Après un Gorky Zero : Beyond Honor de piètre facture, Metropolis remet le couvert et persiste dans le genre action/infiltration. Un an séparant Gorky de Aurora Watching, on peut raisonnablement se dire que les développeurs ont su tirer partie de leurs erreurs passées pour améliorer le gameplay qui handicapait grandement leur première production. Et bien non, car hormis un aspect graphique plus convaincant et quelques ajouts au niveau des armes et gadgets, Aurora Watching accumule les problèmes dont la progression linéaire et sans volume n'est pas le moindre.
A l'heure actuelle, le PC ne sait plus trop où donner de la tête avec le nombre de jeux d'infiltration qui sortent à intervalles réguliers. Bien que Metal Gear Solid soit ici moins présent que sur consoles, on peut compter sur notre Splinter Cell annuel pour venir combler ce manque. En sus, des titres comme Stolen, Second Sight ou bien entendu le célèbre Hitman sont également là pour répondre aux attentes des joueurs. Comme c'est souvent le cas avec la démocratisation d'un genre, on trouve aussi bien des jeux de grande qualité que des productions pour qui le terme infiltration se résume à se mettre accroupi et à avancer lentement. Aurora Watching, lui, n'est pas à ranger dans cette catégorie mais fait malheureusement figure de titre bâtard dans le sens où le matériau de base est bien l'infiltration qui est paradoxalement ici trop limitée malgré la teneur des propos qui nous promettaient un jeu high-tech où le silence serait notre meilleure arme.
Si on se rend compte du peu de possibilités en jetant un oeil à la notice, on se dit que le tout sera peut-être suffisant pour se plonger dans une aventure mettant en scène un agent secret alcoolique, une base dans l'antarctique et un psychopathe colérique... Voilà, j'ai mes trois rimes, je peux continuer. C'est donc avec une assurance qui n'assure pas vraiment que nous nous lançons dans le tutorial. Bon alors, kezako ? Eh bien, premièrement, on peut bénéficier de deux angles de vues : un à la troisième personne pour les phases d'action et une vue aérienne pour les phases d'infiltration. Bonne idée, d'autant qu'une carte nous montre l'emplacement des ennemis et la direction dans laquelle ils regardent. Par contre, le premier soucis tient au fait qu'on ne sait jamais vraiment jusqu'où peuvent voir les soldats adverses, et en plus d'être embêtant, c'est surtout très irritant de se faire moucher par un ennemi portant un simple flingue à 20 mètres de distance en pleine tempête de neige. Pour revenir au tutorial, disons qu'il est simple à appréhender jusqu'à ce que vous arriviez à la fameuse phase où vous devez vous plaquer contre un mur, regarder dans un angle et shooter un soldat. Et là, tout bascule car après avoir essayé une dizaine de fois, regardé la notice et les commandes, im-po-ssi-ble de passer cet entraînement, mon personnage restant face au mur et ne voulant à aucun moment se pencher pour suspendre la garde. Bref, le problème vient peut-être de moi mais il m'est d'avis que les développeurs ont, eux aussi, un petit penchant pour l'alcool tant les indications pour réussir cette épreuve sont floues. Là-dessus, je ne me démonte pas et passée une phase d'énervement intense, je me décide à laisser tomber ce foutu tutorial pour démarrer directement une mission.
Comme, je le précisais plus haut, nous y rencontrons un agent secret qui porte le nom de code de White Fox. Après que ses potos de l'Agence lui aient intimé l'ordre de réintégrer le service pour une dernière mission, le voilà parachuté sur la banquise pour déjouer les plans du dénommé Jacek Parecki, un scientifique qui a un fort penchant (décidément) pour les expériences un peu louches et surtout illégales. L'aventure commence quand notre White Fox préféré arrive aux abords d'une base qu'il va devoir infiltrer. Les lieux étant infestés de gardes, l'approche directe n'est pas préconisée et c'est donc tout naturellement qu'on commence à marcher à tâtons pour surprendre nos adversaires. Un second problème intervient de lui-même puisque si vous disposez de trois déplacements différents (à tâtons, marche et course), vous vous ferez très vite repérer si vous vous mettez à courir et ce même si vous êtes à 10 mètres d'un soldat et que les bourrasques de vent sont censées couvrir le bruit de vos pas. A ce titre, on note que l'IA du jeu est des plus étranges avec des gardes qui bougent pour ne pas se faire tirer dessus (logique) mais qui ont la manie de continuer à courir sans faire attention à vous (moins logique). Ensuite il arrive parfois qu'ils voient des portes ouvertes mais ils ne vont pas pour autant avancer pour voir ce qui se passe. En somme, leur intelligence est inversement proportionnelle à leur précision de tirs.
