A la lecture de la jaquette de SCAR, on reste assez dubitatif. En effet, celle-ci annonce fièrement que le titre est "le premier jeu de rôle dans l'univers des courses automobiles". Etrange... En fait, quand on commence à jouer, on comprend tout de suite ce qu'ont voulu faire les développeurs : axer leur jeu non pas sur les voitures, mais sur le pilote qui les conduit. Ainsi, un bolide performant n'est rien si le pilote que vous incarnez ne dispose pas des compétences indispensables à tout bon sportif : gestion du stress, concentration... Un concept révolutionnaire ? Voyons ça tout de suite.
C'est la principale originalité de SCAR : son petit côté RPG. Celui-ci se caractérise par le gain d'expérience du pilote pendant les courses. En fait, selon vos performances vous gagnerez plus ou moins de points. Tout dépend de votre position pendant la compétition, de votre façon de doubler les autres véhicules, de votre talent à gérer l'effet d'aspiration... Ces points d'expériences s'accumulent peu à peu pour au final vous permettre de gagner un niveau, condition sine qua non pour pouvoir attribuer un point de compétence à l'une des neuf caractéristiques présentes (accélération, concentration...). Tout cela a évidemment un impact sur la course : si le pilote a de bonnes capacités en accélération, il saura utiliser au mieux les voitures pour en tirer de meilleures reprises. Hormis une amélioration des performances des voitures, certaines des compétences du pilotes ont aussi une influence sur ses propres capacités.
Et c'est là une autre des bonnes idées du jeu : le pilote peut connaître des faiblesses en pleine course, faiblesses que vous minimiserez en affectant des points à certaines compétences dédiées telles que celle appelée "Coeur". En l'occurrence, cette compétence vous permet de mieux résister au stress provoqué par le simple fait qu'un adversaire vous suit et tente de vous dépasser. Une jauge apparaît au bas de l'écran pour représenter votre stress : si celle-ci est trop basse, un "effet KO" se fera ressentir. Celui-ci trouble pendant quelques secondes votre vision rendant plus difficile la bonne perception des trajectoires. Intéressant, surtout que cet effet marche aussi chez vos adversaires. Il est donc possible de les intimider pour les stresser et ainsi provoquer des erreurs de pilotage qui vous permettront de prendre la tête de la course. Les véhicules contrôlés par l'ordinateur ne suivent donc pas une trajectoire précise comme dans beaucoup d'autres jeux de courses et sont susceptibles de commettre des fautes. Sympa.
L'intelligence artificielle du jeu est donc très au point, hormis pour un cas précis : la gestion des comportements lorsque plusieurs voitures sont côte-à-côte. Dans ce cas précis, qui arrive très souvent au premier virage, véritable goulot d'étranglement après le départ, la réaction de vos chers adversaires peut être assez bizarre : ils freinent prématurément, tentent de vous pousser pour vous faire aller dans le décor... Et comme dans SCAR, il n'y a jamais aucune pénalité, tous les coups sont permis. Vous pouvez donc tranquillement vous la jouer façon auto-tamponneuse pour ralentir vos concurrents. N'abusez toutefois pas de cette technique car les dégâts sont pris en compte. Cependant, il ne s'agit pas d'une gestion des dégâts localisée, mais d'une gestion d'ensemble. En fait, votre voiture dispose d'une sorte de "jauge de vie" qui baisse plus ou moins à chaque fois que vous touchez un adversaire ou que vous vous retrouvez dans le décor. Une fois que cette jauge atteint zéro, c'est la fin de la course. Il faut donc être très prudent, surtout qu'il n'y a aucun stand pour vous permettre de réparer en pleine compétition.
