Jalouse de sa rivale de toujours au regard de sa ludothèque dédiée à la simulation automobile, la Xbox ne savait à quel saint se vouer pour obtenir ne serait-ce qu'une effluve de ce parfum interdit. Se pavanant au bras de son GT4, maquillée à outrance de ses jeux de course, la PS2 passait chaque matin sous le nez de sa consoeur en pleurs. Noyant son désarroi dans des boissons diverses et variées, cette dernière semblait abandonner cette dure lutte et entrevoir un repos forcé de quelques temps. Mais tout cela s'évanouit avec l'arrivée inopinée et miraculeuse de Forza. Grand beau et fringuant, ce jeune soft redonna le goût de vivre à la Xbox qui put enfin sortir en ville en bonne compagnie. Mais qui attire le plus les regards au sein de ces couples énamourés ?
Déclamé dans de nombreuses publicités et communications comme étant le, je cite, "GT4 Killer", Forza Motorsport montre enfin les courbes de sa carrosserie après nous avoir fait languir pendant des mois et des mois. Jouant de son statut de midinette de la simulation, ce dernier se découvre pourtant à nous avec une générosité sans faille. En effet, dès votre arrivée dans un menu principal sobre et s'accaparant un design lumineux, vous pourrez donner libre cours à vos désirs les plus divers. Tout d'abord, car la patience se borde de limites très fines, le mode Arcade vous présente sa main pour que vous le suiviez avec une joie non dissimulée. Composé de différentes courses dans lesquelles vous devrez imposer votre présence, celui-ci s'apparente à une ouverture vers le mode Carrière qui vous attend non loin. Néanmoins, vous n'en êtes pas encore à cette plongée dans la compétition intense. Pour l'instant, il va falloir que vous vous assuriez une place de choix sur le podium lors de chaque épreuve à laquelle vous allez être confronté. En effet, la progression en Arcade suppose que vous obteniez au minimum la troisième place à la fin de chacune des courses, afin d'avoir la possibilité de débloquer des véhicules ainsi que des circuits. Ceux-ci seront alors disponibles par la suite dans ce même mode. Un principe ressemblant dans les grandes lignes à celui de la série des Gran Turismo, mais un tantinet plus permissif. Les gains s'avèrent assez rapides, et vous aurez promptement la joie de piloter des engins à la puissance plus que notable. Une fois cet "entraînement" terminé, libre à vous de vous tourner vers la Course Libre afin de parfaire votre apprentissage en essayant l'ensemble des véhicules à votre disposition au coeur de la grande majorité des pistes via une sorte de Time-Trial. Outre cet aspect relativement classique, vous pourrez y dénicher une course sur "sections", que l'on pourrait définir par un tracé fermé ne comportant qu'un "tour", sans oublier l'Autocross, qui, contrairement à ce que son nom indique, revêt les traits d'une course de précision entre des cônes à ne surtout pas renverser. Un concept peu digne d'intérêt, mais qui a le mérite d'enseigner les rudiments de l'accélération et de la décélération dosées. Vous êtes donc maintenant assez rôdé pour pénétrer dans l'enfer bruyant et huileux du challenge de haut niveau. Le mode Carrière vous tend alors les bras et vous accueille dans la véritable colonne vertébrale du soft. C'est en effet en ces lieux que vous trouverez les fonctions les plus complètes et intéressantes de Forza.
