Avec Dragon Ball Z, Saint Seiya est sans doute une des séries animées qui a été la plus populaire en France durant les années 90. Une génération de fans se sont suspendus aux aventures des chevaliers de bronze qui à force de courage et de pugnacité se sont défaits de toutes les puissances divines qui avaient eu l'outrecuidance de se dresser devant Athena. Comme la série est récemment revenue sur le devant de la scène via le manga Saint Seiya Episode G et les OAVs concernant la partie d'Hades, il était inévitable que l'industrie vidéoludique saute sur l'occasion afin de nous concocter une énième aventure dans le monde de Kurumada Masami. Si nous en attendions énormément, surtout après le succès des DBZ Budokai, la déception n'en sera que plus grande au vu d'un résultat n'ayant pas réussi à trouver le juste équilibre entre le respect de l'oeuvre originale et son gameplay. A croire que pour être en total accord avec leur sujet, les programmeurs se sont pliés en quatre pour développer à la vitesse de la lumière…
L'introduction de ce test pourrait être l'antithèse de celle du test de God Of War, tant le jeu qui nous intéresse aujourd'hui doit sa naissance à un nom, une série, une renommée internationale. Si on compare souvent DBZ à Saint Seiya sur le plan de la narration (qui file en ligne droite en respectant le schéma plus ou moins classique des Shonen Manga), on peut affirmer que la création de Kurumada a été transcendée lors de son passage sur le petit écran, à la différence de celle de Toriyama qui a uniquement trouvé son reflet dans ce miroir visuel. Si le succès des Chevaliers du Zodiaque repose davantage sur les thèmes abordés ou sur ses personnages débordants de charisme que sur son développement très longitudinal, il faut aussi reconnaître que le design androgyne de Shingo Araki a insufflé une dimension pleine de grâce qui manquait un peu au trait plus rond du mangaka. Bien que cette saga de 114 épisodes soit assez inégale dans le traitement des différentes périodes, il est impossible pour quelqu'un qui a vu le dessin animé d'avoir oublié les terribles combats du Sanctuaire ou la phénoménale saga d'Asgard qui reste pour moi la meilleure partie de la série, ne serait-ce que pour la multitude de personnages magnifiquement tragiques à l'image de Syd de Misare, Mime de Benetnash, Alberic de Megrez ou encore Siegfried. Néanmoins, ce sont bel et bien les chevaliers d'or qui ont le plus marqué les mémoires et c'est fort logiquement que nous les retrouvons dans un jeu qui est entièrement dédié à la grande bataille du Sanctuaire.
L'intention des développeurs, qui est de respecter à la lettre ce passage du manga, est en soi une très bonne chose sachant que c'est généralement un point aisément critiquable par les fans. Ici, nul besoin de porter bien haut l'étendard du mécontentement puisque vous allez retrouver toutes les scènes marquantes de l'animé en plus des 12 combats qui vous mèneront jusqu'à la chambre du Grand Pope, seul capable de sauver Athéna d'une mort certaine. En parlant d'immersion, on remerciera Atari de ne pas nous avoir refait le coup de la Grande arnaque en nous sortant le jeu avec des doublages US puis en nous le proposant ensuite dans une pseudo version Collector avec les doublages japonais, à l'image de Budokai 3. Remarquez, vu que Saint Seiya ne connaît pas encore le même succès que DBZ aux US, il est logique de bénéficier des doublages japonais. Vous n'allez tout de même pas croire que c'est par pure gentillesse qu'Atari nous propose d'emblée la version tant attendue ?! Par contre, ne vous fiez pas à ce qui est écrit sur la jaquette en ce qui concerne les voix françaises originales puisque hormis les doubleurs d'origine de Seiya et Saori, toutes les autres voix sont nouvelles.
En marge des doublages cuvée 2005 qui sont des plus mauvais, sans une once d'inspiration et manquant singulièrement de pêche, un autre problème se pose à nous : les thèmes musicaux. Je dois avouer que j'avais déjà été très déçu en jouant à la version japonaise qui avait remixé ou passé à la trappe certains des somptueux thèmes du grand Yokoyama Seiji, mais le constat est encore plus décevant en PAL vu que les thèmes originaux ont simplement disparu. Effarant d'autant que l'aspect sonore est une des données essentielles de l'animé ! En bref, nous devrons nous contenter de musiques s'inspirant du travail de Yokoyama mais qui ne leur arrivent jamais à la cheville. Problèmes de droits ? Je ne saurai le dire mais c'est une grosse déception. Ceux qui ont joué à la version japonaise seront peut-être surpris de ne pas retrouver le générique de la série (refait en images de synthèse) entre chaque combat du mode Histoire. En fait, ledit générique est bel et bien présent mais pour en profiter, vous devrez laisser tourner le jeu pour l'écouter. Malheureusement, ici aussi, la musique originale a été remplacée par un déplorable gargouillis synthétique, une véritable honte !
