Rares sont les jeux complètement dévolus à une marque automobile particulière. En effet, et mis à part les célèbres, mais peu convaincants, Porsche Challenge et World Racing, peu d'éditeurs se risquent à tabler sur une telle précision. Moins on étend les possibilités et plus le public se restreint. Saluons donc l'arrivée de SCAR, digne représentants de ces petits rebelles acquis à la publicité mais souvent vecteurs d'originalité. Néanmoins, il faut dire que conduire une Mercedes ou une Alfa Romeo apporte une part de rêve non négligeable et peut de ce fait pousser à prendre le volant. Effectivement, sauf grosse surprise, voire miracle, un titre nommé Fiat Panda Driving Legends posséderait sûrement un attrait moins conséquent. Quoi que...
Enfin un peu de nouveauté dans un monde on ne peut plus en proie à une déliquescence majeure. Entre les NFSU ressemblant aux RPM Tuning, qui rappellent les Midnight Club 3, et les Forza qui lorgnent vers Sega GT et GT4, il est évident qu'il règne un manque flagrant d'ingéniosité dans les vastes garages des softs de course automobile. C'est donc dans ce marasme que surgit SCAR, rugissant de toutes ses dents binaires afin de se tailler une place de choix. Mais qu'est ce qui différencie ce titre du commun des jantes et des jupes latérales ? Et bien tout simplement son aspect RPG. Et oui, vous avez bien lu, vous voici devant le premier SCARPG, selon les dires des développeurs. Pourtant, point de quêtes ni de traques d'un grand homme aux cheveux blancs qui a mis le feu à votre village. En fait, le titre de Black Bean intègre cette notion au creux même de son système de progression et de gameplay. Débutant de manière frileuse avec trois modes affichés péniblement sur le menu principal, le jeu cache éminemment bien ses cartes maîtresses. En effet et après être passé en coup de vent sur le mode Action Instantanée s'apparentant à une course rapide, sans réel saveur et sur le mode multijoueur n'apportant pas un cheminement suffisamment attractif pour se voir disposé en premier plan, vous vous dirigerez lestement vers la pierre angulaire de cet édifice, alias le mode Dynastie. Sensiblement assimilable à une carrière de pilote vers un perfectionnement infini, ce principe de jeu vous place dans la peau d'un conducteur vierge de toute influence, qu'il ne tient qu'à vous de faire répondre à vos critères de perfection. Effectivement, votre avatar dispose de neuf capacités spécifiques qu'il vous incombera de faire évoluer au gré de ses compétitions. Allant du Coeur, responsable de votre influence plus ou moins grande sur le pilote qui vous précède, à l'Accélération, déterminant votre capacité à effectuer un démarrage parfait, en passant par le Comportement, siège de la maniabilité générale des divers bolides, ces dernières doivent être dès le départ prises en compte en tant que principales chances d'évolution et de victoire. On retrouve d'ailleurs un fonctionnement à base de points de compétence alloués, se rapprochant des RPG PC. Plus précisément, à chaque fois que vous empochez un niveau, un point vous est confié, pouvant être affilié à l'une ou l'autre des compétences disponibles. A vous donc de mettre en place une configuration de pilote en accord avec votre vision de la course. Ce choix d'orientation se révèle d'ailleurs très intéressant, donnant nettement une autre saveur à une épreuve suivant la voie empruntée. Pour la première fois, le souci émane du pilote et non de la carrosserie. Un retour vers l'humain, d'habitude totalement désincarné, qui offre une approche nouvelle de la discipline. Et ce n'est pas le seul point détenteur d'un point de vue inédit.
En effet, la conduite des courses prend un relief totalement différent, ne se basant plus essentiellement sur votre habileté au volant. Il va falloir jouer intelligemment et prendre en compte un nombre de paramètres bien plus imposant qu'auparavant. Car désormais la froide mécanique fait place aux sentiments et au ressenti, mettant en scène des réactions humaines face à l'oppression. En fait, chacun de vos actes peut rejaillir d'une manière ou d'une autre sur le comportement de vos adversaires. Disposant chacun d'une jauge de "stress" et d'une barre de santé, vous et vos camarades êtes soumis à l'influence de chacun par le biais d'un système de poursuite ressemblant un tantinet à celui de R : Racing. Plus prosaïquement, il suffit que l'un de vos concurrents vous suive pour que votre taux de confiance baisse dangereusement, symbolisé par un casque vert se vidant de sa couleur au fur et à mesure de la montée d'une peur viscérale. Bien évidemment, il est vous est possible de faire de même et ainsi pousser à la faute n'importe qui. Pourquoi ? Me demanderez-vous. Et bien tout simplement parce qu'une fois arrivé à 0, votre jauge d'appréhension rend la direction bien plus molle et opère un trouble de visibilité fort désagréable mais joliment représenté. De ce fait, si l'un de vos antagoniste ou vous-même en êtes victime, il est éminemment conseillé de ralentir, afin de ne pas terminer sa ligne droite ou son virage dans les graviers les plus proches. Dans le même temps, la barre de vue peut également signifier votre perte à plus ou moins long terme. Limitée à 100, cette dernière décroît à chaque choc encaissé ou à chaque tentative de coupe franche d'un virage, afin de limiter les petits malins adeptes de hors-piste. Sachant qu'il est impossible de regagner des points de "santé", il vaut mieux faire attention à son petit pécule, et savoir mesurer son empressement. Dans le cas contraire, vous serez contraint d'abandonner la course immédiatement, sans rempoter aucun points d'expérience. Lorsque l'on sait que certaines épreuve comptent neuf tours de pistes, un sorte de survie douloureuse fait place à la joie des premiers temps, et affiche de fait la tension et le challenge qu'il manquaient. Une remise en cause de la façon de disputer l'asphalte très intéressante, et renouvellement l'intensité et l'intérêt du soft. Je ne m'étendrais pas plus par manque de temps et vous renvoie à ma preview pour de plus amples renseignements sur le concept même du soft.
