Anya a décidé dès sa plus tendre enfance de se poser en tant que rebelle notoire. Affichant des posters de Spliknot et portant des tenues en cuir bardées de pointes, elle s'inscrivait en faux contre un monde pas assez glauque et qui ne lui permettait pas de s'acheter le petit débardeur 100 pour cent coton au prix exceptionnel de 14 euros et dix centimes. D'un coup, d'un seul, la petite brune eut une idée. Si elle ne pouvait s'offrir du coton, elle volerait de la soie. Et, de fil en aiguille, elle se forgea une destinée essentiellement basée sur le rapt. Des statuettes, des tableaux, Anya s'empare de tout ce que lui commande ses clients. Mais maintenant, la petite fille a bien grandie, met des lunettes noires pour être "cool", et a gardé ses habits de collégiennes, pour se donner des airs de femme fatale moulée dans un 32 un peu étroit, qu'elle s'est empressée d'échancrer. Le seul argument du titre ? Ben...
Tout commence par un parcours du combattant, qui ne va pas forcément vous donner un avis sur l'achat justifié ou non du soft qui nous intéresse aujourd'hui (car c'est bien le but), mais qui a une place prépondérante dans cette critique. En effet, jouer à Stolen relève du tour de force, et il faut sacrément être motivé pour poursuivre sa quête de l'accession à l'écran titre. Chronique d'un calvaire. Pour commencer, et simplement après avoir installé le-dit jeu, votre ordinateur va connaître d'inexplicables perte de vitesse, doublée d'une instabilité certaine. Mais bon, cela peut simplement s'agir d'un dysfonctionnement sans aucun rapport, la théorie de la coïncidence qui effraie tellement les paranoïaques. Une fois au coeur du soft en lui-même et après avoir admiré la vidéo d'introduction mal compressée, vous effectuez vos premiers pas en tant que voleuse de choc et de charme, sorte d'héroïne de Cat's Eye en beaucoup moins charismatique et colorée. Avançant lestement sur les toits de la ville, vous vous dites soudain : "Tiens j'ai oublié de régler la balance du son". Et là naïvement, vous partez dans le menu option afin de remédier à ce manque intolérable. Une fois vos petits remaniements effectués vous quittez le menu en question et retournez au jeu. Soudain le son s'élève à des hauteurs insoupçonnées sans votre aide. Un tour de magie signé Hip qui ne fait qu'annoncer le spectacle à venir. Pas très heureux de vous être pris plusieurs centaines de décibels résonnant encore dans les recoins les plus tortueux de votre crâne, vous retournez dire deux mots à l'outil de gestion sonore. Malheureusement, le jeu se défend et se venge en faisant redémarrer votre PC. Une attitude bien fourbe, qui associée au fait que l'on puisse pas modifier ses préférences de jouabilité sans sortir d'une mission, pousse à abandonner avant même l'ouverture des hostilités. Fort "heureusement" les écueils de redémarrage sauvage ne se déclinent pas sur l'ensemble des machines à disposition du public, mais si vous n'avez pas de chance, et bien c'est qu'Anya aura réussi son plan machiavélique. Vous voler 40 euros.
Simple portage des versions consoles, Stolen conserve exactement les mêmes forces et faiblesses dans une similitude assez navrante. Faire circuler un flux de softs entre les machines de salon et nos bons vieux PC peut être une bonne chose lorsque l'un ou l'autre prend conscience de ses capacités et de ce qu'il peut apporter. Toutefois ce n'est que très rarement le cas, et les éditeurs se contentent, la plupart du temps, de lancer violemment un titre sans possibilité d'amortissage d'une plate-forme à l'autre. On pourrait alors se dire que le passage d'une PS2 à un ordinateur à la puissance conséquente, même s'il demeure sans changement aucun, bénéficiera d'une toute petite amélioration graphique. L'espoir de tirer un produit vers le haut. Et bien que nenni ! Les apparitions de la gamme Oxygen ou encore d'Aspyr suffisent amplement comme exemple, réduisant des titres assez agréables sur consoles de salon à des produits peu convaincants et souvent minés par des bugs omniprésents. Un peu comme si les personnages Baten Kaitos devenaient des Ewoks hydrocéphales en plein milieu de l'aventure et que la musique de Sakuraba se transformait en du Guy Béart. Déroutant ! Comme vous l'aurez sans doute compris, Stolen fait partie de ces "adaptations" à l'arrache, comme disent les jeunes, qui peuvent décrédébiliser un jeu au départ assez honnête. Du coup, les défauts mineurs sont exacerbés et l'on se retrouve avec un soft vraiment peu probant. Tout d'abord au niveau graphique, malgré un jeu sur la lumière toujours aussi réaliste et fascinant, le produit de Blue 52 expose des textures pauvres en détails et soumises à des hachures navrantes dès que l'on tente de les admirer sous un angle un tantinet biaisé.