En parlant de bonus, notez que vous en trouverez de véritables au fur et à mesure de votre progression. Vous aurez ainsi le loisir de revoir les cinématiques du mode 12 Maisons D'or, de débloquer les musiques (sigh !!), des cartes de collection, des fiches de personnages ou le plus intéressant, les figurines des chevaliers, un must pour les collectionneurs. A ce sujet, on aurait apprécié que les jouets nous soient présentés dans leur boîte d'origine ou qu'ils soient visibles à 360°, à l'image des bonus du jeu Gungrave. Passé ce détail, revenons sur les modes de jeu. Outre le mode Grand Combat (Versus), vous pourrez débloquer le challenge Poing Du Pope une fois que vous aurez complété le défi Histoire. Ce dernier est à ce point respectueux du dessin animé que vous retrouverez chacune des scènes qui ont marqué cette période de la série. Ainsi, vous contrôlerez chacun des 5 chevaliers de bronze en fonction du scénario et aurez droit à quelques phases de beat'em all à certains moments. Cependant, lesdites phases sont injouables, sans intérêt et complètement bâclées avec des téléportations intempestives à des endroits du niveau alors que vous êtes en plein combat !
Le mode Poing Du Pope vous fera passer de l'autre côté de la barrière. Vous incarnerez le Grand Pope qui devra envoyer plusieurs chevaliers pour stopper les chevaliers de bronze. Vous devrez alors choisir le chevalier d'or qui luttera contre les envahisseurs tout en l'aidant grâce à vos pouvoirs divins. Ces derniers pourront octroyer davantage d'énergie à votre poulain, baisser la vie d'un chevalier de bronze, etc. Ensuite, en fonction des résultats des combats, vous gagnerez de l'Exp qui vous permettra d'obtenir de nouveaux pouvoirs. Vos chevaliers monteront également de niveau et pourront obtenir de nouvelles capacités comme une garde automatique, plus de puissance, etc. Une dernière chose à savoir est qu'Athena dispose également des mêmes pouvoirs divins qui pourront eux aussi favoriser les chevaliers de bronze. Bref ce mode est plutôt sympathique et constitue une bonne raison pour s'accrocher au jeu quelques heures de plus. Si le contenu est plutôt maigre, ce n'est certainement pas l'aspect graphique qui va redorer le blason de cette production Bandai.
Franchement, on attendait beaucoup plus des équipes de Dimps après Budokai 3. Bien que fidèles aux décors du manga, les environnements du jeu sont fades, sans saveur et manquent cruellement de détails. Le constat est encore pire avec les personnages qui sont raides comme des cure-dents et qui avancent tels des robots. Les animations sont peu nombreuses et très mal découpées et seules les attaques spéciales, qui sont les répliques exactes de celles de l'animé (en terme de cadrage), sauvent le tout du naufrage artistique. C'est franchement désolant, surtout après la débandade sonore, et si les chevaliers d'or s'en sortent mieux, il est dommage que Dimps n'ait pas pensé à inclure, en guise de bonus, les deux types d'armures de bronze vues dans l'animé. Seiya pourra bien revêtir l'armure du Sagittaire, les chevaliers d'or auront droit en plus de leur armure d'origine à une version "Surplis" (les armures des chevaliers d'Hades) mais le résultat final aurait mérité bien mieux.
Terminons par le gameplay qui a lui aussi bénéficié de peu de soins. Si la jouabilité des Budokai était simpliste, celle de Saint Seiya est quasi inexistante. Si je ne reviendrais pas sur les phases de beat'em all désastreuses (notamment à cause d'un système de lock très agaçant), signalons le peu de mouvements des combattants qui se résument à moins d'une dizaine d'enchaînements, pouvoirs spéciaux compris. On est bien loin des 184 prises de certains personnages de Tekken 5. Bien sûr, le jeu de Dimps ne joue pas vraiment dans le même registre en privilégiant le respect de l'animé à la profondeur de son gameplay mais le hic est que le courant ne passe pas, les combats devenant vite redondants. En gros, vous pourrez simplement réaliser des choppes et des enchaînements Poing/Poing/Pied/Pied... et inversement. Signalons aussi que bien que vous puissiez dasher dans n'importe quelle direction pour éviter la plupart des attaques, les déplacements restent désespérément lents. Ensuite, après avoir emmagasiné de l'énergie, vous aurez plusieurs solutions. La première consistera à combiner la garde et une touche d'attaque pour décocher une technique spéciale. La seconde sera possible une fois que votre jauge d'énergie sera pleine. A ce stade, une forme composée de plusieurs cercles apparaîtra. Vous devrez alors laisser appuyer la touche Rond jusqu'à remplir une autre jauge qui viendra illuminer lesdits cercles. Chaque cercle étant rattaché à une attaque plus ou moins puissante, vous devrez appuyer assez longtemps pour pouvoir déclencher l'attaque de votre choix. Enfin, tout comme dans les Budokai, votre adversaire aura la possibilité de contrer votre attaque, lorsque cette dernière sera déclenchée, en appuyant rapidement sur un bouton qui apparaîtra à l'écran. S'en suivra alors une confrontation de cosmos où le gagnant sera celui qui tournera le plus rapidement les sticks analogiques afin de prendre le pas sur son adversaire. Malheureusement, si l'idée reste séduisante, il est quasiment impossible de contrer une attaque ennemie, le timing pour appuyer sur le bouton de contre se réduisant à deux nano-secondes. En contrepartie, il est idiot de constater qu'une simple garde pourra parfaitement stopper une attaque spéciale avant que celle-ci ne vous touche afin de se déclencher. Tous ces problèmes de gameplay combinés à une réalisation obsolète font de ce Saint Seiya une pièce de collection à destination des fans purs et durs. Dommage que le traitement du titre n'ait pas eu droit à autant d'égards que les Budokai et en définitive le seul souhait que je voudrais réaliser en cet instant serait d'avoir droit à un nouvel épisode qui rendrait véritablement hommage à cette saga mythique. Tous ensemble, faisons brûler notre cosmos pour que ce rêve se réalise prochainement.
