Après un fantastique volet X2, Guilty Gear revient vers la PS2 pour y jouer la carte de l'originalité en se focalisant sur des combats jusqu'à quatre joueurs. Sur le papier, ça a l'air tout à fait prometteur, mais une fois la manette en mains, ça donne quoi ?
On ne reviendra pas en détails ici sur les nombreuses qualités graphiques et techniques de la série Guilty Gear. Grâce à son design classieux, ses attaques ravageuses et son gameplay impeccablement huilé, le jeu a su se hisser aux rangs des têtes d'affiches de la baston, aux côtés des Street Fighter et autres King Of Fighter. La performance est d'autant plus impressionnante que Guilty Gear est encore tout jeune face aux deux mastodontes cités précédemment. En très peu d'épisodes, cette franchise a séduit de nombreux joueurs, avec notamment un volet X2 absolument fabuleux. Ambitieux, les développeurs derrière ce jeune loup de la baston ne comptaient pas s'arrêter en si bon chemin, mais ne voulaient pas non plus tomber dans la rengaine habituelle des suites sans intérêt. Tant qu'à faire grandir la série, autant prendre des risques et proposer de réels changements. C'est donc ce qu'ils ont tenté de faire sur Guilty Gear Isuka. On va le dire tout de suite, si l'intention est louable, le résultat a de quoi dérouter, voire rebuter.
La principale attraction de ce nouveau volet se trouve dans ses combats pouvant accueillir jusqu'à quatre petits sauvageons simultanément. Si les duels mano à mano n'ont pas disparu, c'est bien les "filades" en quatuor qui se trouvent au centre de cette épisode. En fait, si vous voulez vous battre à deux, il faudra obligatoirement passer par le mode versus, cela dit, même dans cette configuration, les commandes restent similaires à ce qui est prévu pour le mode quatre joueurs, et c'est là où ça coince. En effet, dans n'importe quel jeu de bagarre classique, vous n'êtes que deux à vous battre, et donc les adversaires se font continuellement face. Lorsqu'on brise le duo en ajoutant un troisième intervenant, ça ne peut plus fonctionner de la même manière. Il faut donner le choix aux joueurs de pouvoir faire face à n'importe quel adversaire. C'est ce qui arrive dans Guilty Gear Isuka, le joueur contrôle manuellement la direction de son personnage. En appuyant sur la touche R1, il le fait regarder soit à gauche, soit à droite. Ok, jusque là, pas de problème. Après tout, ce n'est qu'un coup à prendre. Malheureusement, la fonction connaît aussi des ratés. Il arrive fréquemment de se trouver coincer contre un bord de l'écran, noyé sous les coups de l'adversaire sans pouvoir riposter parce que le jeu ne nous laisse même pas le temps de se tourner.
L'autre problème lié au nombre de personnage à l'écran, c'est la difficulté à comprendre clairement ce qu'il se passe devant nos yeux. Déjà qu'à deux, Guilty Gear est réputé pour ne pas lésiner sur les effets spéciaux et les furies gigantesques, on se retrouve désormais avec un capharnaüm sans nom où on ne peut plus seulement compter sur nos réflexes pour remporter le match, mais bien sur la chance. Pour éviter de se retrouver pris en sandwich par deux combattants, le jeu prévoit heureusement deux plans (le premier et le second). Si on passe facilement de l'un à l'autre, on regrette par contre que la distinction entre les deux ne soit pas plus marquée, au point de ne plus trop savoir sur quel plan se tient chaque perso. Comme quoi, ce Guilty Gear là a vraiment de gros problèmes de lisibilité.
Et c'est bien dommage d'arriver à cette conclusion dès le plat de résistance car les petits hors-d'oeuvre éparpillés autour du mode principal sont plutôt intéressants. On notera par exemple la présence d'un mode Boost qui renoue avec les joies du beat'em all à la Final Fight. L'action s'y déroule par niveau en scrolling horizontal, les ennemis arrivent par vagues et vous êtes amenés à sortir vos plus beaux combos pour les mettre KO. Quelques items vous sont donnés pour regagner de l'énergie ou accumuler de l'expérience. Ces points d'expérience serviront alors dans l'autre mode inédit du jeu : le mode Robo Ky II Factory. Là, on vous demandera de personnaliser un robot et de lui enseigner des techniques de combats plagiés sur les autres combattants. Chaque coup devra être acheté, ce qui vous incitera à passer du temps dans le mode Boost pour perfectionner le robot.
Ce nouveau Guilty Gear marque donc le premier faux pas dans la série. On ne peux pas lui reprocher d'avoir tenté quelque chose de nouveau, mais les combats à quatre sont vraiment trop chaotiques pour qu'on puisse en tirer un réel intérêt. Du coup, on comprend aussi pourquoi depuis la nuit des temps, la baston se déroule en un contre un. Si j'avais donc un conseil à vous donner, c'est de vous tourner vers le précédent volet Guilty Gear X2 plus classique, mais tellement plus fun. Sans compter qu'il peut être trouvé à moindre prix...
- Graphismes17/20
Toujours aussi beau, toujours aussi classe, toujours aussi fluide, Guilty Gear flatte la rétine par une explosion de couleurs et un design excellent. Les 23 personnages dégagent tous une bonne dose de charisme, et possèdent une attitude rock'n roll qu'on ne retrouve pas ailleurs.
- Jouabilité12/20
A jouer avec trop d'originalité, Guilty Gear est tombé dans le piège du hors sujet. Pour qu'un jeu de baston fonctionne, il faut que son gameplay soit réglé comme une horloge. La moindre faille et c'est tout l'édifice qui s'écroule. Ici, les combats à 4 sont trop confus, ils imposent de plus une jouabilité particulière qui nuit réellement au rythme de jeu.
- Durée de vie15/20
Ce Guilty Gear est peut-être plus long que ses prédécesseurs grâce à ses nouveaux modes (boost et Robo Factory). Cela dit, on s'en lassera un peu plus rapidement en raison de sa jouabilité moins intuitive.
- Bande son16/20
Ah... de la musique rock comme on l'aime. Des soli de guitares comme s'il en pleuvait, des rythmiques lourdes et des envolées de piano, il n'y a pas à dire, Guilty Gear est aussi agréable à l'oeil qu'à l'oreille.
- Scénario/
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La note peut paraître sévère pour un Guilty Gear, mais sachez bien qu'on a du mal à retrouver le plaisir des autres épisodes dans Isuka. Les affrontements donnent vite dans l'explosion visuelle. C'est peut-être beau, mais ce n'est pas forcément très jouable. Dommage, l'idée était là, mais le résultat n'est pas à la hauteur des espérances.