Des soldats américains perdus dans le bocage normand faisant face à des allemands, ça vous rappelle une tripotée d'autres FPS sans doute. Un peu de Medal Of Honor, un peu de Call Of Duty et tant d'autres. Brothers In Arms envisage pourtant d'offrir une expérience plus originale en la matière, chose sur laquelle on ne peut cracher.
Avant toute chose, mettons les choses au clair. Tout comme il ne faut pas prendre Rayman pour un lapin au risque d'énerver ses créateurs, on aurait tort d'associer Brothers In Arms à la série Band Of Brothers. Enfin, d'accord, tout le jeu s'inspire de l'histoire réelle d'une escouade de soldats US et repose sur l'authenticité d'un grand nombre de faits rapportés, de dialogues et autres anecdotes mais sur le papier, rien à voir.
Car oui, le soldat Baker, dont on incarne ici le rôle, a bien existé, ainsi que tous ses petits copains présents dans le jeu. C'est ce que l'on appelle l'authenticité chez Gearbox, à ne pas confondre avec le réalisme, attention cours de sémantique. Je vous explique, l'authenticité, c'est d'avoir déniché des anecdotes, d'avoir reproduit avec une grande précision des secteurs entiers du bocage normand, jusque dans les petits panneaux indicateurs ou encore de recréer des situations de combats vécues. Le réalisme, c'est plutôt l'esprit : une balle = un mort, et ça, ce n'est pas systématique dans Brothers In Arms. L'idée de nous faire vivre cette histoire vraie bien que romancée est plutôt attrayante et encore une fois, on l'a vu à l'épreuve dans la série. Encore que dans le jeu, on a facilement tendance à oublier ce détail et à voir ça comme n'importe quel autre scénario du premier MoH venu.
Ceci étant, Brothers In Arms entend bien se démarquer de la flopée de FPS historiques dont la qualité ne cesse de plus de décroître, à moins qu'elle ne stagne simplement. Pour ce faire, il a recours à la stratégie. A tout moment, il est possible d'ouvrir une carte tactique des proches environs. Le but étant de trouver un moyen de contourner ou d'éliminer toute menace. Une fois les dangers identifiés, il reste à donner les bons ordres à nos hommes. L'exemple type ressorti à chaque présentation du jeu est la prise par le flanc. Via une interface d'ordres qui rappelle celle de Ghost Recon, on demande donc à lancer un tir de couverture afin de faire garder la tête baissée aux belliqueux. C'est là qu'apparaît soudain une icône de moral, telle une auréole perchée sur la tête du soldat. Un cercle rouge virant au gris indiquant à quel point le bidasse se sent en danger. Une fois qu'on lui a bien brisé le moral, il reste à faire le tour et à liquider tout le monde. Séduisant non ?
Seulement le hic, c'est que le jeu parait fort linéaire. En clair, ce que je redoute un peu sur l'aspect tactique, c'est qu'on se trouve en fait face à une situation qui n'offre guère qu'une seule solution prévue par les développeurs. Une solution qui, pour ce que j'en ai vu, semble toujours être celle, maintes fois rabâchée, du contournement par le flanc. On verra plus tard et en détail si la faille persiste, souhaitons que non, ce serait dommage car dans l'idée, l'approche est assez intéressante et offre une gestion tactique certes un peu simpliste mais plus stimulante que du bête tir scripté.
La dernière fois que j'avais joué au titre de Gearbox, je lui reprochais 2 autres choses. La première était ses gros problèmes de visée dûs à des ennuis de gestion des collisions. Aujourd'hui, ça va nettement mieux et il semble qu'un juste milieu entre la fameuse "authenticité" des armes peu précises de l'époque et le délire des balles folles à la John Kennedy ait été trouvé. Encore qu'il arrive toujours de voir des ennemis se faire traverser sans dégâts par les balles, même à courte distance. Second reproche, l'IA. Une intelligence en dents de scie pour l'heure. Du côté allié, vos soldats ont assez de jugeote pour se mettre efficacement à couvert et éviter le feu ennemi, plutôt bon. Cependant, on observe quelques ratés et refus d'obtempérer à l'occasion. En face, la plupart du temps les allemands restent bien planqués à l'ombre mais quand ils sortent, il n'est pas rare de les voir foncer comme des veaux.
Brothers In Arms a plutôt un bon fond, mais il a aussi quelques défauts qu'il serait souhaitable de voir corrigés d'ici sa sortie. Par exemple, le framerate de cette version PS2 est assez poussif, nettement moins rapide que sur Xbox. Les graphismes eux aussi paraissent un peu plus ternes que sur la console de Microsoft. Mais bon, c'est normal car la machine de Sony est moins puissante. Evidemment, on n'attend pas le Ghost Recon des années 40, l'aspect tactique demeurant visiblement très grand public. Mais si on cherche un FPS historique qui fait l'effort de sortir un peu des normes, l'investissement pourrait être payant.