Un autre point que je souhaiterais mettre en avant tient à la linéarité de la progression. En effet, la faible palette de mouvements et la mobilité réduite des soldats nous contraint souvent à avancer de façon unilatérale. Le cheminement de Aurora Watching pourrait se résumer comme suit : je regarde ma carte, j'ouvre une porte pour pénétrer dans une pièce où se trouve un garde, je le tue en silence, je pirate un ordinateur qui ouvre une porte un peu plus loin et je trace la route. Je schématise bien sûr, mais dans tous les cas le simple fait de ne pouvoir ramper nous oblige à suivre une voie toute tracée afin de prendre à revers la plupart des soldats. On aura beau rajouter quelques gadgets , diverses armes ou la possibilité de fouiller les corps ou de cacher ces derniers, si la construction est à la base très fragile, on ne pourra pas y faire grand chose. C'est assez embêtant car l'atmosphère graphique est plutôt plaisante. Certes, il faut aimer les ambiances claustrophobes mais l'approche à la The Thing apporte un petit plus au niveau de la tension intrinsèque. Par contre, si le level-design est du genre "morne" avec sa succession de hangars, de baraques et de bâtiments à visiter, l'environnement dans lequel on évolue nous permettra de profiter de phases en moto-neige pour relier un point à un autre. Ce n'est pas extrêmement maniable mais ça l'est suffisamment pour apprécier ces passages chronométrés qui rompent le rythme lancinant de notre avancée.
Bien qu'Aurora Watching soit plus probant que Gorky Zero : Beyond Honor, on ne peut qu'être déçu de voir que les développeurs n'ont pas énormément planché sur les problèmes évoqués à l'encontre de leur précédent titre. Un manque flagrant d'envergure et de possibilités, une IA très moyenne, une monotonie qui s'installe après une ou deux heures, quelques bugs liès aux déplacement des gardes, voici ce qui vous attend si vous avez dans l'idée de vous essayer à ce soft. Frustrant d'autant que le jeu dispose de quelques bonnes idées et d'une ambiance assez réussie bien que peu exploitée au final. Enfin, il est un peu difficile de conseiller l'achat de ce jeu, surtout que vous avez juste à côté des grosses pointures en matière d'infiltration autrement plus ambitieuses en terme de scénario, d'inventivité et d'immersion. Et puis, sait-on jamais, il serait peut-être bon de garder quelques deniers sous le coude, des fois que Konami nous annonce prochainement qu'un certain Metal Gear Solid 3 : Snake Eater arrive sur PC. Enfin, moi, je dis ça, je ne dis rien, c'est à vous de voir...
- Graphismes11/20
L'ambiance à la The Thing (une base perdue dans l'immensité de la banquise) donne lieu à une atmosphère lourde et assez stressante. Il est d'autant plus frustrant de constater que les environnements ne profitent pas vraiment de ce décorum et se contentent d'aligner les bases et leurs extérieurs.
- Jouabilité8/20
White Fox manque cruellement de mouvements ce qui fait que la progression de l'aventure est terne et très linéaire et ce malgré les deux systèmes de caméra qui sont censés aider le joueur. De plus, les gardes ayant des réactions bizarres tout en tirant comme des dieux, il est vraiment énervant de se faire tuer en deux temps, trois mouvements. A ce propos, signalons un bug assez drôle qui voit les gardes s'arrêter quand ils sont à l'intersection de deux zones et ce même si vous leur tirez dessus.... Tout est dit.
- Durée de vie12/20
Comme dans tout bon jeu PC, la sauvegarde rapide vous permettra de ne pas reprendre entièrement un niveau lorsque vous vous ferez tuer (quels petits joueurs ces PCistes !) et bien que le titre possède quelques passages bien gavants, vous devriez en venir à bout après une dizaine d'heures. Si vous vous posez des questions concernant d'éventuels modes Multi., vous pouvez déjà arrêter vu qu'il y a rien de tout ça à l'horizon.
- Bande son11/20
Le doublage américain est inégal mais le personnage principal s'en tire plutôt bien, même s'il n'est pas trop loquace. Les musiques sont discrètes mais s'accordent bien avec les passages d'infiltration et ceux placés sous le signe de l'action.
- Scénario9/20
L'éternel méchant qui décide un beau jour, en se levant, de faire le plus mal possible est de retour dans Aurora Watching. S'il ne faut pas chercher une grande originalité du côté du scénario, White Fox (proche du Snake Plisken désabusé) a tout du parfait anti-héros et en plus il est alcoolique, bref, c'est un bonheur de diriger un tel agent secret bien loin de l'imagerie véhiculée par James Bond.
Bien que Metropolis ait fait des progrès en matière de graphismes depuis Gorky Zero, les développeurs ont quelque peu oublié de revoir le gameplay de leur nouveau jeu d'infiltration. Le résultat final est décevant à plus d'un titre puisque le tout manque cruellement de possibilités, de nervosité et surtout d'ambition. D'une IA des plus étranges à une progression en ligne droite, Aurora Watching n'a pas grand chose pour lui si ce n'est son ambiance suffocante et quelques idées intéressantes comme les phases en moto-neige... C'est bien peu, vous en conviendrez.