Troisième épisode de la série Way of The Samurai, connue pour sa fidélité d'une part à l'atmosphère oppressante de la vie de samouraï et d'autre part au contexte historique (sans forcément utiliser des personnages réels), Samurai Western se démarque nettement de ses aînées. Comme vous pouvez facilement vous en apercevoir, ce dernier délaisse les bourgades japonaises typiques pour traîner la poussière volatile des villes de l'ouest sauvage. Un revirement de situation qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui, étonnamment, ne retire rien à la force même de cette saga. Au contraire même, il insuffle un dynamisme original et un souffle épique qui faisait quelque peu défaut à Way Of The Samurai 2. Mais voilà que quelques pieds-tendres pensent avoir le droit de fouler les rues rougeoyantes de notre cité. La corde doit être bien nouée.
Véritable remaniement, cette nouvelle mouture, orientée grand chapeau et foulard sur le visage, abandonne d'une part la beauté simple des cerisiers blancs en fleur et des rivières serpentant dans de vertes vallées, mais également le concept du soft en lui-même. En effet, vous n'aurez plus le plaisir de définir votre destinée par le biais de discussions avec les habitants disséminés aux alentours. Désormais, le scénario ne vous appartient plus, et votre intéractivité avec lui est bel et bien une ancienne fable. Bien plus dirigiste et peut-être moins riche de ce point de vue précis, Samurai Western compense cette absence par un plaisir de jeu intense et un gameplay alliant vitesse et immersion. Effectivement, il est plus que nécessaire de disposer d'une rapidité conséquente lorsque l'on affronte des malandrins équipés d'armes à feu alors que soi même on ne jure que par l'utilisation du katana. L'ensemble du principe de jeu va donc reposer sur deux notions chères aux personnes désireuses d'expérimenter des phases de pugilats enlevées et fascinantes, à savoir la précision meurtrière et l'esquive. Tenant de ce fait plus du récent Shinobi que de ses prédécesseurs, le soft d'Acquire met donc en avant un système de déplacement basé sur le passage succinct d'un opposant à l'autre sans apposer de temps morts. Naturellement agile, notre ami le guerrier aux long cheveux possède la faculté peu commune de dévier les balles grâce à son sabre. Seul rempart contre les agressions extérieures, cette technique, très simple d'utilisation, autorise des scènes d'actions fantastiques, certes peu crédibles, mais totalement dans l'esprit du combattant accompli qu'est le samouraï. Néanmoins, il s'avère préférable de réserver cet étalage de puissance à des hommes de main seulement adeptes du colt, plutôt qu'à ceux désireux d'expérimenter leur mitrailleuse. Dans ce cas de figure, et même dans les autres, tellement cette idée se révèle emplie de satisfaction ludique, il vous sera possible de recourir à un mouvement rotatif d'esquive.
En quelques mots, il vous suffira de presser la touche R1 en coordination avec l'arrivée des projectiles létaux, tout en avançant vers un ennemi. Suivant votre réussite et le nombre de balles évitées, vous obtiendrez différentes petites annotations, allant de la simple "esquive" au plus pompeux "divin". Se défaire d'une dizaine d'adversaires sans subir ne serait-ce qu'un heurt est un morceau de bravoure à ne pas prendre à la légère, mais augure un tel sentiment de joie, et il faut le dire d'autosatisfaction, que la recherche de ce coup d'éclat rythme l'ensemble du titre. Mais tout cela ne serait rien sans l'intervention d'un système ingénieux de capacités inhérentes à chaque arme que vous souhaitez emporter sur le champ de bataille. En effet, à la fin de chaque chapitre, si tant est que vous n'ayez pas passé votre temps à subir les tirs dirigés contre votre personne, vous empocherez une arme possédant d'une part une spécificité offensive, et d'autre part une variation de vos statistiques générales. A côté de cela, il vous sera également possible de remporter des accessoires, jouant également sur votre statut global. Allant du plus inutile, comme un masque de carnaval ou encore une coupe "afro", au plus typique, à la manière d'une guitare ou d'un bandana, ces derniers méritent tout de même une attention particulière aux vues des changements parfois très importants qu'ils vous accordent. Vous aurez donc compris de vous-même que Samurai Western intègre un côté "RPG", un peu galvaudé ces temps-ci d'ailleurs, vous offrant le loisir de définir vous même vos statistiques via des points d'expériences à répartir dans diverses catégories, ou par le biais des armes et accessoires comme explicités ci-dessus.
