L'équipe française de Darkworks confirme son goût pour le survival-horror avec Cold Fear. Après nous avoir enfermé à double tour dans le manoir sinistre de Alone In The Dark : The New Nightmare, Darkworks nous confine dans un baleinier fantôme occupé par des créatures mutantes à la recherche de leurs futurs hôtes. Et si vous deveniez l'un d'eux ?
Alors que Tom Hansen, garde-côte sur la mer du Bering, arraisonne un navire victime d'une violente tempête pour prêter secours à ses occupants, il réalise très vite que les seuls êtres encore vivants à bord n'ont pas grand-chose d'humain. Le voilà coincé seul sur un bâtiment ensanglanté, contraint malgré lui de devenir l'acteur d'une scène effroyable où la mort est une perspective plus douce que la peur d'être possédé par un parasite qui dévore le cerveau de ses hôtes pour assurer sa survie. Vous l'aurez compris, les péripéties sanguinolentes de Cold Fear ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Déconseillé aux moins de 18 ans, le dernier soft de Darkworks est à inscrire dans la lignée des survival les plus sanglants et les plus violents du moment. Si vous n'avez rien contre le goût du sang, préparez-vous à embarquer sur le baleinier fantôme le plus dangereux que l'on ait vu de mémoire de joueur.
Vous commencez donc l'aventure alors que le navire de Tom s'approche du baleinier russe en perdition dans le but de lui prêter assistance. La tempête fait rage autour de vous et les éléments se déchaînent pour entraver votre progression sur le pont du sinistre navire qui tangue sous le choc incessant de la houle. Le résultat à l'écran est visuellement impressionnant, les vagues s'échouent avec force contre la coque du navire et les oscillations du bateau suffiraient presque à donner le mal de mer. Autant dire que l'ambiance est parfaitement réussie dans la mesure où il faut avancer prudemment pour éviter de se faire emporter par les vagues ou de se faire assommer par une poulie. Le jeu regorge d'ailleurs de bruitages et d'effets en tout genre qui enrichissent d'autant ces environnements dynamiques : la pluie qui s'écrase contre l'écran, le sang qui gicle à flots, les coupures de courant inattendues ou encore les flammes qui lèchent les parois et vous menacent de mort subite si vous vous en approchez trop. On craint vraiment pour sa vie, d'autant plus que l'on ne dispose d'aucun lieu de repos pour sauvegarder. L'enregistrement de la partie ne se fait qu'à certains moments précis de l'aventure, ce qui oblige le joueur à avancer vers l'inconnu en sachant qu'un faux pas l'obligera à tout recommencer.
Relativement conventionnel, le scénario n'est certes pas à la hauteur de l'ambiance flippante du jeu, mais il offre tout de même plusieurs rencontres intéressantes, qu'elles soient amicales ou plutôt hostiles. Le joueur sera amené à escorter une scientifique rebelle et indépendante, fille d'un savant dont les découvertes concernant les exocels ont conduit au drame que l'on connaît. Il y a bien sûr ceux qui complotent dans l'ombre et tirent les ficelles, ainsi qu'une galerie d'exomutants et d'exospectres tous plus décomposés les uns que les autres. La vraie bonne idée du jeu réside justement dans ces fameuses créatures parasites, les exocels, qui s'insinuent dans le crâne d'êtres vivants ou de cadavres pour les contrôler. Un sentiment de paranoïa s'installe très vite dans la mesure où l'on soupçonne le moindre corps de receler un exocel en son sein. On acquiert vite le réflexe de pulvériser la tête de ses victimes et des corps inanimés avant de faire exploser les exocels pour éviter qu'ils ne se sauvent pour trouver un meilleur hôte. Une idée qui pousse à multiplier les headshots et à anticiper les mouvements de ses adversaires, tout en ajoutant au sentiment de stress du joueur. Comme on avait déjà pu le constater sur Alone in the Dark : the New Nightmare, l'équipe de Darkworks aime à s'inspirer d'éléments vus dans les survival horror les plus réputés et n'hésite pas à reprendre certaines idées qui ont prouvé leur efficacité sur le grand écran. Ainsi, le fait de pouvoir achever un ennemi au sol avec son pied renvoie directement à Silent Hill, tandis que les manoeuvres de défense avec le flingue rappellent les coups de couteau défensifs du remake de Resident Evil. Le fait que les exocels puissent s'infiltrer dans le corps de n'importe qui renvoie clairement à The Thing, voire à Alien, et ajoute énormément au côté stressant du jeu. Clin d'oeil à leur précédent titre, il est possible de recourir à une lampe-torche en balayant le faisceau lumineux pour savoir où l'on met les pieds, du moins si l'on se contente d'utiliser le pistolet.
D'autres armes plutôt conventionnelles sont également utilisables, mais elles sont peu nombreuses et les munitions sont très limitées. Heureusement, on peut recourir à certaines interactions pour économiser quelques balles en tirant sur des barils explosifs ou en faisant tomber des charges sur la tête de ses assaillants. Dommage que ces interactions soient aussi limitées et évidentes dans leur contexte. Enfin, comment ne pas penser à Revident Evil 4 pour ce qui est de la perspective adoptée en mode visée, avec le personnage situé dans le coin inférieur gauche de l'écran, l'arme au poing ? Tout ceci concourt au final à donner l'impression d'avoir affaire à un très bon survival horror, certes conventionnel dans son déroulement, mais fort d'une ambiance oppressante à souhait et d'un challenge à la hauteur. On peut féliciter Darkworks pour leur nouvelle performance dans le domaine.
- Graphismes16/20
Cold Fear bénéficie d'une vraie qualité visuelle qui renforce l'immersion dans le jeu à base d'effets plus vrais que nature et d'environnements dynamiques. On regrettera juste le manque de variété des ennemis et des décors.
- Jouabilité15/20
Le jeu adopte une vue à la troisième personne avec des déplacements 3D qui facilitent la progression, même si celle-ci est souvent entravée par les pièges des environnements et qu'on ne peut pas recourir à une carte. Le mode de visée renvoie à Resident Evil 4 et convient tout à fait au gameplay du jeu, même si on ne peut pas faire de demi-tours rapides dans ce cas de figure. Les interactions sont assez limitées et souvent évidentes.
- Durée de vie13/20
Il faut a priori entre 9 et 11 heures pour faire le tour de l'aventure, ce qui reste dans la moyenne des titres du genre. Le jeu comporte également plusieurs modes de difficulté et la progression se révèle relativement corsée à cause de la limitation de sauvegardes et de la gestion des munitions.
- Bande son16/20
Cold Fear nous offre une ambiance sonore réussie due à un bon doublage français et à des bruitages d'ambiance très immersifs.
- Scénario11/20
Un scénario conventionnel qui comporte des rencontres intéressantes mais pas de personnage vraiment marquant. Dommage que la trame scénaristique ne soit pas à la hauteur de l'ambiance du jeu.
La talentueuse équipe de Darkworks revisite le survival horror d'une bien belle façon avec Cold Fear. Le jeu n'est certes pas particulièrement original dans son déroulement ni dans son contexte, mais il profite d'une ambiance excellente qui assure une angoisse permanente pour le joueur. Le titre offre d'ailleurs un challenge à la hauteur même s'il demeure un peu court.