Parmi les nombreuses particularités de Viewtiful Joe premier du nom, et sur lesquelles nous allons revenir puisque cette suite les réutilise dans leur intégralité, il ne faut pas omettre de citer le scénario absurde de ce titre. Assis tranquillement dans une salle de cinéma à regarder le nouveau film de Captain Blue avec sa petite amie, un adolescent passionné de "sentai" (films de super héros dans la veine de Bioman) se retrouve entraîné de l'autre côté de l'écran alors que sa copine se fait enlever par le grand méchant du film. En quelques secondes, le voilà en train de réaliser tous ses rêves. Engoncé dans sa combinaison moulante de super héros, il devient Viewtiful Joe et hérite des super pouvoirs de son idole : Captain Blue. Comme le veut la tradition, les aventures cinématographiques de Joe se devaient de finir par un "happy end", mais c'était sans compter sur la malice des programmeurs qui ne pensaient clairement pas en rester là.

Viewtiful Joe 2 reprend donc là où le premier volet s'était arrêté. Alors que Joe se félicite d'avoir pu sauver le cinéma, sa petite amie Silvia et la Terre, une entité maléfique menace de remplacer Cinéland par Cinéworld en récupérant les sept oscars arc-en-ciel dont dépendent les "happy end" des films. Captain Blue est déjà sur sa liste des victimes et Joe n'aura pas trop de son amie Silvia pour parvenir à enrayer ses plans de conquête. Mais alors que la jeune fille prend l'affaire très au sérieux, Joe ne pense qu'à piloter l'OVNI de l'empereur Black... Nous avons là tous les ingrédients nécessaires à l'élaboration d'une suite parfaite pour un jeu unique. Entre les hommages au cinéma, l'humour omniprésent et l'efficacité du gameplay du premier opus, Viewtiful Joe 2 a tout pour plaire.

Le jeu comporte sept chapitres qui s'enchaînent sous forme de longs métrages et où l'on note de multiples références à des films fantastiques hyper connus comme Indiana Jones ou Jurassic Park pour ne citer que les tout premiers. Le titre adopte une réalisation combinant cel shading et effets spéciaux à foison qui donne l'impression d'évoluer sur la pellicule du film et renforce le côté comics du jeu. L'esthétique de Viewtiful Joe est décidément aussi intouchable qu'unique et fait partie intégrante de l'alchimie qui permet d'obtenir un titre aussi hallucinant. Côté gameplay, on se retrouve fort logiquement avec la panoplie de mouvements qui ont fait la force de Joe dans le premier opus. Le gosse est capable de ralentir ou d'accélérer la bande à sa guise, ce qui lui permet d'exploser ses adversaires en une fraction de seconde dans une gestuelle de poseur à faire frémir Dante lui-même. Alors certes, le héros de Devil May Cry n'est plus de la partie, mais son absence est compensée par l'arrivée de Silvia en tant que personnage jouable. La jeune fille a d'ailleurs vite compris que tout était possible de l'autre côté de l'écran. En un clin d'oeil, elle devient Sexy Silvia, et gare à vous si vous êtes sur sa trajectoire.

Un peu plus difficile à jouer que Joe, Silvia dispose tout de même de capacités inédites qui sont largement mises à contribution tout au long du jeu. Outre son flingue capable de faire un trou gigantesque dans un mur de béton, la jeune fille n'a pas longtemps à attendre avant de maîtriser l'art du Replay. Une simple pression sur le bon bouton après un coup effectué au ralenti, et la voilà qui reproduit trois fois de suite la même attaque en triplant les dégâts infligés. En contrepartie, un Replay mal placé peut l'exposer à une contre-attaque tout aussi dévastatrice. Les niveaux sont toujours bourrés d'énigmes faisant appel à toutes les techniques apprises, et la réflexion est de mise pour comprendre comment utiliser ces mouvements à bon escient pour déjouer les obstacles qui entravent le chemin. La progression mêle ainsi habilement des combats hyper dynamiques et des casse-têtes tordus pour un résultat dont il est impossible de se déscotcher. On peut à tout moment changer de personnage et combiner les techniques entre elles, sachant que le zoom est toujours de la partie. Non seulement celui-ci permet de décupler la puissance des attaques, mais il suffit aussi à amplifier un mouvement et même à déconcerter les ennemis grâce aux poses délirantes des deux héros.

En fait le jeu comporte tellement d'idées de génie qu'il est impossible de tout traiter ici. C'est vrai que l'effet de surprise n'est plus vraiment de mise dans ce second opus, mais que c'est bon de retrouver tout ce qui nous avait tant plu dans Viewtiful Joe. Les phases de shoot ne sont pas oubliées avec la présence de séquences en char ou en sous-marin, et les affrontements contre les boss sont toujours aussi éprouvants. Le challenge est loin d'être évident, et l'on s'efforce de réaliser de bonnes performances pour obtenir les points nécessaires à l'achat de techniques aussi diverses qu'utiles. On s'intéresse autant à la manière de se battre avec classe qu'au déroulement absurde de l'histoire qui met en scène des personnages incroyables dont la force n'a d'égal que leur bêtise. A ce propos, les interventions de Jet, le père de Joe, qui mate le film de son fils dans la salle de ciné sont vraiment délirantes, de même que le caractère pimenté des dialogues. On ne s'ennuie pas une seconde et on se sent finalement très à l'aise dans les combinaisons moulantes de ces deux super-héros d'exception. Que vous connaissiez ou non le concept de Viewtiful Joe, je ne saurais que trop vous recommander de vous procurer ce titre hors-normes qui confirme la maturité de la nouvelle série de Capcom.