La série des Tales Of ayant le vent en poupe depuis quelques temps, il est plus que logique de la retrouver sur PSP. S'il faudra attendre encore un peu pour jouer à un hypothétique épisode inédit, on se félicitera malgré tout d'avoir droit au deuxième épisode de la saga qui représente aujourd'hui encore une valeur sûre du RPG. Maintenant, bien qu'il soit un peu regrettable que nous n'ayons droit qu'à un copier-coller de la version PSOne, on croisera les doigts pour que ce petit bijou arrive enfin en France, en profitant du succès de Tales Of Symphonia sur GameCube. Tout en priant bien fort pour que Namco nous entende, ouvrons les portes de ce monde de magie qui n'a rien perdu de sa superbe en arrivant sur PSP, bien au contraire.
Comme toute histoire a un début, celle de la série des Tales Of débute sur Super Nintendo en 1995. Le premier épisode, Tales Of Phantasia (qui a depuis été traduit en français par des passionnés), rencontre un succès suffisant pour que Namco sorte trois ans plus tard Tales Of Destiny sur la Playstation première du nom. Ensuite, ce sera au tour de Tales Of Eternia de voir le jour sur la même console puis suivront divers épisodes sur GBA, GameCube et PS2. Si nous avons récemment découvert cette grande saga via le somptueux Tales Of Symphonia, les Etats-Unis ont eu beaucoup plus d'égards sachant qu'ils ont accueilli les Tales Of avec le premier Tales Of Destiny. D'ailleurs dans leur grande logique, ils ont cru bon devoir renommer Tales Of Eternia en Tales Of Destiny II alors que le véritable Tales Of Destiny II a vu le jour sur PS2 au Japon en 2002. Oui je sais, c'est du n'importe quoi mais que voulez-vous, les lois du marketing sont impénétrables. Quoiqu'il en soit c'est désormais au tour de la PSP de recevoir Tales Of Eternia dans une version quasi conforme à son homologue PSOne.
Le synopsis de cet épisode nous place aux abords du village de Rasheans. Comme il est de coutume, ce charmant hameau vit depuis la nuit des temps dans le calme et la sérénité, sans se soucier du temps qui passe. Mais un jour, alors que deux jeunes enfants, Reid Hersehel et Farah Oersted, sont en train de papoter au sommet d'une tour de guet, une mystérieuse boule de lumière zèbre le ciel et va s'écraser dans les environs. Nos jeunes aventuriers en herbe échappent de peu à la catastrophe et sans se faire prier, décident ni une, ni deux, d'aller enquêter sur le phénomène qui vient de se produire. Ils finiront par mettre la main sur la dénommée Meredy, accompagnée de Quickie son animal de compagnie, qui semble avoir survécu au crash de la boule de lumière qui est en fait un vaisseau spatial. Porteuse d'un message venu de l'espace, la demoiselle a bien du mal à se faire comprendre de la populace environnante mais ceci n'empêchera pas Reid et Farah de partir à l'aventure pour connaître le fin mot de cette histoire. Si on peut voir quelques points communs entre le début de Tales Of Eternia et Star Ocean : The Second Story (qui avait écopé à l'époque d'un très injuste 12/20 sur JV !!), l'ambiance est bien différente en cela que celle de TOE mise beaucoup moins sur le côté futuriste que celle de SO. On y retrouve ainsi toutes les composantes du RPG de base : le petit groupe de héros éclectiques qui va affronter des forces obscures, des rencontres qui viendront grossir ledit groupe, des retournements de situations, des grands méchants charismatiques ET une histoire d'amour entre le héros et tout ce qui touche de près ou de loin à la gente féminine. Bien que le scénario se laisse suivre grâce à une construction qui ne perd pas trop de temps (et ce malgré quelques dialogues bien trop longs qui n'apportent pas grand chose), la qualité graphique joue pour beaucoup dans la délicieuse ambiance féerique du titre.
Comme on pouvait s'en douter, le jeu n'a pas pris une ride, du moins en ce qui concerne les superbes décors en 2D qui font toujours autant d'effets aujourd'hui. A l'heure où la 3D envahit l'industrie vidéoludique (et c'est également vrai pour les Tales Of), il est rafraîchissant de se retrouver devant un tel jeu qui sait si bien mettre en valeur le talent des graphistes, sachant que ces derniers ont fait la part belle aux couleurs chaudes et aux détails qui fourmillent dans chacun des plans. Maintenant, si le fait d'avoir droit à une version 100% identique à celle d'origine ne choque pas, on regrettera par contre le léger flou au niveau des personnages lors des phases de combat. D'autant plus dommage que ce souci n'était pas visible sur PSOne. On aurait aussi apprécié d'avoir droit à une carte du monde embellie, l'originale étant relativement laide. Mais hormis ces écueils, le graphisme de Tales Of Eternia est un enchantement de chaque instant qui, s'il n'atteint pas le niveau de Saga Frontier 2, illuminera l'écran de votre portable. D'ailleurs, pour ceux qui connaissent la version US, attendez-vous à un choc en ce qui concerne la bande-son qui avait bien évidemment été remaniée Outre Atlantique. Ainsi, le générique d'ouverture profite cette fois d'une chanson japonaise plutôt plaisante mais ce sont surtout les doublages qui étonnent. Rétrospectivement, on se rend vite compte à quel point le doublage américain était pitoyable, avec des voix beaucoup trop adultes pour les personnages principaux ou des doubleurs amorphes qui ne croyaient pas une seconde à ce qu'ils racontaient. Bref, c'est un bonheur d'avoir droit aux voix japonaises, même si d'un autre côté, on regrette bien évidemment les sous-titres anglais. Dans tout ça, on se dit que l'évolution technologique a du bon puisque si le jeu tient sur un seul UMD (contre 3 cds sur PSOne), l'intégralité des superbes cinématiques et des dialogues sont de la fête.
