Person Shooter devront trouver un meilleur représentant que Goldeneye : Au Service du Mal s'ils veulent conquérir les joueurs. Alors que tous les regards sont tournés vers un Metroid Prime : Hunters qui commence à se faire sérieusement désirer, le titre d'Electronic Arts aura bien du mal à susciter l'attention générale tant il brille par sa médiocrité.
Il y a deux bonnes raisons d'appréhender l'arrivée de Goldeneye sur Nintendo DS. Primo, on sait qu'il s'agit d'un simple portage du jeu sorti il y a quelques mois sur consoles de salon ; jeu qui n'avait d'ailleurs pas convaincu les foules. Secundo, le souvenir de Goldeneye sur N64 étant toujours aussi vivace dans nos coeurs, on peut craindre que les développeurs de chez EA ne parviennent qu'à souiller la licence. Une vision certes pessimiste, mais qui se vérifie lorsqu'on prend la peine de passer quelques heures sur ce jeu.
A l'instar des autres versions de Goldeneye, le jeu nous propose d'incarner un agent au service du mal, ou plus précisément au service du dénommé Auric Goldfinger. Remis sur pied par un certain Francisco Scaramanga, l'ancien agent du MI6 que vous contrôlez a pour mission d'éliminer Julius No et sera guidé dans un premier temps par un chauffeur nommé Oddjob. Ce résumé succinct, peu clair et guère détaillé a surtout pour but de faire réagir les inconditionnels de James Bond. Vous l'avez compris, les concepteurs du jeu ont profité de la licence pour faire intervenir des personnages clés de l'univers de l'agent secret, qui, même s'ils proviennent d'histoires et de films parfois différents, n'en sont pas moins les acteurs principaux du jeu vidéo. A vous de juger si ce pot-pourri atypique est une bonne idée ou non. Personnellement, n'étant pas du tout fan de 007, ce n'est pas la présence de Pussy Galore ou Xenia Onatopp qui va me convaincre de l'efficacité du scénario du jeu.
Pour en revenir à ce qui a été dit plus haut, Goldeneye sur DS est bien un portage de l'épisode que l'on a découvert avec beaucoup de déception sur PS2, GameCube et Xbox il y a quelques mois. N'y cherchez aucune particularité propre au support, le jeu est hélas exactement le même. On y retrouve donc les mêmes défauts et les mêmes qualités. Outre le fait que, moyennant un certain temps d'adaptation propre à chaque joueur, la maniabilité se fait sans problème, le confort n'est pas vraiment optimal, et on ne prend pas franchement de plaisir à évoluer dans les environnements du jeu grossièrement réalisés. Les versions consoles de salon n'étaient déjà pas très belles, mais cette mouture DS est carrément en dessous au niveau technique. Et même si l'ensemble tient la route, il n'est pas rare d'y croiser quelques bugs sournoisement infiltrés et plus ou moins gênants.
Mais puisque la poignée d'euros passée dans l'achat du jeu vous motive à aller au-delà de ces considérations, engouffrons-nous plus précisément dans le vif du sujet. Découpée en six missions aux objectifs aussi rares que prévisibles, la campagne solo nous donne l'occasion de tester nos talents de tueur face à des dizaines de Terminator aux lunettes noires. Clonés les uns sur les autres, les ennemis sont tous les mêmes à quelques exceptions près, et réagissent tous de la même façon à votre approche. Caractérisés par leur bêtise et leur absence de réaction, ceux-ci auront parfois une lueur d'intelligence les poussant à vous piéger en utilisant les rares interactions disponibles dans certains environnements. On touche ici l'un des seuls points intéressants du gameplay, à savoir la possibilité d'amorcer des pièges pour éliminer de manière indirecte ses assaillants. A vous de les utiliser à votre avantage tout en évitant de vous laisser prendre de vitesse et de finir incinéré, broyé, et que sais-je encore. La manière dont vous viendrez à bout de vos ennemis sera d'ailleurs prise en compte au moment des statistiques de fin de missions et de l'attribution du score de perfidie du joueur. Le soft nous incite en effet à agir de manière sournoise en faisant preuve d'imagination.
