Un jeu de Nippon Ichi se reconnaît dès le premier coup d'oeil et La Pucelle Tactics ne fait pas exception à la règle. Remarquez, le contraire serait étonnant puisque de ce titre (sorti tout d'abord sur PSone au Japon et aux US) sont nés les autres produits de la firme. Antérieur à Disgaea et Phantom Brave, La Pucelle Tactics est donc le précurseur d'un genre de RPG tactique mêlant un scénario trempé dans l'humour, graphismes 2D, combat en 3D isométrique et surtout une gestion de l'équipement et des personnages poussée à l'extrême. Bien entendu, il serait un peu idiot de penser que La Pucelle est aussi détaillé que les titres qui l'ont suivi. Ce jeu, bien que puissant dans le même humour que Disgaea, est malgré tout moins ambitieux dans ses situations ou même sa technicité. Mais c'est un peu le lot de tous ceux qui ouvrent la marche et nous pourrons difficilement lui en vouloir pour ça, d'autant qu'au-delà de certaines absences, cette première production se voulait déjà hilarante et fort prenante pour qui aime passer de longs moments à peaufiner ses armes, ses objets ou sa petite équipe de combattants.

La petite histoire de La Pucelle Tactics nous conte les aventures (qui se transforment souvent en mésaventures) de Culotte, une jeune recrue de La Pucelle. Sous ce nom se cache un groupe de combattants oeuvrant pour la toute puissante Eglise qui enrôle et entraîne de jeunes exorcistes devant débarrasser le monde des démons qui y habitent. Si le synopsis de départ n'est pas aussi loufoque que celui de l'excellent Disgaea, il met malgré tout en scène quelques héroïnes très drôles (comme Alouette ou Prier, cette dernière étant un personnage caché de Disagea) qui n'auront pas leur pareil pour vous décrocher quelques rires. De plus, il faut dire que les noms choisis étant directement en français, on aura beaucoup de mal à ne pas sourire devant l'Oncle Salade, la fameuse Culotte, la ville de Pot Au Feu, etc. Vous aurez donc compris que le scénario de la Pucelle est davantage propice à des situations ou des dialogues très décalés qu'à la mise en place d'une atmosphère ou d'une histoire proche de celle de l'Exorciste. Le jeu, découpé en une douzaine de chapitres, vous proposera une carte où seront représentés les endroits où vous pourrez vous rendre, ces derniers augmentant au fur et à mesure de votre avancée. Une fois, l'endroit choisi, plusieurs cinématiques feront avancer l'histoire et vous devrez après coup enchaîner les combats en choisissant la prochaine pièce que vous voudrez visiter. Le tout se terminera très souvent par un combat contre un boss, le plus souvent épaulé par de nombreux sbires. Ensuite, il sera temps de retourner en ville histoire d'acheter des items ou tout simplement pour obtenir des informations sur votre prochaine mission. Sachez également qu'en fonction de votre façon de jouer, vous pourrez obtenir diverses fins de chapitre (bonne ou mauvaise) et que de nombreux objets bonus seront également à récupérer. A ce sujet, il est un peu dommage de constater certaines grosses longueurs entre certains chapitres, 15 minutes (de dialogues, de cinématiques) séparant parfois la fin de l'un et le premier combat de l'autre.

D'un strict point de vue visuel, La Pucelle a clairement imposé un style au reste des productions Nippon Ichi. Une 2D très jolie pour ce qui est des décors hors combats, des personnages en Super Deformed, tout en rondeurs, tout en mimiques, pas de doute, on aime ou on déteste. On pourra me rétorquer que les combats se déroulent dans des arènes en 3D isométrique passablement dépouillées, mais ce qui ressort le plus est bien cette ambiance d'anime qui illustre à merveille le propos des développeurs qui est de nous faire sourire en nous faisant pénétrer dans un univers enchanteur. Signalons également une petite différence en ce qui concerne les combats de la Pucelle et de ses successeurs. Ainsi, si nous nous déplaçons toujours dans des arènes en 3D, la vue changera lorsque vous attaquerez un ennemi, passant ainsi dans une représentation 2D, très proche de celle utilisée pour les cut-scenes de Phantom Brave. Si ceci ralentit pas mal les affrontements, ces passages sont bien réalisés et tout aussi mignons que les phases dans les villes qui seront eux aussi dans un plus pur style Manga. On retiendra aussi les effets spéciaux déjà très sympathiques pour l'époque et l'intégration des invocations, impressionnantes à plus d'un titre et qui ne se priveront pas pour déclencher une puissance dévastatrice. Je ne l'ai pas précisé jusqu'ici mais le jeu est une fois encore entièrement en anglais, des textes jusqu'aux doublages. Bien entendu, ce n'est pas une sinécure mais vu que les jeux de Nippon ichi ne s'adressent pas à ceux qui voudraient se mettre au genre, ceci ne devrait pas être un frein majeur à la bonne réussite de La Pucelle dans notre pays. Niveau son, le doublage de La Pucelle Tactics se révèle être d'un bon niveau, les intonations accentuées des doubleurs s'accordant parfaitement avec les faciès déformés des personnages.