Une fois votre première automobile achetée chez un revendeur inconnu, vous voilà face à la dure réalité. D'autres pilotes aussi chevronnés que vous, vous attendent de pied ferme dans le but de prouver une nouvelle fois leurs aptitudes à la conduite sportive. Les habitués de la série des GT, se précipiteront dans le Garage dans le but de modifier prestement leur acquisition en vue de leur première épreuve, tandis que les novices se dirigeront d'un pas assuré vers l'onglet difficulté, pour bénéficier d'une marge de manoeuvre suffisante. Néanmoins, le réglage de celle-là pourra en surprendre plus d'un. Effectivement, vous n'influez pas sur le sempiternel duo facile/difficile, mais bien sur une multitude de plans, définissant au final l'âpreté des échanges, et surtout votre façon de gagner des Crédits, la monnaie locale. En fait, à chaque fois que vous ajoutez un écueil, comme par exemple la disparition de l'ABS, ou encore la désactivation des aides à la conduite, vous augmentez votre gain total de 30 pour cent, ce qui n'est pas négligeable. Dans le même temps, vous n'aurez pas les mêmes chances de victoire. A vous de bien définir votre stratégie au préalable donc. Puis, la visite du garage s'impose d'elle-même. Dans celui-ci, il vous est possible de modifier totalement l'apparence de votre bolide ainsi que ses performances. Dans le premier cas, vous avez accès à des améliorations concernant la carrosserie générale et sa décoration. A vous donc les sorties de pot d'échappements fines et agressives, les jupes latérales rasant le sol et les spoilers ancrés dans la coupe de votre voiture. Mais à la différence de nombreux softs proposant cet aspect "customisation", Forza fait entrer ici une justification matérielle à ces ajouts. Chacun d'entre eux influe sur le comportement de votre bolide, favorisant sa motricité, ou bien sa vitesse de pointe. Il est donc nécessaire de bien réfléchir avant d'appliquer maintes et maintes choses dans un but purement visuel. A ce propos d'ailleurs, il vous est bien entendu proposé de compléter cet élan artistique par des stickers et autre décorations autocollantes. Un point qui pourrait paraître complètement gadget, mais qui gagne ses galons d'intérêt lorsque l'on s'aperçoit de la liberté de composition les concernant. Vous avez en fait le pouvoir de les faire pivoter, de les agrandir, de les déplacer, afin d'égaler les plus belles oeuvres des préparateurs officiels. Enfin, si la peinture vous passionne, laissez votre créativité s'exprimer en recouvrant les différentes zones de votre monstre mécanique. Un outil de modification relativement évolué, mais qui fait un peu pâle figure face à la palette de Juiced par exemple.
Dans le second cas, et ce de manière habituelle, un grand choix de pièces mécaniques s'avère placé devant vos yeux avides de performance. Possédant plusieurs niveaux d'évolutions, ces composants nécessitent une somme plus ou moins grande pour leur acquisition. Chaque installation se révèle éminemment claire et précise, affichant au-dessus de votre véhicule les variations que ce dernier subit. Une interface intuitive et résolument en accord avec l'ensemble des mécanismes de jeu, dont la force réside justement dans une simplicité intelligente. Pour en revenir au manuel du parfait petit préparateur, la classe de votre bolide évoluera au fil de vos travaux en son sein. Plus vous ajouterez de la puissance et de la stabilité, et plus ce dernier occupera une place élevée dans un classement partant des voitures de série peu nerveuses (D), aux véritables engins dignes de figurer aux 24 Heures du Mans (R). Le rang auquel vous serez soumis a, par ailleurs une grande importance dans les courses à votre portée, certaines n'acceptant que des véhicules de telle ou telle classe. Si en plus, il vous incombe de tenir compte du type de traction employée, ainsi que de l'origine du modèle utilisé, vous vous apercevez bien vite que le choix se restreint à quelques championnats et défis. Toutefois, il vous sera toujours possible de disputer l'ensemble au gré de vos achats et de vos gains de voitures venant d'horizons divers et parfois lointains. En outre, il vous faudra également prendre en considération votre niveau. En effet, les Crédits ne sont pas simplement là comme manifestation d'une monnaie, mais également en tant que points d'expérience. De ce fait, certaines épreuves ne vous seront accessibles qu'au "level" 10, d'autres à partir du vingtième, etc. Un principe original, qui rappelle un tantinet ceux de Enthusia et de SCAR, mais qui se différencie par la forme d'obtention de ces points. Effectivement, ces derniers seront déduits d'un capital possible en fin de course. Si, par exemple, votre challenge doit rapporter 2000 Crédits, vous subirez une perte par rapport à vos accrochages (allant de 0 à plus de 300 lorsque les dommages sont trop importants), ou bien un gain au regard de l'aspect plus ou moins rare de votre monture. Si, en effet, vous vous êtes inscrit en tant qu'européen au départ, une voiture japonaise entre vos mains sera considérée comme peu commune, et donc augmentera votre côte de rareté. Un principe très aisé à appréhender, et qui change un peu de l'aspect essentiellement basé sur un classement aux points en fonction de votre ordre d'arrivée.
