Détachez-vous, détachez-vous qu'ils disaient pourrait-on s'entendre susurrer à l'oreille en pensant au cas Need For Speed Underground. En effet, depuis l'avènement discutable, mais réel, du titre d'Electronic Arts, nombre de titres à emprunter la voie de la course automobile urbaine et alternative récupèrent les codes graphiques et le fond de ce dernier, sans vraiment y apposer leur propre caractère. Certains parviennent tout de même à proposer des "copies" convaincantes, tandis que d'autres non. On se souviendra d'ailleurs à ce sujet d'un fameux RPM Tuninq qui fit date. Quelle direction prend alors ce SRS affublé de jeunes femmes dévêtues et de néons bleutés ? Je vous laisse la surprise.
Certains titres, mystérieux, énigmatiques, requièrent une certaine curiosité de votre part, un intérêt, une poussée réflexive en avant, dans le but de vous plonger dans un récit ou un principe rompant quelque peu avec la plate habitude et aboutissant à une découverte habile et surtout attirante. Ces softs ménagent leur effet, prennent le joueur à contre-pied, et de ce fait demeurent longuement dans son esprit, véhiculant des émotions particulières. Ensuite, demeurent les softs démontrant sans arrières-pensées ni ostentation leur thème et dévoilant leur concept instantanément de façon honnête. Et puis il y a les autres, assez racoleurs, démonstratifs à outrance, et affichant des volontés extrêmement marquées, sans se soucier spécifiquement de l'utilité de l'approche entamée. Et bien SRS fait partie de cette dernière catégorie avec ses amis NFSU 1 et 2, ou encore le récent Rumble Roses. Une sorte de classe particulière, possédant des habitués audacieux comme les deux compères d'EA, mais aussi des individus moins recommandables. Effectivement, et ce dès votre entrée en matière dans l'univers machiste de la dernière production Namco, vous serez assailli d'images quasiment ininterrompues de jeunes femmes, certes jolies, mais cependant présentes dans l'unique but de figurer comme une sorte de promotion, de vitrine inaccessible, de morceaux de viande, tentant d'attirer le joueur masculin friand de corps fins et huilés, dans une négation du statut même de personne. Maquillées avec excès, et effectuant des poses plus que suggestives, celles-ci se font le vecteur d'une vulgarité passablement conséquente. Alors que l'image de la femme se trouve dégradée dans de nombreux domaines extérieurs au jeu vidéo en lui-même, pourquoi transférer cet aspect détestable dans un tel contexte. Sont-elles la condition sine qua non à la mise en forme d'un titre axé sur la course et le tuning ? Prosaïquement, faut-il un soutien-gorge par spoiler ? Et ce constat n'est que le début.
En effet, et dans votre recherche de modes de jeu au sein du menu principal, vous croiserez d'un oeil attentif le mode nommé comme il se doit "Street". Vous conviant le long des pérégrinations d'un pilote pas encore reconnu par ses pairs, et incarné par votre noble personne, vous allez devoir progresser en ces lieux par le biais de la réussite de défis plus ou moins organisés, qui vous rapporteront une certaine somme d'argent, et surtout des points de notoriété. Néanmoins, la route vers la gloire est longue et pavée de mauvaises intentions. Débutant dans un garage peu ragoûtant coincé dans une ruelle sombre, votre première tâche est d'une part de vous persuader que tout va pour le mieux, et d'autre part de partir à la recherche de courses nécessaires à votre entretien. Déambulant dans les rues et avenues d'une ville d'importance, vous découvrirez différents moyens d'interagir avec vos adversaires. Premièrement, d'une manière directe, en croisant une voiture représentée par une flèche verte sur votre carte et en lui faisant des appels de phares pour signaler votre envie de concourir, et deuxièmement par le biais de concours organisés à des endroits stratégiques de la cité, matérialisés par des points de couleurs précis. A noter d'ailleurs une excellente idée, concernant la gestion du plan. Effectivement il vous est possible, une fois ce dernier affiché en plein écran, de sélectionner une destination et de vous y rendre directement, sans avoir pour cela à chercher votre voie sur la petite boussole ridiculement réduite tentant de vous aider à la navigation durant les phases de jeu. Une fois arrivé à destination donc, plusieurs types de défis se montrent à vous. Ceux "officiels" qui ne s'ouvrent qu'une fois atteint un certain nombre de points de respect et une puissance moteur spécifique, et ceux moins probants, ne demandant aucun droit d'entrée, mais sanctionnés comme dans les précédents de pertes d'argent.
