Honneur aux premiers comics de Science-Fiction et aux films de série B des années 60 avec Destroy All Humans ! Le titre que nous livre l'équipe de Pandemic Studios revisite la SF d'une façon très pertinente, avec une touche évidente d'humour sarcastique mais aussi de nostalgie qui ne devrait pas vous laisser indifférent.
On dit parfois que les êtres les plus intelligents ne sont pas les plus tendres. Il n'est pas bon de généraliser mais ce fait est pourtant vérifié dans le cas des Furons, une civilisation beaucoup plus évoluée que la nôtre qui aurait pu prospérer et coloniser l'univers si elle n'avait pas commis une bévue monumentale. Car à force de chercher à atteindre le niveau ultime de l'évolution, cette race d'aliens a fini par subir une mutation génétique provoquant la disparition pure et simple de leurs organes génitaux. Etant désormais dans l'incapacité de se reproduire, ces êtres dominateurs ont maintenant besoin de l'ADN Furon contenu dans les organismes terriens pour assurer la pérennité de leur race. Les vilains de l'histoire ce sont eux, et c'est justement leur envoyé sur Terre que le joueur va pouvoir contrôler. Nous sommes donc quelque part en Amérique du nord dans les années 60, et tout commence alors que Cryptosporidium 137, alias Crypto, atterrit avec sa soucoupe volante au beau milieu d'un pâturage de bovins.
Vous voilà seul contre l'humanité toute entière. Heureusement pour vous, vos premiers adversaires ne feront pas le poids contre vos pouvoirs extra-terrestres. On commence par faire voler des vaches à l'aide de la psychokinésie de Crypto avant de se laisser aller à les projeter violemment contre tout ce qui pourra leur faire mal. Vous êtes une ordure, que dis-je, une pourriture, et le sourire sadique de Crypto saura vous convaincre d'agir comme tel si vous voulez survivre. A ce niveau-là, l'alien que vous contrôlez ne manque pas de ressources. Il peut utiliser un laser hypnotique pour implanter des ordres dans les cerveaux faibles afin de les contrôler. Il peut aussi utiliser une sonde anale pour les faire courir dans tous les sens en se tenant le derrière, avant de leur exploser la tête pour en extraire un tronc cérébral plein d'ADN. En recourant à l'holobob, Crypto peut prendre l'identité d'un humain afin de se mêler à la population terrienne, mais sa durée est limitée. Il faut alors utiliser le scan cortical pour aspirer les pensées des humains afin d'extraire la concentration nécessaire à l'utilisation prolongée de l'holobob.
En dehors de ces pouvoirs un peu étranges, Crypto a également recours à un arsenal de malade qui dépasse l'entendement humain. Le zap-o-matic est l'arme de base qui envoie des tirs d'énergie sur une cible pour la neutraliser en quelques secondes. Avec le rayon désintégrateur, Crypto est capable d'éliminer son ennemi fait de chair en un seul coup. Le détonateur à ions permet de lancer des bombes pouvant exploser à distance avec une télécommande, et le jet pack est indispensable pour emprunter la voie des airs de façon fourbe. Enfin, cerise sur le gâteau, on peut contrôler une soucoupe volante dont l'arsenal comprend un rayon mortel, un kidnappo-rayon utile pour emporter des terriens à bord, un grondeur sonique qui provoque des ondes de choc et un déconstructeur quantique qui projette carrément des bombes radioactives aux alentours !
On comprend vite que l'un des attraits du jeu réside justement dans cette atmosphère frénétique qui règne lorsqu'on essaie tous ces odieux gadgets sur la population innocente. Les terriens sont tournés en dérision et Crypto ne ressent que du mépris à leur égard, ce qui renforce l'atmosphère complètement décalée du titre. Le soft est également sympathique à jouer, ce qui ne gâte rien, d'autant qu'on bénéficie d'une vraie liberté d'action. Les zones à explorer sont entièrement ouvertes et on peut toujours se débrouiller de plusieurs façons possibles pour atteindre ses objectifs. La présence d'un radar facile à lire permet d'ailleurs d'anticiper parfaitement tout ce qu'on va faire. On a beau s'y attendre, les missions ne font preuve d'aucune concession et ne se limitent pas à de simples objectifs d'éradication. A titre d'exemple, Crypto sera amené à un moment du jeu à se faire passer pour le maire de la commune et à faire un discours pour berner les paysans avec des arguments bidons concernant leurs troupeaux de vaches radioactives. Il est aussi amusant de voir que Crypto doit souvent freiner ses ardeurs et son envie de destruction pour accomplir plus subtilement les missions que lui confient son chef, et il est dommage de ne pas voir davantage d'aliens dans le jeu. Toutefois, le nombre intéressant de possibilités offertes est atténué par le fait que la plupart sont accessibles très vite, ce qui rend les premières heures de jeu beaucoup plus plaisantes que les suivantes. Par conséquent, même si l'on passe un bon moment sur ce titre, on finit par éprouver un sentiment de lassitude qui survient bien avant la fin du jeu.
- Graphismes14/20
Le jeu n'échappe pas à quelques environnements plutôt déserts, voire pour certains conventionnels. Mais les attitudes de Crypto et la gestuelle paniquée de ses victimes apportent une touche d'humour qui rattrape l'impression globale que l'on peut avoir en regardant le jeu.
- Jouabilité13/20
L'interface est suffisamment bien conçue pour que l'on ne se perde pas dans les nombreux gadgets de Crypto. En revanche, le gameplay est parfois trop approximatif même si l'impression de liberté qui est offerte est bien réelle.
- Durée de vie13/20
L'aventure principale n'est pas énorme mais la durée de vie est renforcée par la présence de nombreuses quêtes secondaires et de la collecte d'ADN nécessaire pour acheter toutes les améliorations des gadgets de Crypto.
- Bande son14/20
La bande-son est ponctuée par les réflexions incessantes et complètement futiles des terriens préoccupés par leur vie quotidienne. L'humour est omniprésent même si les voix sont en anglais. Les musiques renvoient aux vieux films de SF.
- Scénario14/20
Les missions sont loin d'être conventionnelles et l'idée de départ est excellente. Ce n'est pas tous les jours qu'on contrôle un alien cruel et détestable qui a une sainte horreur des humains. En contrepartie, l'histoire est surtout un prétexte à un certain nombre de missions qui s'enchaînent sans vraiment constituer un scénario digne de ce nom.
Destroy All Humans fait partie de ces titres originaux et audacieux que l'on a envie d'essayer pour leur dimension décalée et parodique. Le jeu est un véritable hommage aux premiers films de SF mais il vaut davantage pour ses situations improbables que pour le plaisir de jeu qu'il procure. Le tout reste sympathique mais pas aussi marquant qu'on ne l'espérait.