En 2002, lors de la sortie dans le commerce de Rhem, les réactions des joueurs vis à vis de ce Myst-like ont été aussi diverses que tranchées. Alors que certains lui reprochaient son aspect graphique daté et un gameplay vieillot, d'autres louaient la grande qualité de ses énigmes. Le second volet du titre ne risque pas non plus de laisser indifférent puisqu'on peut dire que les auteurs, ou plutôt l'auteur du jeu, a employé la même recette et a privilégié la logique des puzzles avant tout.
Et oui, Rhem est un jeu qui a été conçu et développé essentiellement par une seule et même personne, un allemand passionné : Knut Müller. Le moins que l'on puisse dire c'est que le boulot qu'il a abattu est énorme puisque son jeu n'a rien à envier aux grosses productions au niveau de la durée de vie et de la consistance des énigmes. Bon, évidemment, sur le plan sonore et graphique c'est une autre histoire et on voyait bien l'amateurisme qui se dégageait de l'ensemble. Cependant, cette médiocrité au niveau de la réalisation n'a pas empêché au jeu de rencontrer un certain succès auprès des puristes du jeu d'aventure-réflexion. C'est pourquoi un deuxième volet a été mis sur les rails et est désormais disponible. L'histoire de ce dernier commence à la fin du premier épisode et on est désormais plongé dans un dédale de souterrains et de grottes emplis de mystères.
Mais ne vous y trompez pas, tout comme dans le premier opus, le scénario ne tient pas une très grande place et ce sont bien les énigmes qui ont le premier rôle dans l'aventure. Celles-ci sont vraiment superbement conçues et toujours logiques. Attention cependant car logique ne veut pas dire facile et on s'arrache les cheveux devant la complexité du monde de Rhem 2 : mécanismes divers et variés, pièces cachées, cristaux lumineux, véhicules au fonctionnement étrange sont monnaie courante dans le jeu. On arpente des dédales, on essaie de progresser tant bien que mal pour, au final, découvrir un chemin caché qui mène dans une... Non mais quoi ? Vous croyez vraiment que je vais tout vous révéler ? C'est mal me connaître ! Avant d'en arriver là il va falloir faire marcher votre tête, vous munir d'un bloc-notes pour noter tous les indices disséminés ça et là, activer des interrupteurs et collecter quelques objets qui vous seront indispensables à un moment ou à un autre. Hormis les énigmes qui sont du type "à s'arracher les cheveux", l'autre difficulté du jeu vient de l'architecture des niveaux labyrinthiques : couloirs et salles s'enchevêtrent sur plusieurs niveaux et on a tôt fait de s'y perdre. Surtout que rien ne vous indique où il faut vous rendre pour progresser.
Pour ce qui est de la prise en main, on se retrouve face à un jeu que l'on pourrait qualifier "de la vieille école". En clair, on se déplace en écran par écran un peu comme dans Myst et les dernières innovations apportées pour ce genre de gameplay comme la vision à 360 degrés, n'ont ici pas été implémentées. On avance donc sans pouvoir regarder autour de soi (impossible de lever ou de baisser la tête sauf à de rares endroits où ces actions ont étés prévues). Graphiquement non plus ce n'est pas l'extase. Même si certains décors sont jolis, ça manque cruellement d'animations. Les progrès sont cependant notables comparés au premier volet. La résolution par exemple passe de 640x480 dans Rhem 1 à 800x600 dans Rhem 2. De même, la bande-son s'avère être un peu meilleure. Bien évidemment sur ce plan, on est toujours loin d'un jeu développé par une véritable équipe de développeurs chevronnés comme peut l'être celle d'Ubi Montréal, mais bon, il y a du mieux. En tous les cas, on n'ose imaginer ce que donnerait un jeu de Knut Müller si celui-ci intégrait un gros studio. Un hit certainement, puisqu'alors les points faible au niveau de la réalisation serait certainement gommés. Que dire au final sur ce jeu ? Et bien qu'en fait il est destiné à un type de public bien particulier. Si vous n'avez que très peu joué à des jeux d'aventure, vous pouvez passer votre chemin car la difficulté de Rhem 2 est vraiment très importante et risque de vous faire vite abandonner. En revanche, si vous êtes un inconditionnel de Myst-like, d'énigmes difficiles et que vous êtes prêt à passer l'éponge sur la réalisation datée du soft, alors vous pouvez vous laisser tenter par Rhem 2 qui vous apportera à n'en pas douter de nombreuses heures de jeu et de réflexion.
- Graphismes8/20
Résolution bloquée en 800x600, impossibilité de regarder autour de soi, la réalisation graphique est loin d'être convaincante. Cependant, les progrès depuis le premier volet sont notables et certains écrans sont jolis. Mais face à un Myst 4, le jeu ne fait pas un pli.
- Jouabilité13/20
On regrette surtout qu'il n'y ait pas de vision à 360 degrés, alors que c'est le cas dans la plupart des Myst-like. Sinon, l'interface est très classique et il suffit d'utiliser la souris pour se déplacer et agir : simple et efficace.
- Durée de vie15/20
Alors là, il faut avouer que la durée de vie est importante. Le jeu est vaste et la difficulté est vraiment très élevée. Pour vous donner une idée, à côté de Rhem 2, Myst semble facile.
- Bande son10/20
Si la bande-son du premier volet était, il faut bien le dire, nulle, celle de ce second opus s'avère un peu meilleure mais n'est toujours pas au niveau des grosses productions actuelles. Ca manque cruellement de morceaux musicaux !
- Scénario12/20
Le jeu commence là où s'est arrêté Rhem premier du nom. Hélas, le scénario est toujours aussi minimaliste, l'auteur ayant privilégié les énigmes.
Tout comme Rhem, Rhem 2 est un jeu d'aventure réservé à un public averti. Se déroulant en écran par écran, ses énigmes sont d'un très bon niveau. Ultra difficile, réclamant une bonne dose de patience et un bloc-notes très épais pour noter les indices glanés ça et là, le jeu est austère mais plaira certainement aux amateurs prêts à lui pardonner sa réalisation datée. Bref, un titre très loin d'être grand public, élitiste, mais au combien jouissif quand on apprécie les puzzles à s'arracher les cheveux.