Avec des jeux tels que Yoshi Touch & Go, Wario Ware et Pac-Pix, la Nintendo DS nous prouve qu'elle a les moyens de nous étonner en inspirant le génie des développeurs qui ne reculent devant rien pour imaginer des concepts novateurs, délirants et terriblement efficaces. Exemple parfait du jeu qui ne paye pas de mine, Pac-Pix saura pourtant vous scotcher sur l'écran de votre DS au point de tatouer la marque du stylet sur la paume de votre main !
Le concept original de Pac-Pix a beau être inédit, il n'en demeure pas moins extrêmement simple. Pac-Man, la légendaire mascotte de Namco, étant l'un des personnages les plus basiques en termes de design, rien n'est plus facile que de le dessiner. En un coup de stylet, on peut tracer une bouche et un cercle pour donner vie à Pac-Man, le seul, l'unique, le vrai, et surtout le vôtre ! Voir sa création apparaître ainsi sur l'écran tactile de la DS est une chose, mais le voir s'animer selon ses désirs est un moment autrement plus fort. Quelques traits bien placés suffisent à lui indiquer dans quelle direction se déplacer, et on peut même l'arrêter et le faire reculer quand le besoin s'en fait sentir. A partir de là, on contrôle de façon indirecte un Pac-Man vorace et affamé qui dévore tout sur son passage ! Ce qui est absolument énorme, c'est de voir que le jeu s'adapte à tout ce que l'on dessine, en prenant en compte la taille, la forme et l'inclinaison du dessin pour modifier la façon dont vos coups de crayon vont interagir avec le décor. Un Pac-Man petit ira beaucoup plus vite qu'un gros Pac-Man, et il aura l'avantage de se faufiler dans les passages étroits, tandis que ce dernier pourra gober les fantômes beaucoup plus facilement. De plus, rien ne vous empêche de dessiner jusqu'à deux ou trois Pac-Man en même temps, même si le challenge s'en voit décuplé. Tout va très vite et vous constaterez rapidement que le soft n'est pas destiné aux petits joueurs.
Mais qu'en est-il justement du challenge ? Pac-Pix propose en fait une succession de sous-niveaux chronométrés qu'il faut compléter dans l'ordre pour clore un chapitre avant de pouvoir passer au suivant. A chaque fois, on ne dispose en moyenne que de cinq vies pour y parvenir, et le game over implique de recommencer tout le chapitre depuis le premier sous-niveau. Pac-Man étant, à l'inverse du jeu original, invulnérable vis-à-vis des fantômes et donc toujours apte à les dévorer, comment peut-il bien être amené à rendre l'âme ? Il existe en réalité plusieurs façons de mourir. La première et la plus fréquente, c'est de ne pas parvenir à stopper Pac-Man avant qu'il ne quitte l'écran. S'il sort de l'écran tactile, il disparaît et vous n'avez plus qu'à en dessiner un autre. Mais Pac-Man peut également mourir lorsqu'il entre en collision avec un obstacle plusieurs fois de suite, et plus votre Pac-Man est gros, plus le danger de heurter le décor est grand. Bien sûr, à chaque fois que vous dessinez un nouveau Pac-Man, vous perdez l'une de vos précieuses vies.
Il faudrait tout de même se mettre à la place des fantômes pour avoir une idée du cauchemar qu'ils vivent dans Pac-Pix. Non seulement ils sont obligés de fuir devant un Pac-Man géant avec lequel ils sont enfermés, mais surtout ils n'ont aucun moyen de le neutraliser. Cela dit, le joueur doit souvent ruser pour venir à bout des spectres les plus coriaces, par exemple en les contournant pour les prendre par derrière afin d'éviter leur bouclier. A d'autres moments, il faut s'arranger pour les gober dans un ordre précis, ou même tracer un Pac-Man de plus en plus grand pour dévorer des ennemis un peu trop volumineux. Les affrontements contre les boss sont d'ailleurs souvent l'occasion de découvrir de nouvelles astuces de ce genre. En plus des ennemis qui vous mettent des bâtons dans les roues, il faut également éviter différents types d'obstacles, activer des interrupteurs pour déverrouiller des passages et ne pas oublier d'emprunter les tunnels pour dénicher des bonus ou des fantômes lâchement planqués.