Certes les diverses tables, vitres, étagères s'avèrent lisses et sans effets d'aliasing ou de flou omnipotents, mais se brisent en plusieurs morceaux lorsque la caméra se rapproche ou s'éloigne. Un véritable massacre qui se solde par une totale confiance en ses énormes lacunes dans le repérage des gardes. Il est effectivement pratique de pouvoir jeter un oeil au travers d'un mur, ou même de sa propre épaule pour obtenir un champ de vision totalement illogique mais conséquent. Néanmoins les personnages en eux-mêmes se révèlent bien plus fins que les décors dans lesquels ils circulent, et disposent d'une animation correcte, même si les réactions de vos opposants face à vos coups répétés tiennent plus du punching-ball désabusé que de l'être humain à part entière. Le gameplay, quant à lui, composante du titre particulièrement mise en avant, comporte de très bonnes idées qui s'avèrent totalement noyées dans le flot de défauts inhérents au jeu lui-même mais aussi à son portage sans âme. En effet, vous avez accès à de nombreux gadgets dont on jurerait pouvoir définir la provenance liée à monsieur Bond, James Bond. Du mouchard à appliquer sur les gardes afin de suivre leur cheminement, au leurre sonore attirant ces derniers à un endroit que vous aurez défini au préalable, en passant par le sonar vous autorisant à prendre connaissance d'une pièce avant d'y pénétrer via les répercussions d'un de vos sifflements, on découvre une variété imaginative et matérielle flagrante. Et pour une fois devant un panel aussi digne d'intérêt de petits ustensiles d'espionnage, il vous faudra apprendre à vous servir de chacun d'entre eux tant ils vous serviront en mission. Un souci d'utilité que l'on retrouve de moins en moins. De plus, Anya est une grande adepte de la voltige, jouant avec grâce de ses capacités d'équilibriste. Ce point précis autorise une souplesse dans la progression non négligeable. Effectivement, vous pourrez vous accrocher au moindre rebord, vous hisser dans le plus étroit des conduits d'aération, ou même vous servir d'un mur pour bondir sur un second, dans un silence salvateur. N'oubliez pas que vous devez subtiliser des objets d'art sans attirer l'attention. Si malheureusement c'est le cas, vous devrez affronter vos opposants à mains nues et faire face à deux problèmes, l'absence de lock, et l'aspect complètement secondaire de ces phases de combats. Injouables et visiblement laissées de côté par les développeurs, elles se distinguent par leur absence de rythme et leur côté redondant.
En même temps, je ne sais même pas si vous aurez l'envie de maltraiter ces malheureux à la vue de la qualité de leur intelligence artificielle. Pouvant parfois vous apercevoir à plus de 300 mètres alors que vous êtes caché, ces derniers ne signaleront jamais votre présence si vous trouvez à vingt centimètres d'eux, tant que vous êtes dans le noir. Il m'est arrivé d'être suspendu comme un idiot à une rambarde à la hauteur du visage d'un ennemi, sans que celui-ci ne daigne me remarquer alors qu'il m'avait pratiquement touché. Un manque de savoir-vivre et surtout de respect vis à vis du joueur. Au final donc, et malgré les quelques bonnes idées présentes et son jeu sur la lumière saisissant, Stolen version PC descend encore d'un cran par rapport aux versions consoles. Totalement soumis à une armée de bugs, et porte-parole du portage idiot, le titre de Hip Games ne parvient pas à convaincre et sombre avec les cadavres abandonnés de disparitions non justifiées. Une belle leçon sur la thématique : "Comment gâcher un titre en moins d'un mois". Anya, tu est prise la main dans le sac.
- Graphismes10/20
Les différents décors et personnages de Stolen s'avèrent suffisamment travaillés pour convaincre, mais font pâle figure dans monde impitoyable du PC. Surtout que la qualité graphique générale souffre atrocement de l'invasion barbare de bugs, réduisant la majorité des objets modélisés en des formes indéfinissables dès qu'on tente de les regarder sous un autre angle. D'autre part, et même si l'animation est convaincante, les réactions du corps humain face aux coups sont bien mal rendues.
- Jouabilité11/20
Stolen comporte beaucoup de bonnes idées originales et bien incrustées, mais pèche par un certain manque de mouvements différents. En effet, mis à part les saltos, les roulades et les sauts, Anya connaît une certaine carence d'actions possibles. Fort heureusement, les gadgets remplacent quelque peu la défaillance humaine, pour proposer en fin de compte un gameplay digne de confiance bien que limité. Pour finir, vous n'aurez pas fini de vous moquer de ces pauvres hères d'ennemis, affublés d'une I.A très peu complexe, tenant plus du poireau que du physicien.
- Durée de vie11/20
Suivant votre manière d'effectuer les missions, vous passerez plus ou moins de temps dans l'univers de Stolen. Découpée en quatre grands chapitres, la trame générale vous proposera un nombre équivalent d'environnements à traverser. Un peu léger, mais suffisant pour supporter jusqu'au bout les bugs et les problèmes de caméra. A noter de plus l'absence dommageable d'un mode relatif au online ou de la possibilité de télécharger des compléments.
- Bande son10/20
Certaines compositions, notamment celles se hissant lors de passages vous mettant aux prises avec les divers gardes, s'avèrent digne de musiques propres à des longs métrages, posant une ambiance et permettant de s'immerger rapidement. Toutefois, elle n'interviennent que trop rarement au sein même de la progression, ce qui est vraiment dommage. le doublage français est quant à lui honnête, sans vraiment se démarquer du reste de la production.
- Scénario8/20
L'histoire se révèle assez simpliste, et ne vous fournira pas de rebondissement intensif ni d'ailleurs de mise en scène léchée. Un manque de développement scénaristique évident, mettant en sus de côté la psychologie des personnages.
Adaptation totalement bâclée, ce Stolen version PC suit la même voie que les désormais célèbre portages d'Aspyr. Pétri de bugs, subissant des retours windows incompréhensibles, et très peu intuitif dans le réglage des commandes, le titre de Hip Games sombre définitivement dans les abîmes des liaisons consoles à PC. Stolen n'était peut-être pas terrible au départ, mais il ne méritait pas tel traitement. Et hop Anya, en taule.