En voilà un qui a fait baver beaucoup de monde et qui n'a jamais caché ses ambitions. Full Spectrum Warrior arrive enfin en Europe avec la ferme intention de se poser comme une référence du jeu militaire. Une place que l'on était tout prêt à lui donner, jusqu'à ce que l'on puisse passer suffisamment de temps avec lui.
Depuis ses premières présentations, Full Spectrum Warrior me fait saliver, plus encore après que j'ai pu m'y essayer à l'E3. Il faut dire que le jeu est dérivé d'un véritable soft utilisé par l'US Army et que Pandemic a retravaillé pour en faire un produit grand public. A l'origine, on voyait d'ailleurs le titre comme un jeu pour hardcore gamer, aimant se prendre le tête, réaliste et stimulant pour les neurones ... mouais, finalement, c'est peut-être pas tellement le cas.
Full Spectrum Warrior a au moins trois énormes atouts dans ses poches : il est très immersif, il est innovant et riche d'un gros potentiel. Essayez d'imaginer un jeu de tactique type STR en caméra embarquée. Vous ne contrôlez pas de personnage particulier dans le titre de Pandemic, vous n'êtes même pas présent à l'écran, vous devez vous contenter d'être une entité décharnée qui donne des ordres aux deux équipes de 4 hommes de Charlie 90. Vous n'agissez donc jamais directement, ce sont vos hommes qui le font quand ils en reçoivent l'ordre. Pour vous déplacer il vous suffit de bouger le stick gauche pour voir apparaître des curseurs représentant la position que prendront vos hommes ainsi que la formation qu'ils adopteront en fonction du terrain. Pour ouvrir le feu, vous devez définir une zone de tir puis une attitude. Seul le tir de grenade fait exception et se présente comme une action directe du joueur, on notera d'ailleurs le peu de réalisme du lance-grenade qui tire droit comme une flèche, mais bon... Voilà un gameplay qui se montre particulièrement innovant, entre le shooter et le STR. Et le meilleur, c'est que la prise en main est simplissime et les possibilités d'actions riches. De plus l'I.A de vos hommes est vraiment au point et leurs réactions face au danger, réalistes. Ils ne tirent sans ordre que sur un ennemi direct, ils suivent vos ordres même s'ils sont débiles, mais attendent tout de même d'avoir rechargé leurs armes avant de sortir etc...
La progression de vos deux équipes se doit d'être prudente, pas question de foncer droit devant comme un benêt. Il vous faut donc aller de couverture en couverture et éviter comme la peste de rester à découvert. D'ailleurs, on dispose d'un bouton de panique qui permet d'annuler un ordre et d'ordonner à vos hommes de se planquer derrière le premier truc qu'ils trouvent, quitte à rompre leur formation. Couverture, ce sera vraiment le mot-clé du jeu, on doit être à couvert et couvrir les autres. On devra même prêter attention à ce qui nous sert de planque, car si un mur est idéal, une voiture, un canapé ou des caisses en bois (ah, les caisses en bois, que deviendrait-on sans elles dans les jeux ?) finissent par céder sous les impacts. Ensuite, vous aurez à votre disposition diverses possibilités pour progresser et éliminer les menaces, des menaces qui seront dans 90 pour cent des cas bien à l'abri, vous obligeant à ruser. Parmi vos solutions, citons le tir de suppression, un feu nourri qui contraint l'ennemi à rester baissé, permettant à l'autre équipe d'avancer et de contourner le danger afin de le prendre à rever). Autre possibilité, la progression par bonds, qui consiste à scinder une équipe en deux, deux hommes tirent, deux autres avancent en tirant eux aussi, une fois de plus, l'objectif est d'aller vers un autre planque. Si vous êtes suffisamment près, vous pourrez simplement utiliser une grenade, des grenades à l'effet fort bien rendu d'ailleurs.. Enfin, pendant que Bravo engage l'ennemi embusqué, il vous suffit, si possible, d'emmener Alpha faire le tour d'un bâtiment pour choper le tango par derrière.
Si par malheur l'un des hommes devait se prendre une prune, vous aurez une poignée de secondes pour envoyer quelqu'un le sécuriser et le prendre ensuite sur ses petites épaules musclées. Vous devez alors le conduire sur un point d'évacuation où il sera soigné. Il pourra alors reprendre le service. Ah oui là d'un coup le côté réaliste prend une baffe tiens, dommage ça. Il vous faudra en effet deux soldats à terre pour que l'on considère qu'il y a mort d'homme. En gros, les snipers et les headshots on connaît pas.
Les premiers pas dans Full Spectrum Warrior sont véritablement exaltants. On découvre un nouveau gameplay pendant le tutorial obligatoire, des possibilités enthousiasmantes et même une immersion vraiment réussie et qui restera jusqu'au bout un des meilleurs aspects du jeu. Malheureusement, en dépit de ses qualités évidentes, Full Spectrum Warrior n'est pas ce qu'on attendait. Force est de constater qu'il est bien trop simple et linéaire et que si son gameplay est à la base une réussite exemplaire, il ne trouve pas sa place dans un level design minimaliste et paresseux. Car finalement, la campagne ressemble à une suite de situations données qui n'ont à chaque fois qu'une et une seule solution à trouver parmi celles citées plus haut. Si pendant le tutorial on est comme un fou devant les possibilités offertes, on réalise finalement que c'est tout ce qu'on fera pendant le reste du jeu. La faute à un level design trop dirigiste. Chaque problème n'a qu'une solution, chaque objectif n'a qu'une voie qui permette de l'atteindre et la plupart du temps, trouver cette solution est bien trop simple, même si certains passages se montrent intenses et flippants. Toujours au niveau du level design, on regrette amèrement de ne pouvoir entrer dans les nombreux bâtiments qui nous entourent et abritent quelques rares snipers. Et si on progresse effectivement avec beaucoup de précautions, il n'en n'est pas moins que le jeu est loin d'offrir un challenge corsé en matière de tactique et de stratégie. On optera d'ailleurs directement pour le mode hard afin d'éviter d'avoir en plus des soldats bâtis en kevlar, de cette manière, le peu d'erreurs que l'on est susceptible de commettre nous seront-elles au moins fatales.
