Quand on a commencé à entendre parler du jeu The Punisher, c'était quand les studios de cinéma communiquaient sur le film du même nom. Plusieurs mois après le bide dans les salles obscures, le jeu se faisait toujours attendre, dérogeant donc à la règle du produit marketing censé sortir en même temps que son film. Est-ce que ce retard permettrait de rendre une meilleure copie ? Malheureusement non. En fait, si le jeu n'arrive que maintenant, c'est qu'il puise son inspiration dans le comics et non dans le film, lui-même inspiré du comics. C'est un peu compliqué tout ça, alors passons directement au test, voulez-vous ?
Dans la grande famille des héros de comics, The Punisher est un personnage à part. D'abord, il n'a pas de pouvoir - bon il n'est pas le seul dans ce cas puisque je rappelle que Batman n'a rien de surnaturel non plus. Le Punisher est aussi à part par les méthodes qu'il utilise pour arriver à ses fins. Extrêmement violent, il n'hésite pas une seconde à torturer ses opposants s'ils détiennent des informations vitales pour le reste de sa mission, et il va toujours droit au but, sans perdre de temps avec quelqu'un qui refuse de collaborer. Depuis la mort de sa femme et de son fils tués par la mafia, Frank Castle, alias le Punisher, s'est juré d'exterminer la vermine qui grouille à New York. Il ne reculera devant rien pour y arriver et rien ne l'arrêtera.
C'est dans cette ligne de conduite que s'inscrit le jeu, un titre qui va droit au but, qui ne prend de pincettes, et qui se veut assez viril avec un héros sans concession prêt à tout pour obtenir ce qu'il recherche. Voilà comment ça se passe. Armé jusqu'aux dents, le Punisher arrive dans une zone truffés de malfrats. S'il ne veut pas perdre de temps, il n'aura qu'à appuyer sur la gâchette pour refroidir tout le monde en moins de deux. Mais s'il veut se la joueur un peu plus subtil, il peut aussi saisir n'importe quel ennemi pour s'en faire un bouclier soit pour lui extorquer des informations. Bien sûr, la loi du silence est connue et respectée par bon nombre de bandits, ce qui oblige bien souvent le Punisher à être plus persuasif que d'habitude. Pour les petites frappes, il lui suffit d'étrangler ou de cogner pour faire parler sa victime, mais certains gros calibres lui donneront un peu plus de fil à retordre. Dans ces cas-là, le jeu prévoit des zones de tortures spéciales (un bassin à piranhas, une fraiseuse, une fenêtre, une broyeuse...). En jouant sur la jauge de stress de l'ennemi, c'est-à-dire en lui faisant suffisamment peur, le Punisher obtiendra à coup sûr les informations dont il a besoin. Une fois le morceau craché, il peut alors achever son adversaire ou le laisser filer.
Assez amusantes, malgré leur violence parfois extrême, les séquences de tortures sont peut-être les phases les plus agréables du jeu. Le reste n'est qu'un bête jeu de shoot où il suffit de suivre le chemin tracé à l'avance et de tirer sur tous ceux qui s'interposent. Un peu comme Max Payne, en fait, mais avec des ennemis encore plus idiots qui ne sont programmés qu'à vous tirer dessus sans jamais venir vous chercher. Ces derniers restent sagement à leur place, se cachent parfois, mais ne s'organisent pas pour nous prendre à revers. On se trouve donc devant des cibles évidentes qu'il suffit d'abattre les unes après les autres. De temps à autre, un civil se promène dans le coin, ce qui nous oblige à réfréner nos pulsions destructrices, mais globalement, l'idée est là. Punisher est un shoot basique qui mise tout sur son action incessante. C'est là où ça pose problème en fait puisque la mise en scène ne suit absolument pas. Si entre chaque niveau, les décors se renouvellent, nous baladant d'un bar malfamé à un squat de dealers en passant même par un zoo, l'action reste quant à elle toujours identique. Tout ce qu'on a à faire, c'est suivre le cortège d'ennemis jusqu'à la fin de la zone, et cela pendant seize niveaux. Cela n'a rien de stimulant et à vrai dire, s'il n'y avait pas une ou deux scènes de tortures dans chaque mission, ce serait l'ennui le plus total. Même le mode massacre dans lequel se plonge le héros lorsqu'il s'énerve, ne relève pas vraiment le niveau. De bout en bout, c'est toujours la même chose.
Plusieurs bonus sont à débloquer durant la partie. Pas uniquement des couvertures et des images de comics, mais des améliorations qui serviront directement dans les niveaux, comme une jauge de santé plus importante ou une précision accrue. On peut aussi débloquer un mode défi qui impose des conditions supplémentaires pour réussir un niveau (par exemple : tuer 6 ennemis avec 6 objets différents). On trouve ici une petite alternative au mode classique, mais rien de vraiment conséquent pour relancer l'intérêt. Côté réalisation, ce n'est pas terrible non plus. Si le héros semble avoir reçu toutes les attentions avec une gestuelle et une dégaine toutes deux conformes aux pages du comics, son entourage n'est pas à la hauteur. Les ennemis bougent mal dans des décors vides et dénués de caractère. On a donc un peu de mal à retrouver la patte graphique de la BD, ce qui n'aide pas pour installer l'ambiance propre au Punisher. Pour résumer, le gameplay pas très engageant ne peut s'appuyer sur la réalisation, assez mince elle aussi, ce qui nous donne un titre très moyen susceptible de lasser même les plus grands fans du Punisher.
- Graphismes13/20
En plus de proposer des environnements pas toujours très détaillés, le jeu manque surtout de caractère et de personnalité. L'ambiance du Punisher aurait pu être encore plus sombre si l'esthétique avait suivi. Le héros est tout de même soigné, c'est déjà ça.
- Jouabilité10/20
On avance et on tire, on peut difficilement faire plus basique, même si effectivement les phases d'interrogatoires sont amusantes. Une mise en scène plus travaillée aurait pu nous servir des situations plus intéressantes.
- Durée de vie13/20
Sur les seize niveaux, certains se bouclent en trois minutes, d'autres en un quart d'heure. La durée de vie n'est donc pas énorme, mais les bonus et le mode défi à débloquer devraient pousser les fans du Punisher à persévérer.
- Bande son10/20
Les musiques manquent un peu de punch. On aurait préféré une BO un peu plus rock et un peu moins symphonique. Côté voix, le doublage anglais est tout juste convaincant.
- Scénario11/20
Si le jeu emprunte beaucoup à Max Payne, on peut aussi dire que Max Payne doit son scénario au Punisher. Dans les deux cas, il s'agit d'un père déchiré par la perte de sa famille.
Pour un titre qui se voulait essentiellement axé sur de l'action non stop, The Punisher pêche par une mise en scène plate et inexistante. Le soft se transforme alors en jeu de massacre très fade qui n'a même pas pour lui le charisme de son héros, trop peu mis en avant.