Enfin, le pilotage, se targuant de l'adjectif "réaliste" et ancré dans le monde un tant soit peu austère de la simulation, réserve quelques petites surprises. Très orienté vers le concept d'une prise en main demandant des efforts de concentration et dirigé vers le domaine de la reproduction crédible des comportements d'un véhicule, Forza remplit son contrat avec plus ou moins de réussite. En effet, si les réactions de votre bolide soulignent un réel travail sur le transfert des masses et la gestion de la prise au sol des pneus, le jeu demeure tout de même un peu trop permissif concernant les sorties de route, peu handicapante. Les sensations s'avèrent donc un peu moins intenses que celle d'un GT4, même si la majorité des automobiles présentes permet de ressentir une véritable impression de lourdeur et que la prise en main n'est pas toujours souple, déviée par le survirage de certains modèles. Une inscription dans la simulation moins probante que l'on aurait pu attendre, mais qui de fait, rend possible un plaisir ludique général. Même les non-habitués pourront, après un peu d'entraînement, réaliser leurs rêves de grandeur. En revanche, et c'est là une innovation de taille, la gestion des dégâts est désormais présente. Terminées les collisions plus ou moins conscientes avec les concurrents dans l'espoir de passer un virage en force, il vous faudra jouer en douceur et vous servir d'une part de l'aspiration et d'autre part des fautes de vos opposants afin de vous ménager une porte de sortie vers la victoire. Au final, le titre de Microsoft s'avère nettement détenteur du statut envié de la meilleure simulation disponible sur la console à la croix verte. Une réussite sous bien des aspects, parvenant à faire oublier pendant quelques instants la concurrence.
- Graphismes17/20
Fin et détaillé, Forza nous offre un moteur graphique pratiquement exempt de reproches, exposant des effets lumineux d'un réalisme exacerbé, et une gestion de la réflexion surprenante de beauté. De même, les textures présentes, proches de la réalité, disposent de dégradés fascinant, mettant en exergue la volonté des développeurs de coller à un réalisme forcené. On pourra juste regretter la modélisation de certains véhicules un peu moins probante, ainsi que la présence d'un léger clipping.
- Jouabilité16/20
Disposant d'un gameplay intéressant et novateur, Forza apparaît comme le jeu de course automobile le plus impressionnant, ludiquement parlant, sur Xbox. Empruntant le chemin de la simulation sans mettre de côté les novices, le titre de Microsoft parvient également à mettre en place des processus d'évolution innovant, ainsi qu'une gestion des dégâts influant nettement sur la conduite. Peut-être moins précis qu'un GT4, mais plus amusant à court terme.
- Durée de vie17/20
La plus grande idée du soft réside dans son utilisation du Xbox Live, permettant d'étendre le mode carrière au-delà de la simple expérience solo. C'est à dire que vous pourrez continuer à progresser dans le jeu face à des adversaires humains. Un principe fantastique qui autorise le joueur à participer à un "véritable" championnat. A côté de ça, si l'envie vous prend de posséder les 230 véhicules disponibles ou de terminer l'ensemble des modes de jeu, vous pouvez tabler sur plusieurs dizaines d'heures.
- Bande son15/20
Les différentes compositions du titre s'avèrent intéressantes, autant mélodiquement que du point de vue du renouvellement. Néanmoins, si vous préférez utiliser votre propre "soundtrack", la possibilité vous est offerte. Les sons relatifs aux bruits de moteur et par extension mécaniques se révèlent vraiment crédibles, même si certains modèles accusent un côté aigu un peu trop prononcé.
- Scénario/
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Dans le paysage un peu limité des bonnes simulations de courses sur console, et en particulier sur Xbox, Forza fait une entrée fracassante et bienfaitrice. Apportant un souffle de fraîcheur notable et une qualité globale plus que louable, le soft de Microsoft fera date dans le monde de la compétition virtuelle. Pas exempt de défauts, en particulier concernant le manque de qualifications, la pauvreté du mode multi à deux, ou encore quelques errances graphiques, il se hisse néanmoins au niveau des plus grandes productions de la concurrence. Même si GT règne toujours.