Comment pourrait-on définir Ping Pals ? Pas vraiment un jeu, pas vraiment une application, cette oeuvre conceptuelle pose problème. Après d'intenses minutes de réflexion, on aboutit à un constat qui résume plutôt bien les fondements du soft. En fait, ce dernier s'apparente à un simulateur de "lol". Vous savez cette abréviation qui peuple les nombreux "chats" disséminés sur le net. Souvent associé à "mdr", ce "lol" peut aussi s'inscrire dans un combo "mdrlol" ou "mdlolr". En bref de multiples possibilités de communication. Tout ça pour en arriver au point que proposer un espace de discussion virtuelle séparée de toute possibilité de réseau étendu est un principe un tantinet étrange. Bizarre et très risqué qui plus est... Un peu comme essayer de mettre une claque à un gnou.
En effet, les habitués de la marée de chats (pas les animaux qui passent leur temps à ronronner) présents sur internet ne seront pas dépaysés lors de leur pénétration au sein de l'univers particulier de Ping Pals. Effectivement, la première chose à faire sera de vous créer un compte d'utilisateur en indiquant votre patronyme et de vous réserver une salle de conversation. Une fois cela effectué, vous vous retrouverez alors face à une interface des plus simples se résumant à un champ d'écriture surmonté de quatre icônes distinctes. La première, représente l'outil texte, vous donnant la possibilité de taper amoureusement sur les lettres d'un clavier en bas de l'écran à l'aide de votre stylet, tandis que la seconde vous propose davantage de liberté en vous autorisant à utiliser ce dernier comme un crayon à part entière. A vous donc les créations les plus folles sur un espace de quatre centimètres carré. En troisième position, on retrouve donc les différents jeux que je vais évoquer sans tarder, puis on termine par l'option appareil photo, qui vous donne accès à trois captures d'écran sauvegardées sur la cartouche/carte. Il paraît que c'est utile pour conserver des numéros de téléphone. En même temps, il n'est pas sûr que vous rencontriez des gens inconnus par le biais de rendez-vous communs, ou de soirées DS endiablées où l'on se parle par le biais de consoles alors que l'on se trouve proches les uns des autres. Cela ressemblerait un peu à des parents qui appellent leurs enfants sur leur portable alors qu'ils se trouvent dans leur chambre, pour venir manger. Avec un peu de recul, ça fait même froid dans le dos. Il vous est bien entendu offert le droit de refuser des messages, de ne parler qu'à une personne en particulier, ou de colorer vos messages du plus beau vert, ou du plus étincelant rouge. Des fonctionnalités équivalentes à celles des chats, sans aucun doute. Mais que fait-on lorsque l'on ne sait plus quoi se dire, que l'on a appris les moindres faits et gestes de la cousine de l'ami d'un tel, et que l'on s'est mis d'accord sur le fait que les yaourts aux fruits des bois sont moins bons que ceux à l'abricot ?
Et bien on joue tout simplement. Deux modes s'offrent donc soudainement à vous, accessible depuis la zone de texte. Le premier, nommé "Hot Potato" porte divinement bien son nom, car il s'agit en réalité d'une déclinaison du jeu de la "patate chaude". Le principe est très simple, et repose sur le passage d'un objet qui peut exploser à tout moment et pénaliser donc le dernier individu à l'avoir eu en main. Ici, vous devrez faire circuler un message le plus rapidement possible dans le but de ne pas avoir à subir la déflagration. Sympathique et assez amusant durant quelques minutes. Bien plus divertissant sans pour autant devenir intéressant, le mode "Doodle" vous donne la possibilité de participer à une sorte de Pictionnary, certes limité par la taille de l'espace de dessin, mais suffisamment fédérateur pour permettre de passer une petite heure de challenge intensif et véritablement agréable. Malheureusement, cela est bien peu pour justifier la création d'une rubrique ludique à part entière. Mais que faire quand on n'a pas d'amis ? Et bien parler avec sa portable tout bêtement. En effet, si vous vous sentez esseulé vous pourrez aisément noter la présence de trois choix orientés vers l'amusement solitaire. Tout d'abord, le "Top 10", reposant sur le concept d'une énumération de différents termes en rapport avec un mot-clé donné. Par exemple, si ce dernier est par exemple "trousse de toilette", il vous faudra énumérer les dix objets présents en son sein dans un temps limité. Quand vous aurez perdu lamentablement en essayant pour la dixième fois de faire comprendre à votre DS que dans l'absolu on pourrait y inclure un chaton, vous pourrez tenter le fantastique et innovant "Hi-Lo".
