Avec ses appellations directement issues du champ lexical du dessin et son esthétique naïve et colorée, Graffiti Kingdom semble tout droit sorti d'un livre pour enfants. En fait il n'en est rien, et l'on dit qu'il existe réellement, aux confins du monde, un royaume de Gouache gouverné par un roi et une reine comme à l'époque des contes. Parce que nous n'en aurions jamais entendu parler si le royaume avait continué à prospérer, le prince Pixel a fait ce qu'il fallait en libérant le seigneur du mal de sa prison. A cause de sa curiosité exacerbée, le prince Pixel, du haut de ses dix ans, va enfin avoir l'occasion de devenir un héros en repoussant un à un les sbires du démon grâce à la baguette graffiti qu'il a trouvée. Heureusement pour lui, Pastel, une jeune fille ayant vaguement l'apparence d'un chien, lui apprendra à maîtriser toute la puissance de cette nouvelle arme capable de donner vie à des monstres.

Le point de départ du titre, qui fait d'ailleurs toute son originalité, réside donc dans l'utilisation de ce pinceau magique. Concrètement, à chaque fois que Pixel rencontre une créature hostile, il peut tenter de copier son apparence pour se transformer en cette créature afin de disposer lui-même de toute la panoplie d'attaques du monstre. L'idée est intéressante et pour le moins originale, reste à savoir ce qu'elle apporte concrètement au gameplay. Pour tout vous dire, seule l'envie de découvrir et d'expérimenter soi-même de nouvelles attaques et de nouveaux mouvements peut pousser le joueur à recourir à cette capacité. Dans la pratique, la créature dont on dispose déjà au départ est généralement plus pratique à utiliser et plus efficace pour venir à bout des ennemis rencontrés, ce qui rend la fonction "copier" assez dispensable. D'autant que le temps de copie est limité et que l'on ne peut recourir à cette technique que cinq fois au maximum. La plupart du temps, vous vous retrouverez donc dans la peau d'un ours en peluche multicolore assez moche mais suffisamment efficace pour que l'on préfère s'en contenter. Sous l'apparence du prince Pixel, le héros ne peut en effet pas se battre, mais seulement utiliser le pinceau.

L'autre capacité primordiale de la baguette graffiti consiste à créer des créatures totalement inédites en les dessinant soi-même par le biais d'une interface prévue à cet effet. Un tutorial vous explique comment donner vie à un monstre en 3D de façon simple. Je ne vous cacherai pas que, dans la pratique, le système est loin d'être intuitif et efficace, mais il permet tout de même de réaliser rapidement des choses qui tiennent la route, avec des bras et des jambes, et qui sont capables de se battre. A partir de là, c'est à vous de solliciter votre imagination pour créer les monstres qui vous semblent intéressants ou amusants. Il suffit ensuite d'assigner les différentes créatures sur chacune des directions de la croix directionnelle pour pouvoir les activer facilement une fois dans le jeu. A l'inverse des créatures copiées, celles-ci n'ont pas de durée limitée et peuvent être utilisées autant que vous le voudrez. Sachez toutefois que vous ne pourrez pas influer sur tous les aspects de vos monstres, en dehors de leur apparence physique ou leur voix. Les attaques et l'amplitude des mouvements ne peuvent en effet pas être modifiées librement.

Tout ceci est mis au service d'un action-RPG exagérément simpliste et qui s'adresse en priorité aux enfants. On se contente de traverser des niveaux relativement courts, qui comportent parfois quelques pièges mais dont le niveau de difficulté est volontairement très faible. Tous les ennemis s'éliminent de la même façon, en mitraillant le seul et unique bouton de coups pour enchaîner les frappes, ce qui rend les affrontements bien monotones. La caméra doit être gérée manuellement et se contente d'offrir un angle de vue minimum, ce qui pose pas mal de problèmes lors des phases de plates-formes. Les boss s'exterminent tout aussi facilement que le premier ennemi venu, et les énigmes sont inexistantes. Les gains d'expérience et la montée de niveau du héros ne rendent pas les choses plus palpitantes, et il faut attendre un temps interminable avant que le tutorial de dessin ne livre tous ses secrets. Le mode Scénario n'offre que quelques heures de jeu, mais c'est largement suffisant quand on voit le manque d'intérêt global de la progression. Même chose pour le mode Duel qui se débloque une fois l'aventure principale terminée, et où l'on peut livrer bataille contre un autre joueur ou contre des créatures contrôlées par la console. Au final, il ne reste que la collecte des cartes monstres qui peut donner envie de s'éterniser plus que de raison dans Graffiti Kingdom, et encore... Incontestablement, ce titre ne fera pas date dans l'histoire du jeu vidéo malgré son approche audacieuse et originale.