Autre idée sympathique mais pas souvent utilisée dans la pratique, la possibilité de se servir des ennemis comme bouclier humain. Pour cela, il suffit de s'approcher suffisamment d'un garde pour pouvoir le frapper avec la crosse de son arme avant de le saisir d'une simple pression sur Select. Et pour terminer avec ce qui est bon dans Goldeneye : Au Service du Mal, on précisera que notre agent affectionne l'usage de deux armes à la fois, une dans chaque main. Par défaut, on ne dispose que d'un flingue de base (SA 9mm pour les puristes) aux munitions infinies et de grenades, mais on récupère vite de nouveaux jouets bien plus redoutables que l'on contrôle avec les gâchettes de la console. Seule exception, certaines armes lourdes solliciteront l'usage de vos deux mains pour un maniement optimal. A noter qu'il ne suffit pas de passer sur une arme pour la récupérer, dans la mesure où on est obligé de se séparer de la précédente si on souhaite en ramasser une nouvelle, ou la même avec davantage de munitions. Par ailleurs, la jauge de santé est complétée par une jauge de blindage qu'il vaut mieux maintenir au plus haut en récupérant les gilets par balle laissés généralement par les ennemis que vous aurez eu la bonne idée d'éliminer à l'aide d'un head shot propre et sans bavure. Le tour d'horizon du gameplay ne serait pas complet si l'on ne parlait pas des effets du "goldeneye" qui offre différentes capacités à mesure qu'il évolue. Il pourra notamment permettre de voir à travers les murs ou de faire office de bouclier, et ses effets sont accessibles directement sur l'écran tactile à tout moments du jeu.
Peu nombreux, les objectifs principaux sont très conventionnels et ne font pas intervenir de tâches secondaires optionnelles. Les missions sont d'ailleurs extrêmement classiques et linéaires, quand elles ne traînent pas tout simplement en longueur. Les checkpoints sont, à ce titre, plutôt bienvenus, mais vous risquez d'avoir des sueurs froides quand vous jetterez un oeil sur le pourcentage de jeu complété. La campagne solo est en effet très courte, et les maps proposées en parallèle sont uniquement accessibles en deathmatch, seul ou à plusieurs, ce qui limite l'intérêt des parties. Sauf si vous passez par le multijoueur avec plusieurs cartouche qui autorise les parties à 4 en équipes. Avec une seule cartouche, vous pourrez jouer jusqu'à 8 mais seulement en deathmatch. Que dire de plus, sinon que la version DS n'apporte rien de positif par rapport aux autres versions. Le confort de jeu est moindre, la qualité de l'image inférieure, et ce portage n'était vraiment pas nécessaire. On attend maintenant de pouvoir goûter à des FPS beaucoup plus ambitieux sur DS, comme un certain jeu dont le nom commence par un M.
- Graphismes12/20
La réalisation tient la route mais fait quand même pâle figure vis-à-vis des autres versions du jeu qui n'étaient pourtant déjà pas très fameuses à ce niveau-là.
- Jouabilité11/20
Le gameplay ne brille pas par son originalité malgré quelques bonnes idées, et le level design est bien trop fade pour rendre les parties un tant soit peu intéressantes.
- Durée de vie11/20
Le jeu comporte une campagne solo de 6 missions (contre 8 sur consoles de salon), et des maps accessibles aussi bien en solo qu'en multijoueur.
- Bande son10/20
Une bande-son passe-partout qui est à la hauteur des autres aspects du jeu, à savoir très quelconque.
- Scénario12/20
Le scénario a le mérite de regrouper un bon nombre de figures emblématiques de l'univers de James Bond, qui ne sont pas forcément rattachées directement à Goldeneye. Tout ça n'a rien de franchement passionnant de toute façon.
Décevant sur consoles de salon, Goldeneye : Au Service du Mal ne pouvait pas nous impressionner sur Nintendo DS à moins de revoir la plupart des aspects du jeu. Au lieu de ça, EA s'est contenté de nous servir un simple portage d'un jeu qui nous avait déjà beaucoup déçu dans sa version 128 bits. Il faudra encore patienter un peu pour avoir droit à un bon FPS sur ce support.