Ces dernières, après cette légère parenthèse, donnent donc accès à des coups spéciaux, une fois la jauge rouge située sous votre barre de vie remplie entièrement ou à partir d'un quart suivant les ustensiles de combat. Se comblant au travers du nombre de meurtres perpétrés et de votre façon de faire, celle-ci vous donnera l'occasion d'assister à des mises en scène spectaculaires, dignes d'une sorte de mélange savant entre la violence des attaques du charismatique Hotsuma et le plaisir malsain des assassinats en règles de Rikkimaru. Néanmoins, et comme souvent dans les jeux en 3D, la caméra fait un tantinet ce qu'elle veut, et on aurait nettement préféré observer un angle de vue s'adaptant à ses mouvements, plutôt que la possibilité de recentrer ce dernier à un rythme régulier de deux secondes. D'autre part, et dans une veine similaire, on pourra regretter le déséquilibre graphique assez imposant. En fait, bien que relativement joli et proposant une animation digne de productions nettement plus ambitieuses, Samurai Western comporte un nombre de bugs au mètre carré assez surprenant. Effectivement, dans la majorité des productions vidéoludiques, il peut arriver que le bras du personnage principal traverse une paroi ou qu'un objet demeure incrusté dans le décor, mais ici on remarque ces petits défauts bien trop souvent. Entre les projectiles qui restent suspendu en l'air, les murs qui disparaissent, ou encore les ennemis qui essayent de jouer au passe-muraille, vous aurez le choix de l'exemple probant. Espérons que cela soit inhérent à cette version preview, et que ces quelques lacunes soient corrigées dans la version finale.
On se retrouve en fait un tant soit peu devant le cas de Tenchu, qui s'avérait très bon dans le principe, mais dont la réalisation poussa de nombreux joueurs à s'en détacher. Un délit de faciès qui serait vraiment dommageable pour Samurai Western tant les sensations qu'ils procurent s'avèrent intenses. On se croirait sincèrement dans l'adaptation vidéoludique de Kill Bill Volume 2 (en plus violent évidemment), contenant des soupçons de Kung-Fu. Il est d'ailleurs intéressant d'observer les ressemblances entre le monde féodal japonais et la conquête de l'Ouest, dans les ambiances et la recherche de richesses. En l'état donc, et malgré les errances citées ci-dessus, accompagnées d'une difficulté parfois épicée, Samurai Western officie en tant que bonne surprise, mêlant avec saveur un plaisir ludique et une gourmandise visuelle liée au système de combat. Parfois frustrant, et parfois enchanteur, il ne lui manque plus qu'un léger remaniement pour se montrer sous des jours meilleurs. En résumé, un ravalement original, risqué et digne d'intérêt, d'une série plus qu'honnête. Reste, à ce niveau, une incertitude quant à la durée de vie. Les niveaux ne sont souvent pas très longs et personnellement j'ai terminé les sept premiers en moins de cinq heures, en faisant un tantinet de zèle. Enfin, et pour terminer sur une note positive, les différentes compositions musicales présentes dans le soft, oscillant entre inspirations japonaises et focalisation vers l'atmosphère particulière des westerns "spaghettis", proposent une qualité relativement élevée, permettant une immersion rapide dans les terres arides de ce Samurai Western. La voie du sabre emprunte des chemins inconnus dans lesquels il est nécessaire de se perdre.