Alors comme ça on se met au FPS chez Crystal Dynamics ? Mais c'est que c'est pas facile de faire un shooter qui sorte du lot mes braves garçons, vous pensez pouvoir vous en sortir dès votre premier essai ? Oui ? Frimeurs, ok, on va voir ça, tonton Dino va relever les copies.
Le détail qui fait un peu tiquer quand on lance Snowblind, ce sont les vagues souvenirs qu'il évoque à quelques joueurs. L'univers cyber-punk, les nano-modifications, certains points de design frappants, tout ça rappelle fortement un certain Deus Ex. Et pour cause, à l'origine le jeu s'appelait Clan Wars et devait se présenter comme un spin-off de l'univers de JC Denton. Une idée abandonnée en raison de l'aspect trop tourné vers l'action du jeu, qui garde cependant les traces de ses origines. Nathan Frost est donc un super soldat, gavé de modifications qui lui autorisent toutes sortes de folies : vision augmentée, champ de protection contre les balles, améliorations des réflexes et j'en passe. Tout cela fonctionnant à merveille tant qu'on a des piles à se carrer dans... le corps.
Project Snowblind mise tout, absolument tout sur l'action, ce que nos amis anglo-saxons appellent avec élégance, "fast paced action", et que nous désignons sous le nom, plus pragmatique, de "gros bourrinage de sa race". Les niveaux sont linéaires et même si on s'adonne de temps à autre au piratage de systèmes de sécurité, le gros du gameplay repose sur le tir en allant fouiller dans l'arsenal conséquent du jeu. Mais Snowblind s'efforce de plonger le joueur dans l'ambiance et pourrait être vu comme un Medal Of Honor futuriste. Le monde monté par Crystal Dynamics est en proie à une bonne grosse guerre et c'est dans ce fatras de plombs et de sang que vous allez évoluer. Partout on crie, partout des choses explosent et un nombre assez important de scripts veille à mettre en scène votre progression. Et histoire de renforcer cette immersion dans ces grandes scènes de combats, le moteur du jeu gère une destruction massive des décors. On ne pourra pas dire que le fait de voir des pans de murs se faire éventrer ou une fenêtre éclater quand on passe à côté, ça ne fait pas son petit effet. De même, lorsqu'on utilise une tourelle, on a vite le sentiment de travailler dans le bâtiment, section démolition. Accessoirement, on pourra également faire un tour à bord d'engins motorisés divers et variés. Et là aussi, on laisse des traces de notre passage.
Du coup, dans son genre, Project Snowblind se débrouille fort bien en offrant une action nerveuse servie par une atmosphère bien rendue. Evidemment, le principe des bio-améliorations n'est pas étranger au charme du titre, encore que l'on puisse regretter qu'elles sonnent plus comme un bonus que comme une constituante plus importante et indispensable du gameplay. Le fait est qu'on pourrait s'en passer sans que le jeu en soit complètement bouleversé. Bon, un petit raté regrettable mais pas dommageable à ce qu'on a déjà sous la main : un jeu qui parvient bien à imposer son rythme et son action avec en plus une certaine variété dans les ennemis affrontés. L'ennui étant que les ennemis en question ne sont pas vraiment des flèches. L'illustration la plus probante est leur tendance à tirer... sur rien. Vous vous posez dans un coin, vous le quittez et là, vous constatez qu'ils continuent de tirer au même endroit pendant 3 plombes. Ca doit être compulsif... Que voulez-vous, y a des gens qui doivent prendre sur eux pour pas acheter de fringues par kilo, d'autres pour pas commander 6 DVD, 5 CD ou 4 bouquins par semaine (glups), eux leur truc, c'est tirer sur des murs. Heureusement qu'ils compensent tout ça par leur masse. Mais cette IA faiblarde n'est pas le seul reproche qu'on a envie d'adresser au jeu.
Si l'arsenal est de taille, on ne peut pas dire qu'il se dégage une grande sensation de puissance des armes qui, au contraire, frappent avec mollesse. Les ennemis ayant la peau dure, on ressent d'autant plus cette impression de faire feu avec un pistolet à billes. C'est très désagréable, voire limite frustrant. Il en va de même pour les grenades bien que le problème soit plus gênant. Si les armes semblent peu efficaces, les grenades le sont pour leur part bel et bien. Leur rayon d'action est ridicule, ce qui est bien embêtant vu le nombre de types qui vous en veulent. On aimerait en effet qu'une pépite explosive fasse un peu plus de dégâts dans les rangs ennemis. L'autre déconvenue qui pourra en déranger certains viendra de la surenchère d'action qui rend parfois les choses un peu confuses. A force de barouf, on finit par en perdre un peu le fil des choses et ne plus comprendre tout ce qui se passe. Bah, Crystal Dynamics s'en sort tout de même assez bien pour un premier essai, attendons leur prochaine tentative, faut qu'ils s'entraînent les petits gars.
- Graphismes16/20
Joli travail de la part de Crystal Dynamics qui nous a pondu là un moteur particulièrement performant sur PS2, gérant de surcroît avec maestria la destruction des environnements. Le design se paie le luxe d'être soigné, ce qui ne gâche rien. Le seul gros bémol portera sur les animations qui dérogent à la qualité globale du titre par leur faiblesse.
- Jouabilité14/20
De l'action, de la grosse, qui tache, voilà ce que propose Project Snowblind. Le gameplay s'enrichit de quelques subtilités, mais on regrette un peu qu'au final les bio-mods revêtent cet aspect dispensable. L'ambiance guerrière du titre lui permet en tout cas de se montrer convaincant dans son genre, à condition de pardonner une IA plutôt faible et quelques passages un peu confus.
- Durée de vie15/20
La campagne solo est solide et vous occupera pour un moment. En revanche, le multi pèche pas son classicisme, un mode présent parce qu'il en faut un dans les FPS dira-t-on.
- Bande son14/20
Les musiques sont discrètes au profit d'effets et de doublages réussis et convaincants en dépit d'une ou deux répliques qui ne dépareilleraient pas dans un mauvais téléfilm.
- Scénario13/20
La trame scénaristique n'a rien de transcendant mais suffit au titre. L'univers est assez bien posé dans les scènes de combats, parfois épiques.
Tapant dans la catégorie des shooters bourrins, Project Snowblind se pare d'un côté Medal Of Honor du futur qui saura satisfaire les amateurs de ce style de FPS. Crystal Dynamics parvient à imposer un rythme effréné et une certaine diversité dans son action, le tout plongé dans des environnements au design travaillé. Cependant, on déplore un poil de confusion de temps à autre, l'IA franchement limite et surtout l'idée peu aboutie des bio-modifications qui restent trop en retrait et peu exploitées dans le gameplay.