Ce n'est de plus pas l'IA ennemie qui relèvera la difficulté. Si du côté allié, cette dernière est remarquable, en face, elle est simplette et se contente de réagir mécaniquement à nos actes, je tire ou je me planque en gros. Aucun ne bougera si un script ne l'a pas prévu et si le joueur lambda est capable d'apprendre à contourner une menace, ce n'est pas le cas chez les soldats zekistannais à qui l'on fait face.
Finalement, on s'aperçoit bien vite que Full Spectrum Warrior n'est pas le titre tactique ultime pour hardcore gamer qu'on pensait. Finalement, il ferait plus penser à un Medal Of Honor tant il se montre linéaire et, autre point crucial, spectaculaire ou plutôt immersif. Car on a beau le trouver trop simple, il est difficile de lâcher le pad tant on se laisse prendre au jeu. Cette immersion on la doit à divers points de la réalisation du titre tout autant que son intuitivité. J'ai déjà parlé des réactions hyper crédibles des hommes de Charlie 90, on s'attardera également sur la bande-son. Qu'il s'agisse des effets sur les armes, les explosions, les divers fonds sonores ou encore les dialogues, tout est là pour qu'on s'y croit. L'aspect graphique est lui aussi étonnement accrocheur à commencer par la gestion de la caméra et un effet bête comme tout qui lui est appliqué lors des déplacements au pas de course. Elle tremble comme une caméra à l'épaule ce qui donne un rendu proche d'un reportage de guerre. Et on n'oubliera pas de mentionner le rendu graphique très particulier du jeu (qui ne plaira peut-être pas à tout le monde) qui se pare d'un effet de flou qui, allez savoir pourquoi, donne un aspect réaliste à l'ensemble. Mais on doit bien admettre que cette version PS2 est moins fine que ses homologues sur PC et Xbox. Si c'est tout à fait logique au regard des capacités moins évoluées de la console de Sony, on pardonne en revanche beaucoup moins que le framerate ait été fortement diminué. Des saccades se font même sentir par moment, gâchant par la même un peu du plaisir que l'on ressentait sur les autres plates-formes.
Bon, on va sortir le mot qui tue, celui qui ne voulait pas venir plus tôt : déception. Pas énorme déception, disons qu'on attendait un titre avec un énorme challenge, une vraie grosse claque dans le genre de la tactique militaire et finalement, on se retrouve avec un jeu qui vise un très large public, car si le joueur féru de jeu du genre prendra un certain plaisir dans Full Spectrum Warrior, il n'y trouvera cependant aucun challenge. Dernier point, le fameux mode coopératif online. S'il s'avère très sympa à jouer, il facilite encore les choses. Si le jeu est déjà assez facile en solo et il l'est encore plus à deux.
- Graphismes13/20
Moins fin que sur Xbox et PC, la version PS2 de Full Spectrum Warrior est aussi moins convaincante sur le plan du framerate qui s'avère toujours assez bas et même chancelant à de nombreuses reprises. Les graphismes sont cependant loin d'être laids et la modélisation des personnages est de bonne qualité. Reste ce petit effet de "flou" utilisé sur le bord des polygones pour masquer l'aliasing, effet qui ne plaira pas à tout le monde.
- Jouabilité13/20
La jouabilité est pénalisée par le framerate assez poussif du jeu sur cette version PS2. Cependant, le gameplay reste plaisant grâce à des moments d'intense émotion. On regrette cependant un aspect trop scripté et trop dirigiste : le joueur manque de liberté.
- Durée de vie13/20
Le jeu se déroule plus ou moins en temps réel, c'est bon pour l'immersion mais pas pour la durée de vie puisqu'il s'agit de vivre une journée des forces spéciales. On en vient à bout en 10 heures, voire moins.
- Bande son17/20
Les thèmes musicaux savent se faire aussi bons que discrets afin de mettre en valeur des effets et surtout des voix vraiment très, très réussis. Pas de voix françaises en revanche.
- Scénario/
On pensait que Full Spectrum Warrior serait une révolution du genre tactique par son approche, son réalisme et sa diversité. Ce n'est pas le cas. Si le titre de Pandemic offre une réelle innovation avec son système de commandes et son gameplay entre shooter et STR (pas loin d'un Hidden & Dangerous en fait par moments), il se montre trop simple en n'offrant qu'une voie, qu'une solution facilement trouvée dans un level design trop linéaire. En outre, la version PS2 n'est pas à la hauteur de ses homologues de par son framerate poussif. Si vous en avez la possibilité, préférez les versions Xbox ou PC. Sinon, vous pouvez vous laisser séduire par le titre sur PS2 qui reste un bon petit jeu mais qui n'est, hélas, pas un modèle de fluidité.