Il y a toujours des expressions en vogue qui accompagnent les tendances et les modes. Par exemple on se souviendra de l'époque des "ta mère". A l'heure actuelle l'expression à la mode c'est "armes de destruction massive". C'est beaucoup plus difficile à caser dans une conversation mondaine mais alors quand on y arrive, l'effet est garanti. Parce que bon, vous imaginez Georges Bush lancer un "ta mère c'est Sim" à un dirigeant du Moyen Orient ? Alors.
Pourtant, curieusement, la mode des "ta mère" n'a pas, à ma connaissance, donné naissance à un jeu vidéo quelconque, alors que les armes, si, dont celui qui nous intéresse aujourd'hui. Enfin quand je dit "intéresse", c'est une façon de parler. Après une introduction résolument palpitante qui vous expose le scénario dans un texte déroulant vraiment passionnant, voilà que l'on plonge brutalement dans le jeu. Et là, c'est un peu le choc puisque rien ne nous avait préparé à une telle provocation au plus élémentaire bon goût. C'est simple, Conspiracy : Armes De Destruction Massive, c'est à peu près aussi laid que pouvait l'être Turok Evolution. C'est pas peu dire. Le jeu affiche fièrement ses textures basse résolution immondes, recouvertes d'un aliasing assez violent pour qu'on ait l'impression qu'un tortionnaire breton nous frotte les yeux avec une râpe à gruyère.
Mais on n'insulte pas le bon goût en se limitant à une simple grossièreté des traits. Pour bien faire les choses il faut aussi savoir choisir ses couleurs en optant pour des tons criards ou pastels, mais collés les uns sur les autres, de façon à afficher des arbres verts fluo au milieu desquels se promènent des personnages vêtus de tenues beiges très claires ou bleues. Des personnages évidemment très vilains et peu variés. Bien sûr, il est des joueurs qui ne s'arrêtent pas à ces quelques considérations bassement superficielles et qui vont chercher à découvrir la véritable beauté intérieure du jeu puisque, comme vous le dira n'importe quel jeu moche, c'est cette beauté là qui compte vraiment finalement. L'ennui c'est que Conspiracy est aussi laid dehors que dedans et que les tréfonds de sa personnalité, de son âme même n'ont rien de très attirant. Autant dire qu'il finira vieux jeu avec des chats, sans jamais avoir trouvé un joueur qui veuille bien de lui. On n'avait pas vu un FPS aussi creux depuis bien longtemps et pourtant on en voit passer des palettes entières. Choisissez parmi cette glorieuse liste de tares : une IA totalement débile aux réactions souvent risibles, un level design laborieux et linéaire ou encore des objectifs auxquels on ne prête aucune attention. Fatalement avec ça, comment voulez-vous que Conspiracy arrive à séduire. Si au moins il était drôle, mais non, même pas, ou alors sans le vouloir. Non vraiment Conspiracy, t'es gentil, mais je préfère vraiment qu'on reste copains.
- Graphismes6/20
Coller des textures baveuses en basse résolution, ce n'est pas comme cela que l'on dissimule des modèles 3D anguleux taillés avec un canif en silex. Pas plus que recouvrir le tout d'aliasing puisse être considéré comme une méthode efficace pour faire oublier à quel point les personnages croisés dans le jeu manquent de variété.
- Jouabilité5/20
Tout pour plaire. On commence avec une IA embryonnaire, on enchaîne avec des niveaux linéaires pour se retrouver emmêlé dans une prise en main qui souffre du manque de précision presque honteux des armes. Finalement Conspiracy est en lui-même une arme de destruction massive.
- Durée de vie5/20
Soyons honnêtes, quand bien même le jeu comprendrait 50 niveaux, personne n'irait s'amuser à les compléter. Vu son intérêt, Conspiracy vous laissera sur le carreau en une heure.
- Bande son6/20
De rares voix qui craquent à cause d'un échantillonnage foireux, des musiques pénibles et des effets sonores pathétiques. Au moins on donne à fond dans le mauvais.
- Scénario/
Décidément ces histoires d'armes de destruction massive, ce ne sera toujours que de mauvais prétextes pour nous servir n'importe quelle saleté honteuse. Au moins avec les histoires de "ta mère", on peut rigoler.