Midway aime recycler les vieux jeux du temps où il dominait le monde de l'arcade. Et c'est cet entêtement malsain à vouloir se tourner vers un passé tout aussi glorieux que révolu qui nous vaut la triste chance de voir arriver NARC. Un jeu à l'originalité folle qui mise absolument tout sur l'immoralité latente et la dualité manichéenne qui est en chacun de nous. Ouais en gros ça veut dire "gentil flic, méchant flic" quoi. Pff, rôh la prise de tête pour ne rien dire.
Bien, dans la mesure où le jeu est simple, je vais faire simple aussi, c'est ce qui est bien dans ce métier, on peut toujours se mettre au niveau du produit. Dans NARC, vous incarnez 2 flics à tour de rôle, des durs, des mecs des vrais, avec des gros pistolets et des gros bras parce qu'ils fréquentent la salle de gym du commissariat. Il y en a un blanc et un noir, donc si vous voulez c'est un peu 2 Flics A Miami, mais avec le côté violent et glauque de Rex (oui Rex c'est une série allemande et on se fout de savoir que le deuxième flic est un chien, m'embêtez pas). Donc où en étais-je ?
Ah oui, dans l'idée, NARC fait partie de la - trop - grande famille des GTA-like, rappelant assez le dernier volet de Spider-Man. Tout comme dans ce dernier, vous pouvez en effet voler au secours des personnes qui se font agresser dans la rue, celles-ci étant faciles à repérer par les grands cris qu'elles poussent, comme "au secours" ou "lâchez mon sac" (à ne pas confondre avec les gens qui crient "chouchous, beignets, esquimaux"). On, s'approche, on montre sa plaque, on cogne des coups de tatane au malotru en prenant garde à ne pas frapper la victime, on fait quelques passes avec les boutons de la manette pour le menotter et on repart avec ce qu'il porte sur lui. Autant le dire de suite, c'est tout ce qu'il y a à faire si on ne lance pas une mission et c'est soporifique au possible. Et comme le monde de NARC n'a aucune crédibilité avec ses passants futés comme des limaces sous LSD, les promenades libres n'ont aucun intérêt. C'est qu'il faut voir les civils déambuler bêtement ou partir en courant sans aucune raison. On a bien tenté d'intégrer un élément pour pimenter les choses, mais ça ne suffit pas. L'élément en question c'est votre réputation, indiquée sur votre insigne. Plus vous commettez de bavures, plus votre réputation décroît. A terme, vous finissez suspendu. Suspendu de votre service hein, pas par les pieds.
L'avantage de ces interpellations sauvages n'est toutefois pas négligeable puisqu'elles constituent le moyen le plus rapide de se faire de l'argent et se fournir en substances illicites. Car en toute immoralité et perversion ludique, le jeu considère les drogues de tout poil comme des bonus affectant votre comportement de manière profitable. Oui, ça va beaucoup plaire ça. Ainsi, mademoiselle Marie Jeanne ralentit votre perception des choses et fait office de bullet time du pauvre pendant que la prise de crack affine votre précision au tir. Et on en trouve quelques autres dans le même genre, accompagnées d'effets visuels plutôt marrants et de musiques adéquates. Malgré le côté fortement immoral de la chose, ça reste très drôle et sûrement le truc le plus sympa du jeu. Et puis attendez, vous avez vu la portée philosophique du truc et la tension dramatique que ça induit ? Vous êtes un officier de l'ordre et vous prenez des drogues !! Trop délire ! Non, ça vous laisse froid ? Vous en connaissez déjà qui le font ? Ah, OK, au temps pour moi.