Malgré toutes ces bonnes idées et la présence ingénieuse de la gestion d'un équipement, remplaçant les cottes de maille et les épées par des gants et des chaussures apportant des bonus de statut, SCAR ne parvient pas à se soulever réellement à cause des limites de sa réalisation et de son concept justement. Ne profitant pas du tout des capacités de sa plate-forme de naissance et se trouvant bien en retrait des productions actuelles, le soft de Black Bean donne à voir un aspect graphique certes honnête, mais lacunaire au niveau de l'utilisation des textures et de la modélisation des 25 véhicules présents. De plus, et comme indiqué précédemment, le concept du titre, bien que convaincant et bourré de bonnes idées, apparaît rapidement limité par un sentiment d'effectuer sempiternellement les mêmes courses au sein d'environnements assez vides et peu diversifiés, ainsi que par l'absence d'un contexte particulier. Je veux dire par là qu'il manque une véritable profondeur au jeu, la possibilité d'aller plus loin que les simples enchaînements de courses. Il aurait été intéressant de permettre l'accès à des évènements spéciaux, à une sorte de garage à la GT4 ou tout bonnement à un mode légèrement scénarisé afin de susciter l'implication. Dommage. Pour finir, et malgré mon test qui ne lui rend pas vraiment hommage, SCAR est un soft sans prétention mais suffisamment vecteur de nouveauté pour justifier un intérêt. Prenant des risques et proposant une vision éloignée des impératifs marketing dans le choix de mêler deux genre très spécifiques en un troisième n'ayant pas encore de public, le soft de Black Bean se pose comme une alternative sympathique à un flot trop commun.
- Graphismes13/20
Proposant des environnements relativement vides et une modélisation des voitures acceptable dans l'absolu, mais décevante à la vue des possibilités de la console, SCAR ne sait plus vraiment où se situer. Néanmoins, on ne peut que louer les petits effets graphiques venant ça et là égayer les collisions ou bien encore l'utilisation du retour dans le temps à la Prince Of Persia. D'autre part, la fluidité est exemplaire, et on ne note aucun défaut au niveau des collisions. A noter enfin une impression de vitesse très probante, s'adaptant fort bien aux différents modèles.
- Jouabilité14/20
Tentant une approche orientée simulation, SCAR remplit parfaitement son contrat et nous propose une conduite souple et réaliste à la fois. En effet, vous devrez tenir véritablement compte des dénivelés et de votre appui lors de la prise des divers virages afin de ne pas perdre votre adhérence et votre trajectoire. Dans le même temps, il vous sera également possible de passer une épingle en glisse sans trop être pénalisé, ce qui peut paraître assez étrange au début. Pourtant on se fait agréablement à cette simulation accessible. Et à son gameplay aussi détonnant que redondant.
- Durée de vie14/20
Vous allez devoir faire face à un grand nombre de circuits et à de multiples championnats et tournois dans 5 modes de difficulté, sans oublier le mode Contre-la-Montre et les défis équipements vous octroyant la possibilité de gagner des habits augmentant vos statistiques. De plus, et grâce à la présence d'une option en ligne et du mode multijoueur, la durée de vie se voit multipliée aisément. Néanmoins, parviendrez-vous à supporter la redondance générale du mode Dynastie ?
- Bande son11/20
Ne proposant aucun thème musical durant les courses, SCAR préfère donner libre cours aux sons du moteur et de l'ambiance générale de la course. Néanmoins, assez décevantes, les sonorités de la mécanique brûlante des divers bolides ne suffisent pas à rendre l'immersion totale. De même, l'absence d'une réelle profondeur dans les sons, afin d'y implémenter une certaine violence dynamique, fait défaut à l'impression globale ressentie.
- Scénario/
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Approche intéressante et clairement originale de la simulation de course automobile, SCAR est une agréable surprise, bien loin du statut de petit jeu de seconde zone que beaucoup lui ont octroyé. Plein d'idées et proposant une conduite spéciale, à la fois accessible et précise, il chute pourtant sur des défauts sûrement liés à un manque de moyens. En effet, le niveau graphique assez décevant et la stagnation au bout d'un temps assez court ne lui permettent pas d'accéder à des hauteurs glorieuses. Vous pouvez aisément vous laisser tenter si vous cherchez un peu de fraîcheur.