Avec la flopée de bons jeux de rôle disponibles aujourd'hui sur PC (Dungeon Siege, Neverwinter Nights, Morrowind, Sacred, Vampires Bloodlines...) et surtout avec ce qui nous attend dans les mois à venir (Oblivion, Fallout 3, Gothic 3, Dungeon Siege 2...) on se demande bien qui va pouvoir s'intéresser à un soft comme Alexandre : L'Heure des Héros. Le titre tente cependant d'innover en mettant un brin de stratégie dans son gameplay, mais cet élément est loin d'être suffisant pour nous séduire car par ailleurs, ce RPG cumule les défauts.
Le premier des points faibles que l'on remarque en entrant dans le vif du sujet c'est le scénario, où plutôt la narration. L'histoire, on la connaît déjà puisque le jeu reprend dans les grandes lignes l'épopée antique d'Alexandre Le Grand. Le joueur incarne ce personnage célèbre et deux de ses amis (Ekhedem, Mégaclès et Bilikidi) qui vont devoir poursuivre l'oeuvre du roi Philippe II de Macédoine, à savoir conquérir une grande partie de la région. Hélas, les missions qui vous seront confiées n'ont qu'un rapport très lointain avec ce fil conducteur et se résument le plus souvent à trucider vos adversaires. D'ailleurs, on ne suit le scénario global que par des textes en début de niveau ce qui est loin d'être palpitant et cela ne permet pas d'asseoir une véritable ambiance. Le joueur ne s'identifie absolument pas à ses unités et n'entre donc réellement jamais dans le jeu.
Le pire, c'est qu'il faut dire que le design des unités n'aide pas : elles manquent cruellement de charisme. Les graphismes sont vraiment moches et les décors font un peu penser à ceux de Darkstone, un RPG paru en... 1999 ! Les textures et les effets sont donc indignes d'un jeu de 2005. Bien évidemment, le plus important n'est pas là et on pourrait pardonner cette réalisation ratée si le gameplay était bon, mais ce n'est hélas pas le cas. Il faut déjà savoir que le pathfinding n'est pas au mieux, ce qui vous obligera à avoir un oeil sur vos petits bonshommes pour éviter qu'ils ne se perdent. Mais le pire, on le voit lorsqu'on combat : les unités ne tiennent pas compte de vos ordres ! Un comble ! Il est ainsi quasi-automatique que lorsque vous leur demandez d'attaquer un ennemi précis, elles se mettent à attaquer plusieurs adversaires ! Cela enlève d'office tout intérêt aux batailles qui se voulaient pourtant être stratégiques.
Le jeu introduit en effet un soupçon de STR. Premier élément qui fait penser à un jeu de stratégie : le découpage de la campagne en niveaux. Chaque mission se déroule en effet sur une carte fermée à l'image des STR et non des RPG qui vous laissent le plus souvent le soin de visiter un monde ouvert. On ne peut sortir d'une carte et passer à la suivante que lorsqu'on a accompli les missions principales. La linéarité est donc de mise car même si quelques quêtes secondaires sont présentes ici et là, elles ne permettent pas de rompre avec cette linéarité et le manque de liberté se fait donc très vite sentir. Autre élément qui fait penser à un STR, outre les héros principaux qui vous suivront tout au long de l'aventure, il est possible au début de chaque niveau d'enrôler toujours plus de nouveaux hommes qui vous prêteront main forte. On peut ainsi avoir jusqu'à 12 unités sous ses ordres.
Mais le coeur du jeu reste évidemment son côté RPG avec un gain d'expérience pour les personnages, expérience qui leur permet de monter en niveau et de gagner des points que le joueur peut librement dépenser en montant les attributs (force, dextérité...) et les compétences. Ces dernières adoptent d'ailleurs une configuration proche de celle de Diablo 2 avec la présence d'une arborescence qui impose d'apprendre certaines compétences pour pouvoir accéder par la suite à d'autres coups spéciaux et aptitudes du même ordre mais plus puissants. Hélas, leur nombre est vraiment trop limité : on en compte seulement une dizaine pour chacun des héros du jeu. Le pire, c'est qu'il n'y a pas que le nombre de compétences qui soit limité. Les items eux aussi ne sont pas assez nombreux et variés. On est loin d'un Diablo 2 sur ce point. Il en est de même pour les ennemis que l'on affronte : ce sont toujours les mêmes. Aucune surprise ne vient égayer les parties qui au final s'avèrent vraiment ennuyeuses.
- Graphismes8/20
Le moteur graphique semble dater de l'époque de Darkstone, un RPG très sympa datant cependant de... 1999 ! En effet, on retrouve à peu de chose près une qualité de texture identique et des effets semblables. Mais nous sommes en 2005 et les jeux ont fait de gros progrès, ce que les développeurs semblent ignorer.
- Jouabilité4/20
De gros problèmes de gameplay font baisser de façon drastique la note de jouabilité. Si le pathfinding est défaillant, ce n'est pas lui qui porte le plus préjudice au jeu. C'est bien la totale désobéissance de vos unités en situation de combat qui fait peur. Elles n'en font en effet qu'à leur tête et n'attaquent absolument pas la cible que vous leur avez désignée. Affligeant !
- Durée de vie8/20
La campagne est très courte et le mode "Arène" n'a absolument aucun intérêt puisqu'il s'agit d'une sorte de mode deathmatch en solo. Bref, on fait très vite le tour de ce jeu.
- Bande son8/20
En tout et pour tout, 8 thèmes musicaux très courts (environ 1 minute chacun) sont présents dans le jeu. Ils se répètent à longueur de partie et soûlent très vite le joueur. Les bruitages ne s'en sortent pas mieux et sont tout aussi répétitifs.
- Scénario6/20
On suit évidemment l'histoire d'Alexandre le Grand, mais la narration est si molle qu'on ne prête que peu d'attention au scénario.
Inintéressant, linéaire, répétitif, mal réalisé, injouable, à la mise en scène quasi inexistante, Alexandre : L'Heure des Héros cumule les défauts et entre d'office dans la catégorie des jeux plus que médiocres. Pour couronner le tout, les compétences des héros que l'on dirige sont peu nombreuses et les items à ramasser pas assez variés. Bref, même s'il est proposé à bas prix, ce jeu de rôle est à éviter.