Nul ne sait quelles embûches le vaillant Dungeon Lords a dû surmonter pour aboutir enfin en version finale, mais le fait est que l'on attend ce titre depuis fort longtemps. Alors pour fêter sa sortie, Dreamcatcher a fait les choses en grand avec une édition collector tape-à-l'oeil dans un écrin en acier brossé contenant la carte des territoires du seigneur Davenmor et les 3 CD du jeu. Pourtant, une fois le titre lancé, on se demande vraiment si tout cela en valait la peine.
Dungeon Lords est un RPG qui lorgne copieusement du côté de l'action et qui a le mérite d'être scénarisé par D.W.Bradley, que l'on connaît notamment pour son travail sur la série des Wizardry. Armé de votre épée ou de toute autre objet susceptible de faire frémir orcs, morts-vivants et gobelins, vous allez errer dans des territoires hostiles et moyenâgeux en quête de hauts-faits à accomplir. Mais avant cela, il va vous falloir déterminer qui vous êtes et créer votre combattant de toutes pièces comme dans tout bon RPG. Hélas, le jeu n'a même pas encore commencé que ça commence déjà à coincer. Car même si on a le choix entre 7 races et 4 classes de personnages (ce qui n'est déjà pas bien lourd), on se rend compte bien vite qu'il est impossible de modifier l'apparence physique de son héros. Visiblement, les développeurs ont omis ce "détail", obligeant le joueur à se cantonner à des archétypes qui ne sont pas forcément du meilleur goût, sans pouvoir apporter une quelconque touche personnelle à sa création, en attendant un patch pour rectifier tout ça.
Si le jeu en valait la peine, on pourrait passer du temps à présenter les différents profils disponibles, ou à commenter les différentes caractéristiques et compétences qui sont proposées. Mais il me semble plus important d'évoquer ici les différentes choses qui font défaut à Dungeon Lords et qui vont sans aucun doute vous gâcher tout le plaisir de jeu. D'un point de vue "role play", le titre s'avère beaucoup trop limité pour mériter réellement son qualificatif de RPG. Les PNJ sont rares et peu bavards, et outre le fait de pouvoir adhérer à une guilde pour se procurer des quêtes, on a plutôt le sentiment de jouer à un soft d'action pure. Le système de répartition d'expérience qui permet d'optimiser ses aptitudes et d'acquérir de nouvelles compétences peut effectivement nuancer ce constat, mais c'est peut-être le seul point positif du jeu.
Dans Dungeon Lords, tous les personnages peuvent lancer des sorts, qu'ils soient guerriers, mages ou même voleurs. Contrairement aux autres magies, la magie du néant doit se renouveler en récupérant des objets sur les corps de ses victimes, comme une aile de chauve-souris ou un cheveu de mort-vivant, afin de créer une mixture qui pourra aboutir à un nouveau sort. Malgré tout, les affrontements se négocient le plus souvent au corps-à-corps, donnant lieu à des pugilats d'une confusion extrême. On dispose pourtant d'une panoplie d'actions plutôt étoffée permettant d'orienter ses coups et d'effectuer des manoeuvres d'esquive intéressantes, mais dans la pratique tout ceci relève du fouillis le plus complet. De plus, on relève de vrais bugs de collision avec des monstres qui se traversent entre eux ou restent bloqués en l'air à cause d'un coffre ou d'un escalier. Si l'action prédomine, elle n'est en aucun cas jouissive, d'autant que les animations ne suivent pas. A titre d'exemple, le personnage ne se baisse même pas pour frapper des monstres au sol et on doit se contenter de faire des moulinets vers le bas en restant en position debout, c'est vous dire.
Présenté en vue à la troisième personne, Dungeon Lords propose des contrôles classiques au clavier et à la souris, ainsi qu'un menu rapide avec des raccourcis à définir. Le tout n'est que moyennement jouable et souvent imprécis, ce qui pose problème sachant que les phases de plates-formes sont fréquentes et généralement malvenues, avec des sauts sur des poutres ou au-dessus de divers pièges mortels qui nous poussent à sauvegarder immodérément. Les alliés que l'on peut appeler pour nous prêter main forte sont d'une efficacité très limitée, et surtout on ne dispose pas de mini-map, ce qui devra être corrigé encore une fois dans un patch ultérieur. Le jeu affiche une réalisation sommaire et des environnements vides dans lesquels on se perd facilement puisqu'on ne dispose guère plus que d'une vulgaire boussole pour se repérer. Les quelques énigmes qui entrecoupent la progression sont affligeantes de simplicité et se résument généralement à des leviers dissimulés ou autres objets à trouver en arpentant le chemin l'oeil aux aguets. L'idée d'imaginer un système particulier pour désamorcer les pièges, ouvrir les coffres ou crocheter les serrures est bonne, mais trop pénible à la longue car utilisée de manière systématique. De plus, l'aventure ne réserve pas de réel challenge puisqu'on peut ressusciter autant de fois qu'on le souhaite en perdant simplement quelques points de caractéristique. On s'amuse certes un peu plus en faisant le jeu à plusieurs en coopération via le mode multijoueurs, mais il demeure toujours cette impression désagréable d'avoir affaire à un jeu non terminé qui ne tardera pas à hériter d'une montagne de patches pour aboutir enfin à quelque chose de valable.
- Graphismes10/20
Le bilan visuel est mitigé puisque, même si les monstres et les personnages disposent d'une modélisation réussie, l'animation est souvent prise en défaut et les environnements sont généralement bien vides.
- Jouabilité9/20
Le système de jeu est classique avec une vue à la troisième personne et un maniement clavier/souris, mais l'absence de mini-map fait que l'on se perd inutilement dans les environnements du jeu. De plus, les affrontements sont trop confus et la jouabilité imprécise nuit aux phases à tendance plates-formes.
- Durée de vie13/20
L'aspect "role play" est clairement écarté au profit de l'action, ce qui n'est pas une bonne chose étant donné les lacunes de gameplay. Du coup, on n'aura guère envie d'aller jusqu'au bout du jeu, même si l'expérience est un peu plus amusante si l'on s'y met à plusieurs.
- Bande son10/20
La plupart des dialogues sont doublés mais ceux-ci sont tellement rares qu'on s'en moque un peu. D'autant que l'ambiance sonore n'attise en rien notre envie d'occire du monstre.
- Scénario14/20
Un complot se trame dans le cercle des mages et le plus puissant d'entre eux en est déjà la première victime. Pour sauver son royaume des forces du mal, Lord Davenmor promet sa fille en mariage à son rival, mais apprenant la nouvelle, celle-ci disparaît subitement. Ainsi commence une aventure qui avait tout pour être mémorable, si le travail de développement avait été à la hauteur de l'imagination de D.W.Bradley.
Voilà un jeu qui part d'une bonne intention mais qui a tous les travers du soft non terminé. En l'état actuel, Dungeon Lords souffre de problèmes de gameplay et d'oublis inexcusables, comme l'absence d'une mini-map ou l'impossibilité de personnaliser l'apparence physique de son héros. Résultat, il faudra nécessairement se rabattre sur des patches pour avoir affaire à un jeu vraiment terminé, même si au final il est évident que ceci ne rehaussera pas vraiment son intérêt.