Sid Meier's Pirates! arrive enfin sur Xbox, plusieurs mois après la version PC qui elle-même est en fait un remake d'un très vieux jeu nommé Pirates! sorti entre autres sur Amstrad CPC 6128. Proposant évidemment des graphismes revus et corrigés, l'opus sur Xbox se différencie aussi et surtout de son homologue PC par sa jouabilité. Hélas, celle-ci s'avère beaucoup moins convaincante ce qui hypothèque d'emblée les chances que le jeu a de nous séduire.
Et oui, ce qui marque le plus lorsqu'on joue à cette adaptation console, c'est le fait que l'on n'ait pas de souris pour effectuer toutes les actions disponibles, et on peut dire qu'elles sont nombreuses. Le joueur incarne en effet un pirate qui va devoir se faire un nom dans une fin de XVIIème siècle pas toujours très pacifique, c'est le moins que l'on puisse dire. Pour cela, vous disposez dès le départ d'un bateau et d'un équipage et ce sera à vous d'améliorer votre frêle esquif, d'enrôler du personnel, de gagner de l'argent et même de vous constituer une véritable flotte d'au maximum six navires. Pour accomplir tous ces exploits et devenir riche, plusieurs méthodes s'offrent à vous, le jeu vous laissant une grande liberté d'action. Il est ainsi possible d'attaquer les autres bateaux pour les piller, de faire du commerce, de rechercher des trésors...
Le jeu dispose donc de plusieurs types de gameplay. Il y a tout d'abord la gestion qui se passe essentiellement dans les ports. Une fois que vous êtes dans l'un d'entre-eux, il est possible d'acheter des denrées pour les revendre plus cher ailleurs, d'engager du personnel pour vos navires, de procéder à des améliorations de vos bateaux... Autre phase de jeu, la navigation. Vous disposez alors d'une carte et vous devez vous diriger grâce à la manette à l'endroit voulu. Bien sûr, vous n'êtes pas le seul à voguer dans les mers du Sud et il est tout à fait possible d'attaquer les autres navires. Pour cela, une simple pression sur une touche suffit et vous passez alors en mode combat. Vous tirez différentes sortes de boulets de canon sur l'adversaire ou même tentez de vous en approcher pour passer à un affrontement à l'épée. Hélas, le nombre de coups disponibles est assez faible. Si vous réussissez à affaiblir assez le navire ennemi avec vos boulets de canon ou que vous gagnez votre affrontement à l'épée, vous pourrez piller le bateau et le couler ou même le garder pour compléter votre flotte.
Mais la vie d'un aventurier n'est pas constituée que par la recherche du profit puisque le jeu tient aussi compte de la situation géo-politique d'ensemble. Ainsi, si vous aidez tel ou tel pays en coulant des navires ennemis, vous pourrez en tirer quelques avantages en gagnant de l'or ou différentes récompenses données par la nation que vous avez servie. Mais attention, car il y a aussi des inconvénients à aider un pays en particulier et vous pouvez très bien par la suite vous faire attaquer en pleine mer ou même vous faire fermer l'accès à certains ports, ce qui vous obligera, si vous voulez y accéder et piller ses richesses, à former une armée et à débarquer de force. Le jeu passe alors dans une sorte de mode que l'on pourrait qualifier de "STR light" dans lequel vous dirigez vos troupes contre les défenses de la ville. Il vous faudra aussi peut-être entrer très discrètement dans un port particulier, pour y rechercher une personne par exemple. Le jeu passe alors en vue à la troisième personne en 3D et vous dirigez votre avatar en essayant de ne pas vous faire remarquer. C'est un peu un mini-jeu d'infiltration.
Mais l'un des aspects les plus originaux du jeu, c'est que si vous servez de façon fidèle un gouverneur, il pourra vous présenter sa fille. Pour la conquérir, il va falloir danser avec elle dans de grands bals. Les pas de danse s'effectuent en appuyant sur les touches de la manette dans le bon ordre et dans le bon rythme. Si vous arrivez à passer avec succès cette épreuve, sachez que les filles des gouverneurs peuvent vous révéler des informations importantes, vous donner des objets fabuleux... Bref, hormis la liberté d'action, c'est la variété qui est le maître mot de ce jeu puisque comme on l'a vu, il comporte des phases d'infiltration, de gestion, de combat, de STR et même de danse. Hélas, le jeu Xbox ne bénéficie pas de la jouabilité intuitive de son homologue sur PC et les temps de chargements sont en outre assez gavants surtout lorsqu'ils se produisent entre deux menus. Bref, même si le jeu reste sympa, privilégiez plutôt la version PC qui s'avère bien plus abouti.
- Graphismes14/20
Un peu moins fins que sur PC, le jeu reste tout de même plutôt joli.
- Jouabilité12/20
C'est là que le bât blesse. Si le gameplay est très riche, le problème se situe au niveau des commandes qui perdent une grande partie de leur intuitivité à cause de l'absence de souris. De plus, les temps de chargements à l'intérieur des menus hachent le rythme du jeu ce qui n'arrange rien.
- Durée de vie15/20
Si une partie se boucle globalement en moins de 10 heures, Pirates! dispose d'un potentiel de rejouabilité assez énorme pour peu que vous accrochiez au jeu. Ainsi, on peut vivre une vie de pirate sans pitié, de commerçant des mers, de chasseur de trésors...
- Bande son14/20
On regrette un peu l'absence de voix (les personnages ne s'exprimant que par onomatopées). Sinon, les musiques et les effets sonores restent agréables même après quelques heures de jeu, ce qui n'est pas un mince exploit.
- Scénario15/20
On reste très libre de ses actions puisque la quête principale est noyée dans les quêtes secondaires et on peut aussi vaquer à ses occupations. Une liberté appréciable.
Décevant, voilà le mot qui vient en premier à la bouche lorsqu'on a joué à la version PC et que l'on essaie ensuite cette adaptation Xbox. En effet, outre l'aspect graphique évidemment moins convaincant, c'est la jouabilité qui pâtit le plus du portage. L'utilisation de la manette n'est pas tout à fait adaptée à ce genre de jeu et si les développeurs ont fait de leur mieux pour transposer les commandes, ça reste très limite au niveau de la prise en main. Autre problème, les temps de chargements incessants qui n'incitent pas à poursuivre très longtemps l'aventure. Dommage, car le fond du jeu n'est pas en cause et s'avère toujours aussi riche. Au final, on passe d'un excellent titre sur PC à un jeu sympathique sans plus sur Xbox.