Pour les amateurs de jeux d'infiltration, cette fin mars est placée sous le signe de deux sorties majeures et incontournables, à savoir Splinter Cell Chaos Theory et MGS 3 : Snake Eater. Alors si par un malencontreux concours de circonstances, vous vous retrouvez avec un exemplaire de Stolen, ne venez pas vous plaindre que personne ne vous aura prévenu.
Ils arrivent en masse comme s'il en pleuvait. Les jeux d'infiltration ont la cote ces temps-ci, et on ne s'en plaindra pas quand on voit l'excellence de certains d'entre eux. Malgré tout, il en est quelques-uns dont les noms ne seront pas restés bien longtemps dans la mémoire des joueurs, comme Rogue Ops ou Spy Fiction pour ne citer que les premiers qui me viennent à l'esprit. L'équipe russe du studio Blue a néanmoins pris le risque de tenter l'aventure avec Stolen, un titre qui comporte pas mal de défauts et qui en plus se contente de piocher toutes ses idées à droite et à gauche sans chercher à mettre sa propre pierre à l'édifice.
Anya Romanov, malgré son patronyme qui peut prêter à confusion, n'a rien d'une comique. Au contraire, il s'agirait plutôt de l'une de ces femmes fatales qui pullulent dans les jeux vidéo, experte dans tous les domaines mais trop timide pour ôter ses lunettes noires et vous regarder dans les yeux. Mais qu'importe puisque la demoiselle préfère de toute façon évoluer dans l'ombre à l'insu de tous plutôt que de révéler sa présence au grand jour. Sa profession n'y est d'ailleurs pas pour rien, son job de voleuse ne lui permettant guère de parler chiffon avec les gardes armés qu'elle s'efforce de neutraliser par derrière en toute discrétion. Anya est une voleuse d'exception, mais la suite de son histoire aura un air de déjà vu pour ceux qui connaissent la série Dark Project. Contrainte de dérober un diamant d'une valeur inestimable pour accomplir sa mission, la belle se retrouve malgré elle compromise dans une conspiration qui pourrait bien la mener six pieds sous terre. A partir de là, c'est à vous qu'il incombe d'assurer sa survie.
Stolen étant probablement l'un des seuls jeux d'infiltration où l'on ne peut pas faire de victimes, mais uniquement neutraliser ses ennemis de façon temporaire, le titre prend rapidement des allures de jeu du chat et de la souris où l'on se faufile dans l'ombre d'une cachette à l'autre pour progresser. Je ne sais pas pourquoi mais ce titre doit dégager un manque de sérieux contagieux auprès des spectateurs non avertis puisqu'au sein de la rédaction, le débat a rapidement tourné autour des arguments de chacune des héroïnes de Cat's Eyes, autres voleuses de renom. A mon avis, peu importe que Cylia soit une bombe ultra sexy (dixit Killy) ou une vieille mère la morale (dixit Dinowan). L'important c'est de rester concentré sur Stolen, sur ses qualités et ses défauts. Et vous allez voir que ces derniers sont assez nombreux.
L'impression que vous risquez d'avoir en jouant à Stolen, c'est que ce titre a été conçu comme un pot pourri des meilleures idées en matière d'infiltration. On a déjà cité Dark Project, mais on pourrait aussi évoquer Splinter Cell pour les déplacements furtifs dans des environnements toujours plongés dans la pénombre, ou pour les séquences de crochetage de serrure. Il est en effet fréquent de devoir utiliser différents gadgets pour déverrouiller une porte ou pirater un terminal d'ordinateur, ce qui donne lieu à une séquence de casse-tête généralement simple mais chronométrée. Si l'idée est amusante, à défaut d'être originale, elle lasse d'autant plus rapidement que la fréquence de ces phases est beaucoup trop élevée, ce qui rend le tout très répétitif. La série des Metal Gear Solid a également servi de source d'inspiration aux développeurs de Stolen, notamment au niveau des casiers à fouiller ou des déplacements à tâtons dans les bouches d'égouts. Même l'utilisation du sonar pour voir à travers les portes est directement héritée de Mission Impossible : Operation Surma. On arrêtera là les comparaisons mais le fait est que les éléments qui constituent le gameplay de Stolen ont tous déjà été vus ailleurs. Ce qu'il reste, c'est un titre qui souffre d'une réalisation graphique très approximative où seuls les effets de lumière parviennent à tirer leur épingle du jeu. L'ambiance sonore est quasiment absente, les ennemis ont presque tous le même visage, la même bedaine et le même comportement archi prévisible. Quant à l'intérêt de la progression, il est d'autant plus réduit que l'impossibilité de neutraliser définitivement ses adversaires incite parfois à foncer dans le tas, ce qui fonctionne tout aussi bien que la furtivité. Vous voyez que le tableau ainsi dressé n'est pas du meilleur goût, surtout que le jeu est vendu au prix fort. Maintenant, c'est vous qui voyez.
- Graphismes10/20
Même si les effets de lumière sont généralement réussis, comment ne pas sanctionner le caractère approximatif de la réalisation. Les textures sont aussi pauvres que les animations sont raides et la gestion des ombres laisse à désirer. Les développeurs n'ont même pas pensé à renouveler le design des ennemis.
- Jouabilité11/20
Stolen ne manque pas de possibilités, mais c'est que du déjà vu. Rien n'est vraiment inédit, et le tout devient rapidement répétitif. Le fait de ne pas pouvoir éliminer définitivement ses ennemis est assez frustrant, et la maniabilité manque de précision.
- Durée de vie11/20
Les chapitres sont longs mais peu nombreux (4 au total), et la progression regorge de checkpoints qui permettent de grignoter pas mal de minutes. De toute façon, vous y passerez bien assez de temps comme ça.
- Bande son8/20
L'ambiance sonore est quasiment absente, c'est un peu la solution de facilité. Lorsque la musique se fait entendre, elle s'avère on ne peut plus quelconque. Félicitons quand même la qualité du doublage français.
- Scénario7/20
L'histoire tient sur un timbre poste et rien ne nous permet de nous attacher à l'héroïne du jeu. Il est loin le scénario alambiqué d'un Metal Gear Solid.
Stolen a malheureusement toutes les chances de passer complètement inaperçu auprès des amateurs d'infiltration à l'heure où l'on accueille justement les nouvelles aventures de Snake et de Sam Fisher. Cela dit, Stolen n'a de toute façon pas beaucoup d'arguments à mettre en avant, sinon des idées déjà vues maintes fois et utilisées de façon limitée ici. Voilà un titre qui méritait d'être distribué à un prix beaucoup plus attractif.