Ce passe-temps vous soumet à des règles simples. Votre adversaire vous demande de décider d'un nombre entre 1 et 10. Plus vous répondez loin de celui qu'il a en tête et moins vous gagnez d'argent. Je ne crois pas que j'en dirai plus, cette simple description se suffit à elle-même. Suite au choc, vous en viendrez logiquement à vous tourner vers le "solo-chat", se contentant de vous mettre en situation de discussion avec des personnages gérés par la machine. Se basant sur des questions auxquelles il suffit de répondre par oui ou par non, voire par 1, 2, ou 3 (ce qui peut surprendre), ce mode inintéressant au possible en plus d'être particulièrement glauque d'un point de vue social, agit comme porte-drapeau d'un soft insipide et totalement inutile. Alors certes, il est possible de customiser son avatar avec des dizaines de costumes et d'objets différents en échange de quelques deniers, d'acquérir des fonds d'écran et des compositions musicales, mais pour quel usage ? On tombe rapidement dans la futilité la plus profonde, et même si le design général est jovial, coloré et attachant, on ne peut s'empêcher de laisser de côté cette absence notable de contenu. Effectivement, c'est un tantinet mieux que le "pictochat", mais il est bon de signaler tout de même que ce dernier est gratuit, et que son utilisation se révèle suffisamment exceptionnelle pour justifier sa gratuité. On ne comprend donc pas trop où souhaite en venir THQ, et il est regrettable de ne pas avoir plus développé le fond de ce produit. Pas trop "mdr" tout ça.
- Graphismes9/20
Coloré et utilisant des personnages attachants, Ping Pals demeure assez léché pour ne pas tomber dans la carence graphique facile, due au genre de titre en question ici. Le nombre de vêtements et d'accessoires dont peuvent s'affubler l'un ou l'autre de vos avatars est relativement important et fait montre d'une grande diversité. Néanmoins, on pouvait s'attendre à bien mieux de la part d'une DS au potentiel assez imposant.
- Jouabilité/
Peut-on vraiment parler de jouabilité ? Tout repose en fait sur l'utilisation du stylet en tant que crayon ou que substitut de votre doigt. Ne mettant pas à profit un quelconque aspect lié aux réflexes ou à une certaine dextérité, on ne peut décemment pas inclure de note spécifique.
- Durée de vie7/20
Là aussi, on se trouve face à une problématique certaine. Autant il est possible de s'en servir comme un outil de communication auquel cas on peut imaginer l'utiliser à outrance, ce qui n'est pas très probable tout de même, autant on peut y voir un titre comme un autre, et la pauvreté ludique poussera aisément les joueurs à s'en désintéresser rapidement et définitivement.
- Bande son5/20
Les compositions musicales présentes dans le jeu ne s'avèrent pas vraiment probantes, dispensant un son digne d'un vieux synthé des années 80, et tournant en boucle au bout de 30 secondes. De plus, on ne note aucune voix digitalisées ni même de bruitages sympathiques. Je remercie une nouvelle fois Gorillaz pour "G Sides" et Sakimoto pour l'Ost de Breath Of Fire 5, qui me tiennent compagnie dans ces jours de disette.
- Scénario/
-
Le statut de ce jeu peut se résumer par le simple fait que "pictochat" est gratuit. Pourquoi payer pour un concept pratiquement identique et surtout utilisable très rarement ? Mis à part l'aspect graphique plus agréable et la présence de mini-jeux assez amusants, on se trouve face à une production vide et sans vraiment de légitimité. Une interrogation planera toujours sur ce soft et son utilité. Il est dommage de ne pas avoir bénéficié d'un fond plus fourni.