- Graphismes10/20
Les maisons des chevaliers d'or serviront de toile de fond à vos joutes cosmiques mais on a beaucoup de mal à être ébahi par une 3D très vieillotte et un manque flagrant de détails. Si on retrouve la chambre du Grand Pope ainsi que le royaume d'Hades comme environnements supplémentaires, pourquoi ne pas avoir rajouté des décors comme Les cinq pics ou le Colisée en mode Versus ? Si le rendu des armures d'or est très réussi, les animations des personnages sont rigides, lentes et peu nombreuses.
- Jouabilité9/20
Facile à prendre en mains, la jouabilité de Saint Seiya s'avère rapidement limitée. Moins d'une dizaine de coups par personnage, des affrontements très mous malgré l'utilisation des pouvoirs des chevaliers, quelques problèmes de caméra, des temps de chargement incroyablement longs entre chaque combat, que dire de plus ? Eh bien, il est quasiment impossible de contrer une attaque spéciale une fois qu'elle est déclenchée et si le système de sticks analogique, en provenance des Budokai, refait son apparition, vous allez souffrir comme jamais (du moins en mode Normal) pour renvoyer une attaque...
- Durée de vie11/20
Le mode Histoire peut se terminer deux fois vu que les développeurs ont pensé à y inclure des combats parallèles mais dans tous les cas, il ne vous faudra pas plus de 6 heures pour tout voir. Vous pourrez même enlever deux heures à ce total si vous décidez de zapper les cinématiques. Reste le mode Grand Pope qui est plutôt sympa, même si ce dernier devient vraiment intéressant seulement après quelques heures de jeu. Niveau personnages, vous aurez affaire aux 12 chevaliers d'or, aux cinq de bronze et pourrez débloquer les trois chevaliers d'acier ainsi que Misty, Shina et Marine.
- Bande son11/20
Atari a vraiment beaucoup de mal à proposer des pistes sonores valables pour leurs jeux. Certes, nous avons droit aux excellents doublages japonais mais qu'en est-il des musiques originales ? Une aberration qui veut que ces dernières aient disparu au profit de thèmes désastreux composés à l'aide d'un synthé Bontempi. On notera aussi des doublages français déplorables, malgré les efforts d'Atari qui ont réussi à réunir les doubleurs originaux de Seiya et Saori.
- Scénario15/20
Un des gros points forts de ce jeu est d'être très respectueux du manga de Kurumada et de la série de Araki. Toutes les scènes cruciales de l'animé sont présentes, les cadrages sont respectés, ce qui est également vrai pour les attaques des chevaliers, et les cinématiques sont très nombreuses, un peu trop diront certains.
Noter un jeu comme Saint Seiya m'est très difficile vu que je suis un immense fan de l'oeuvre originale, au même titre que Romendil qui vous a fait partager sa passion dans son dossier. Mais puisque nous avons pour devoir de vous renseigner sur la qualité du jeu, je ne puis mettre autre chose que cette note finale qui est là pour sanctionner la déplorable qualité technique du soft, son gameplay rachitique et sa faible durée de vie. Au final, Saint Seiya reste une pièce de collection qui contentera les fans les plus hard core qui pourront y trouver un quelconque intérêt, ne serait-ce que pour l'immense respect vis à vis de la création de Kurumada. C'est tout de même bien peu et c'est surtout terriblement frustrant pour celui qui pensait y retrouver la verve d'un Budokai 3 enrobée de cosmo-énergie...