Beaucoup plus axés sur le gain d'une réputation, ceux-ci vous donnent aussi accès au point d'orgue de la misogynie du soft. Effectivement, il est possible de gagner des filles une fois un certain pallier de reconnaissance atteint. Veules et intéressées, elles ne resteront dans vos bras que si vous parvenez à remporter des courses régulièrement. Dans le cas contraire, soit elles couperont les ponts, soit elles se retireront dans la belle Mitsubishi flambant neuve de votre rival. On touche ici vraiment le fond du mauvais goût, et je m'étonne que personne n'ait réagi à ça. Gagner des femmes est déjà un concept pitoyable, mais en plus travestir un comportement sublime la volonté néfaste d'un parti-pris racoleur sans aucun fondement. Ce n'est pas du second degré, et c'en est désolant. Mis à part ça, et suite à vos compétences de conduite, vous aurez logiquement accès à un plus grand nombre de domaines d'affrontement au fur et à mesure de votre montée dans les sphères de la renommée. Dans le même temps, votre pécule durement empoché vous permettra de modifier votre véhicule de façon technique et esthétique, afin d'en faire une véritable bête mécanique, dans la limite des possibilités disponibles, qui sont malheureusement peu nombreuses. A l'aide de spoilers, de jantes de plus ou moins de pouces, de bas de caisses, de néons, de kit nitro, ou de volants d'embrayage miniaturisés, vous devrez composer pour votre automobile suivant un rapport équilibré entre accélération et vitesse de pointe, si tant est que vous maîtrisiez ces monstres d'acier.
Au nombre de 40, les bolides présents disposent tous d'une licence officielle, à la manière également des pièces mécaniques présentes, et oscillent entre des grandes marques comme Mitsubishi, Subaru, Volkswagen, ou encore Mazda. Livrées, si j'ose dire, dans une configuration de "base", il n'appartiendra qu'à vous de les remettre au goût du jour et de les dompter. En effet, si vous débutez par l'obtention d'une véritable antiquité à la tenue de route digne d'une feuille morte par grand vent, les autres véhicules que vous obtiendrez à la suite de vos nombreuses victoires bénéficieront d'une approche toute autre de la route. Plus stables, ces derniers vous fourniront des sensations de conduite détonantes, se détachant, à l'inverse du reste, de celles présentes dans NFS. Souples et répondant à la logique du glissement calculé, la direction donne véritablement tout son potentiel lors des courses de vitesse dans des endroits exigus et anguleux. Une agréable surprise que cette maniabilité dans un flot de composants relativement plats et peu originaux. Effectivement, on ne peut pas dire que le fond du titre soit vraiment riche, et les modes arcade présents, ne renouvelant pas l'expérience ressentie, n'agissent pas du tout comme complément d'intérêt. Au final donc, SRS se complaît quelque peu dans son classicisme et sa carence en immersion ludique, donnant l'impression au joueur de contempler un produit aux idées présentes, mais peu développées. Attendons de voir la sortie française, mais en l'état le titre de Namco s'annonce comme la déception qu'il a déjà été sur GameCube et PC. Un gameplay prenant, mais une passion absente. Dernière précision, le bug qui empêchait de terminer le mode solo sur la version GameCube ne sera pas présent sur Xbox.