Bien que la saga des Tales Of se soit bâtie sur une charte graphique exemplaire, c'est surtout son système de combat dynamique qui a fait sa renommée. Si de prime abord, on peut penser que la jouabilité est basique et sans saveur, il faut vraiment jouer quelques heures pour comprendre à quel point le gameplay est évolué. Premièrement, à l'inverse de moult RPG, les combats (dont la fréquence est malheureusement assez élevée) se jouent sur un plan horizontal (à l'instar du fabuleux Valkyrie Profile) et se déroulent en temps réel. Vous allez donc pouvoir bouger votre personnage comme bon vous semble et donner des ordres à vos compagnons une fois qu'ils auront rejoint vos rangs. Tout d'abord, avant de rentrer dans le vif du sujet, vous pourrez modifier l'emplacement de vos trois acolytes afin que vos combattants les plus faibles soient cantonnés à l'arrière. Trois configurations sont possibles et vous pourrez switcher entre elles à tout moment. A noter que si la version PSOne proposait à trois de vos amis de diriger vos compagnons grâce au Multitap, cette option a disparue en arrivant sur PSP, et ce malgré le Wireless. Précisons aussi qu'il sera bon de placer vos magiciens entre deux guerriers dans une des configurations afin d'être près pour les combats où vous serez pris en tenailles par vos ennemis.
Vous pourrez également choisir le mode Auto ou Semi-Auto pour les affrontements. Si le premier parle de lui-même, le mode Semi-Auto est très pointu car vous devrez passer par une phase de personnalisation en assignant les techniques spéciales des personnages à des touches de raccourcis ou en choisissant soigneusement le comportement de vos camarades. Vous aurez donc l'occasion d'influer sur le degré agressivité de vos compagnons, ceci étant aussi valable pour l'utilisation des techniques d'attaques ou les soins. Enfin, 16 stratégies individuelles seront au programme et selon vos convenances vous déciderez si un personnage doit attaquer les ennemis solides, les adversaires les plus forts, couvrir votre personnage principal, etc. En plus de la possibilité de fabriquer vos propres objets afin de restaurer vos points de vie (HP) et de magie (TP), le jeu profite d'un système d'invocations très intéressant. Ainsi, Meredy et Keele (un magicien que vous rencontrerez très vite) pourront faire loger des dieux dans un cristal afin d'utiliser les pouvoirs de ces derniers en combat. Plus vous les utiliserez plus vous disposerez de techniques spécifiques à chacune des déités. Une autre idée vous permettra de profiter de pouvoirs particuliers en fonction des dieux insérés dans le cristal. Ainsi la combinaison Ifrit/Ondine ne donnera pas le même résultat que Ondine/Sylph ou Sylph/Ifrit. Simple mais terriblement efficace à l'image du déroulement des combats.
Tout se base sur une combinaison des différentes touches pour attaquer ou donner des ordres. Par exemple la combinaison Croix, Croix+direction (haut, bas, gauche ou droite) sera synonyme d'enchaînement. La même méthode sera de mise pour les techniques spéciales, seul la Croix étant remplacée par le Rond. A ce sujet, plus vous progresserez dans l'utilisation desdites techniques, plus votre palette de coups grossira. C'est donc en multipliant les techniques basiques et spéciales que la voie vers les techniques sacrées s'ouvriront à vous. Une autre chose très importante à ne pas sous-estimer est le placement de votre personnage. Ainsi si Reid est devant ses compagnons et qu'il pare une attaque magique, ceci évitera aux personnages qui sont derrière lui d'être touchés. Enfin, si vous n'êtes pas satisfait du déroulement de la bataille, vous pourrez choisir de fuir (en courant vers une des extrémités de l'écran) ou de passer par un menu d'inventaire pour modifier votre équipement, vos techniques ou changer les ordres que vous pouvez donner à vos personnages. Pêle-mêle on citera aussi le lock des ennemis, les dash ou les ordres de groupe pour que ce dernier se replie ou saute de concert. Il y a tellement d'autres choses à dire sur Tales Of Eternia que la place me fait défaut. Dans tous les cas, cette version PSP sera une bonne occasion pour Namco de sortir le jeu en Europe, d'autant que le mélange grande aventure/énigmes/mini-jeux associé au charme désuet (et irrésistible) de ce titre devrait convaincre un grand nombre de joueurs. Tales Of Eternia fait partie d'une des plus grandes séries de RPG et il serait dommage qu'un tel joyau ne puisse être apprécié de tous...