En avançant dans le jeu, on peut acquérir deux nouveaux symboles à dessiner en plus du personnage de Pac-Man. Ainsi, une flèche qui pointe dans la direction voulue permet de paralyser les fantômes et de toucher les objets inaccessibles autrement, par exemple s'ils sont situés dans l'écran du haut. La flèche peut d'ailleurs ricocher si on l'oriente vers des miroirs, ce qui peut s'avérer utile pour libérer des fantômes prisonniers dans des bulles en hauteur. Le second symbole, la bombe, est indispensable sur les derniers niveaux de jeu pour détruire certains objets. Mais son utilité ne s'arrête pas là. On peut également recourir aux bombes pour immobiliser des fantômes ou activer des interrupteurs, sachant qu'il est possible de poser jusqu'à trois bombes au maximum à l'écran. Pour les faire exploser, il suffit ensuite de relier la mèche à une flamme quelconque présente dans la zone de jeu. Mine de rien, dessiner des symboles dans n'importe quel sens n'est pas forcément évident, et le fait de jongler entre les différents symboles complique rapidement la tâche.
Après des dizaines d'années de remakes, Pac-Man évolue enfin d'une manière saisissante. Loin de saboter le concept du jeu original, Pac-Pix le transcende tout en respectant l'esprit d'origine. Car même si l'on ne retrouve plus les labyrinthes chargés de Pac-Dot ou les pastilles d'invulnérabilité, la chasse aux fantômes demeure toujours aussi addictive. Les puristes reconnaîtront les fruits qui donnent un max de points, le thème d'introduction de chaque niveau ou encore les espèces de "warp zones" qui permettent de sortir de l'écran pour se retrouver à un autre endroit. Difficile après ça de revenir au Pac-Man classique, tant le nouveau concept devient vite une seconde nature pour le joueur. Sur ce, je m'en retourne jouer à Pac-Pix parce que j'ai deux, trois fantômes sur le feu.
- Graphismes11/20
Laissez tomber tout de suite l'idée de faire une aquarelle de Pac-Man sur l'écran tactile de la DS, les dessins que vous ferez seront basiques mais le fait qu'ils s'animent sur l'écran donne l'impression de les voir prendre vie. Bien que très sobre, la réalisation s'avère parfaitement adaptée à ce style de jeu.
- Jouabilité17/20
On ne peut qu'être bluffé de voir comment le soft parvient à gérer les animations des dessins que l'on trace sur l'écran, en tenant compte de leur forme, de leur taille et de leur inclinaison. Le jeu fonctionne parfaitement et le concept offre une toute nouvelle façon de jouer.
- Durée de vie14/20
Le jeu réserve pas mal d'heures de jeu, surtout que le soft n'est guère facile. La cartouche n'est pas jouable à plusieurs, et il faudra se contenter simplement de débloquer les bonus de la galerie qui renferme d'ailleurs pas mal de secrets.
- Bande son13/20
Les musiques sont correctes et les bruitages sympa sans plus. Quitte à innover, il aurait été marrant de voir comment le soft aurait pu gérer le micro de la DS pour qu'on puisse contrôler Pac-Man directement à la voix.
- Scénario/
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Si j'osais, je vous dirais que Pac-Pix est une tuerie ! Sans exagérer, et malgré un a priori bêtement négatif sur ce jeu, j'ai trouvé le concept absolument génial. L'idée n'est pas seulement originale, elle est ingénieuse et participe d'un plaisir de jeu énorme lorsqu'on découvre ce titre. Maintenant, il est vrai que le soft chancelle un peu sur le long terme, mais il comptera pour longtemps parmi les jeux les plus étonnants de la Nintendo DS.