Attardons-nous à présent sur le système de combats qui représente le coeur de ce jeu. Il va de soi que tout ce qui fait la force de La Pucelle n'est en fait que les prémisses des futurs systèmes de jeu de Disgaea et Phantom Brave. C'est d'ailleurs une qualité et en même temps un défaut sachant que si vous avez joué à l'un des softs évoqués plus avant, vous serez peut-être déçu par le manque de possibilités, qui restent malgré tout effarantes. Mais d'un autre côté, La Pucelle est plus accessible à ceux pour qui l'exhaustivité de Disgaea semblait élitiste. Cependant les deux jeux restent très proches. Vous devrez toujours disposer vos combattants (jusqu'à huit) sur la surface de combat qui disposeront de plusieurs points d'action afin d'effectuer divers mouvements. Une fois choisies les actions de vos personnages, vous devrez valider le tout puis ce sera au tour de vos ennemis de faire de même. L'aspect qui est également mis en avant vient des exorcismes que vos combattants pourront effectuer, en plus des actions de base qui concernent les attaques, les déplacements ou les sorts magiques. Ces exorcismes vous serviront à attaquer à distance ou à rallier des ennemis à votre cause, ces derniers pouvant ensuite être utilisés comme des combattants lambda. Cependant, sachez que vous devrez purifier plusieurs fois un ennemi avant qu'il ne daigne rejoindre votre petit groupe. D'ailleurs, il est parfois agaçant de constater que comme vos personnages contre-attaquent fréquemment, il arrive très souvent que vous tuiez un ennemi avant de l'avoir complètement purifié. Ce qui est également génial est qu'une fois que vous aurez enrôlé un ennemi, il faudra l'entraîner pour qu'il soit plus efficace et faire attention à son moral pour qu'il ne vous quitte pas de son plein gré. En gros, parlez-lui, offrez-lui des cadeaux, flattez-le afin qu'il vous reste fidèle.

Un autre point très important est rattaché aux cases de couleur que vous verrez sur la surface de combat. Ces cases pourront vous servir à attaquer à distance, à invoquer des créatures ou tout simplement à éradiquer la source par laquelle les monstres arrivent. Pour être plus précis, si vous décidez d'exorciser la première case d'une ligne (en forme de losange), vous provoquerez une réaction en chaîne, exorcisant toutes les cases adjacentes de même couleur. Ceci causera alors des dégâts aux monstres qui sont situés sur la ligne de couleur. Vous devrez aussi localiser des cases de couleur d'où émane une légère fumée, afin de les exorciser pour que les monstres n'en sortent plus, le tout étant une condition sine qua none pour réussir la plupart des missions qui auront pour objectif d'éradiquer tous les monstres. L'autre astuce constituera à mettre à profit les lignes de couleur qui forment une boucle. Si vous avez la chance que des monstres se trouvent sur une des cases de ces lignes fermées, vous pourrez alors pratiquer un exorcisme qui affectera la ligne entière. Cette action vous permettra même d'invoquer une créature très puissante qui provoquera d'énormes dégâts sur tous les ennemis présents à l'écran. Le système est à ce point complet que vous pourrez aussi changer la direction de la ligne de couleur en positionnant un de vos personnages dessus. Les combats deviendront alors très savoureux si vous réussissez à attirer plusieurs ennemis sur une ligne dont vous venez de modifier le sens pendant qu'un autre personnage exorcisera ladite ligne causant des dommages à tous les monstres se trouvant dessus.

Notez aussi que si un ennemi est entouré par deux, trois ou quatre de vos combattants, vous aurez droit à des attaques groupées, bien utiles, surtout contre les boss. La magie vous sera aussi d'un grand secours puisque plus vous utiliserez un sort, plus il montera de niveau et plus il offrira de possibilités. Attention par contre, car vous devrez gérer vos SP (en plus de vos HP) pour ne pas en manquer si vous décidez d'avoir recours à un sort offensif ou défensif. Enfin, prenez beaucoup de temps pour choisir vos armes et équipements car ces derniers influenceront vos attaques, vos statistiques ou votre résistance. De plus une fois que vous aurez suffisamment utilisé un sort, vous pourrez l'utiliser sans la pièce d'équipement qui vous aura permis de l'apprendre. Bien entendu, le jeu regorge d'autre petites subtilités dont je ne puis vous parler aujourd'hui faute de place ! En somme, cette adaptation PS2 de La Pucelle Tactics tient toutes ses promesses. On peut y trouver pas mal de petits défauts assez agaçants mais si vous réussissez à rentrer dans le jeu, vous ne verrez même plus les heures de jeu défiler et j'en sais quelque chose après avoir enchaîné les nuits blanches ce WE. C'est sûr, le 1er avril sera l'occasion de reluquer une petite culotte mais c'est loin, très loin d'être une blague de mauvais goût.