Car ensuite viennent les missions principales, accessibles en allant se planter dans un gros cercle bleu. On trouve un peu de tout ici. A commencer par la filature d'un flic ripou qui va nous mettre sur la piste d'un recel de la drogue saisie pendant les arrestations, au massacre en règle des membres d'un réseau de trafiquants. Avec comme toile de fond l'apparition d'une nouvelle drogue procurant à ses utilisateurs une force surhumaine. De toute façon, quoiqu'il se passe, tout se termine par une fusillade. La question est simplement de savoir comment on y arrive. Parfois, ce sera après avoir tabassé quelques dealers dans la rue, d'autres après s'être furtivement introduit chez les vilains. Mais dans tous les cas, on se sera sacrément ennuyé. Comme je le disais, on évolue dans un monde peuplé d'abrutis et les ennemis ne font pas exception. C'est du tir sur cible qu'on fait, et avec une visée automatique qui plus est. Pour être plus clair, on ne fait qu'appuyer sur la gâchette sans se poser de question et j'ai le sentiment qu'on pourrait tout à fait jouer à Narc en ayant réellement consommé des substances neurotoxiques, genre un Kinder Bueno frelaté ou un Twix avec supplément caramel. Bien souvent, la véritable difficulté dans NARC ne provient pas des scènes d'action mais plutôt de petits détails mal goupillés. Dans une mission qui nous impose une filature, on se fera généralement repérer sans même comprendre pourquoi. Résultat, on est bon pour tout recommencer depuis le début, une fois, deux fois, trois fois. Vous me direz : "c'est pareil dans GTA".
Si, vous allez le dire, je vous connais maintenant. C'est vrai, mais d'abord dans GTA, les missions sont bien meilleures et si vraiment on en a marre, on peut passer à autre chose ou alors faire un tour en ville. Ici, on ne peut que pester et déranger ses collègues qui en ont marre de vous entendre râler. Au milieu de tout ça, on trouvera également les missions spéciales qui se déroulent grossièrement comme les autres. La première d'entre elles consistera, par exemple, à traquer une série de snipers dans la ville. On suit donc gentiment un point bleu sur la carte, on se pose, on localise le tireur sur son toit et là, paf, on le dégomme au lance-grenade. Ah ben ça rigole pas. Mais NARC n'est pas seulement rebutant en raison de son IA ou du manque d'intérêt de ses missions. Il l'est aussi à cause de ses commandes. J'ai déjà parlé de la visée automatique qui assiste totalement le joueur, mais le combat à mains nues ne fait pas mieux. Pour synthétiser, on donne des coups sans aucune assurance de leur destination, ce qui donne un rendu à l'écran passablement risible, mais néanmoins fort agaçant. D'ailleurs quand j'y pense, voilà un résumé qui s'applique parfaitement à Narc dans sa globalité.
- Graphismes9/20
On retrouve ici le moteur utilisé dans State Of Emergency avec un rendu très peu convaincant. Tous les personnages ont l'air complètement hagards et sont affublés d'une démarche plus risible qu'autre chose. On a droit au minimum syndical avec des effets inexistants et des textures vraiment moches.
- Jouabilité10/20
Les commandes n'ont aucune précision quand il s'agit des combats de mêlée et beaucoup trop quand on tire, on comprendra aisément à quel point les affrontements sont pénibles et dénués d'intérêt.
- Durée de vie12/20
La ville est minuscule, ce qui vous oblige à compter sur les missions pour allonger la durée de vie, autant dire qu'elle ne va pas chercher loin. En revanche, on peut débloquer la version originale du jeu. Mouais...
- Bande son13/20
Trop super, sur la boîte est indiqué en gros que Micheal Madsen et Bill Bellamy participent au doublage. Enfin, bon, en VO, parce que là forcément c'est la VF. Et comme la bande-son est méchamment compressée, je n'arrive même pas à identifier les voix pour savoir si on a droit aux doubleurs officiels. Les dialogues sortent tout droit d'un gros nanar policier. Un bon point cependant, les musiques parfois excellentes et les effets sonores qui accompagnent la prise de stupéfiants.
- Scénario11/20
Si au moins on avait droit à une ambiance, mais non, une fois de plus on semble penser qu'il suffit d'avoir des héros vulgaires et anti-conformistes pour pondre un scénario et un univers. "Trop génial, le héros il a dit un gros mot, youpi !".
Pourvu de contrôles imprécis, d'une réalisation à l'arrache, d'un gameplay bancal et de missions pénibles, d'une atmosphère impalpable, NARC parvient pourtant à vous garder collé à votre pad pendant des heures... Mais non je rigole. Mais c'est dommage, c'était rigolo de prendre de la marijuana pour descendre des dealers de coke. Et encore, pas tant que ça.