Le pilotage de SCAR est très orienté simulation. Le moteur physique a d'ailleurs été développé en collaboration avec l'écurie Alfa Romeo. Vous l'aurez sans doute remarqué, SCAR est dédié à cette marque et comprend 25 voitures de différentes époques et de différentes cylindrées. Hélas, dans chacune des courses que vous aurez à disputer (hormis le contre la montre et la course rapide) une voiture vous est automatiquement affectée et tout le monde court sur le même type de bolide. On ne peut donc pas choisir sa monture. Dommage, car je pense que les amateurs auraient préféré avoir accès à une sorte de mode carrière qui aurait permis d'acheter sa voiture, de la régler et de la personnaliser. Ce n'est hélas pas le cas. Il est impossible d'opérer le moindre réglage. Dommage ! Certains trouveront certainement ça pas très cohérent : allier un pilotage simulation avec l'impossibilité de régler son bolide. Et il est vrai que ça risque de décevoir les fanas de sport mécanique adeptes de chiffres et de données moteur.
Autre idée, intéressante en soi, mais en total décalage avec le pilotage simulation : la possibilité de remonter le temps. Ainsi, si vous vous plantez lamentablement dans le décor, il est possible en appuyant sur une touche, de revenir quelques secondes en arrière pour tenter de rectifier la situation. On vous octroie donc une sorte de seconde chance. Pour ce qui est des différents modes de jeu, on retrouve les classiques "course rapide" et "contre-la-montre", mais aussi les modes "Evénement", "Tournoi" et "Championnat". Hélas, la différence entre ces modes est plutôt mince : il s'agit toujours de courses simples sur des circuits et des voitures imposées. Seule variante : le nombre de tours qui est de 3 en "Evénement", de 6 en "Tournoi" et de 9 en "Championnat". Plus original, de petits défis sont aussi proposés. Il s'agit selon les cas de rattraper une voiture en un temps imposé, de terminer un circuit sans toucher les bordures... Enfin, un mode multijoueur vous permettra d'affronter un ami en écran splitté ou sur internet. Bref, SCAR est plein de bonnes idées mais il cumule aussi quelques lacunes gênantes comme l'absence d'un vrai mode carrière, une réalisation moyenne et une certaine incohérence entre un pilotage simulation et des éléments arcades qui viennent s'y greffer.
- Graphismes12/20
Les graphismes n'ont rien d'extraordinaires : effets de reflets exagérés, décors souvent vides et textures pauvres. On regrette aussi que les effets météo n'aient pas été implémentés.
- Jouabilité14/20
Le pilotage orienté simulation est plutôt agréable. On remarque bien la différence entre les différents bolides et la prise en charge du stress est un élément qui enrichi de bien belle façon le gameplay. Petit problème : on ne peut ni régler, ni personnaliser ses voitures et la gestion des dégâts qui est faite de façon globale (et non par pièces de la voiture) est loin d'être convaincante.
- Durée de vie13/20
Même si les modes de jeux sont nombreux, la plupart se ressemblent trop ce qui fait que le titre devient vite assez répétitif.
- Bande son12/20
Le bruit des moteurs est bien retranscrit, mais l'ambiance sonore des circuits n'est pas assez présente et les musiques des menus sont décevantes.
- Scénario/
Il n'y a aucun scénario. Les courses s'enchaînent sans aucun lien entre-elles. On aurait aimé un mode carrière avec des cinématiques, on se serait ainsi mieux identifié au pilote que l'on incarne. Ce mode fait d'autant plus défaut que le jeu misait une grande partie de son intérêt sur le petit côté RPG permettant de faire évoluer son pilote.
Même si SCAR fait preuve de bonnes idées (petit côté RPG agréable, gestion du stress, possibilité de remonter le temps) et n'est pas un mauvais jeu en soi, on ne sait pas très bien à quel public on pourrait le conseiller. Les fans de jeux d'arcade risquent d'être déçus du fait que le pilotage soit orienté simulation. A l'inverse les fans de simulation ne manqueront pas de remarquer une gestion des dégâts farfelue et une impossibilité de régler les paramètres de son bolide. En outre, quelques lacunes se font aussi sentir : pas de vrai mode carrière, réalisation moyenne et soft très répétitif qui aurait gagné à être plus varié au niveau de ses modes de jeu. Bref, on est en présence d'un titre qui ne fera pas date, mais qui reste néanmoins sympathique.