L'art de rendre un menu principal accrocheur et vecteur d'une certaine émotion pour le joueur demeure un domaine sombre, dangereux et difficile d'approche. En effet, après avoir observé des menus bleus comblés de lettres rouges avec une ombre portée, ou la simple utilisation du titre du soft, il est salvateur d'admirer un de ces représentants entièrement animé, évoquant l'atmosphère même qui va être distillée, tout en ouvrant une voie vers une envie de pénétrer dans un univers. Le titre de Dreamcatcher réussit à merveille ce tour de force, et se présente sous des auspices bienheureux. Dans le même ordre d'idées, les premières émotions reçues en intégrant le jeu sont on ne peut plus excitantes et prometteuses d'une immersion rapide et prenante. Une ville se découvre alors, baignée de néons, d'ombres vaporeuses, et constellée d'une froideur clinique, propre à un univers SF axé vers une déliquescence certaine à la Philip K.Dick. Au travers d'un ballet harmonieux de voitures volantes dotées d'un design rappelant les véhicules propres au Chicago des années 60, les effluves d'un futur plaisir de jeu commencent leur ascension. Malheureusement, cette dernière se voit coupée nette par un gameplay handicapant, surgissant de sa boîte avec pertes et fracas. On ressent alors une véritable frustration face à cette cassure imposante, nivelant d'un coup les bonnes idées relatives au level-design.

Ressemblant un tantinet à Fallout, de par l'omniprésence du tour par tour et la gestion de points d'action, le schéma ludique se détache rapidement des influences de cet aîné fabuleux par l'accumulation de carences plus ou moins encombrantes. Tout d'abord, et nous entrons là quelque peu dans le domaine graphique, la plus grosse lacune vient directement d'un syndrome étrange de disparitions et de réapparitions soudaines d'unités. Il n'est pas rare en fait de déambuler naïvement dans une rue à la recherche d'un ennemi quelconque, lorsque l'un d'eux se matérialise dans votre dos empêchant toute retraite, et provoquant évidemment un sursaut d'effroi. Est-ce du domaine de la magie noire, est-ce un artefact ancien qui leur confère ce pouvoir ? La réponse est simple, il s'agit tout bonnement d'un grand et méchant bug qui aime à oeuvrer dans les parages. Un défaut terrifiant, qui prend encore plus de sens dans un RPG au tour par tour orienté vers la stratégie. Il n'y a rien de plus embêtant que de placer ses troupes au sein d'un dispositif d'encerclement, en étant certain d'une simple victoire, et de voir un petit barbu tirer une balle dans la tête de votre coéquipier alors que vous étiez les seuls sur place. Cela ampute donc une partie énorme de l'intérêt que peut apporter le système de combat, pas franchement original dans le fond, mais tout de même agréable à prendre en main. Reposant sur une distribution de PA (points d'action) suivant différentes manoeuvres telles que le déplacement, le rechargement, ou encore le fait de saisir un objet, le concept vous permet de gérer au mieux votre approche de chaque pugilat. En effet, si vous effectuez trop de pas sur l'aire de combat, vous ne pourrez ensuite plus faire feu à cause d'un manque de PA. A vous donc de savoir économiser vos forces pour surgir au moment opportun.

Faisant également partie du domaine de la jouabilité, l'interface s'avère relativement mal pensée. Offrant un rapide coup d'oeil sur la situation de chacun des vos personnages principaux, cette dernière incarne son rôle premier de manière convaincante, mais dévoile rapidement son côté obscur. Bénéficiant d'icônes minuscules et se fondant dans sa couleur aux accents de vert et de bleu, cette interface cherche donc visiblement à embrouiller le pauvre joueur, et à le pousser à se rapprocher à 8 centimètres de l'écran dans le but d'apercevoir l'existence de fonctionnalités cruellement masquées. Evidemment, il est plus aisé d'utiliser les raccourcis clavier, répertoriés dans la notice, mais pourquoi ne pas avoir pensé à fournir au soft une once d'intuitivité et d'ergonomie ? De plus, les possibilités restent vainement réduites, allant de l'affichage du point de vue, à l'attaque, en passant par l'échange d'objet (assez maladroit d'ailleurs), ou encore à la possibilité d'intégrer des véhicules laissés à l'abandon. Basique et surtout terriblement poussive, la structure de jeu provoque l'arrivée intimidante d'une lassitude qui s'était pourtant dissimulée habilement. En revanche, et malgré ses nombreux défauts, le gameplay n'est pas austère en soi, et permettra aux novices du RPG "stratégique" d'assimiler les bases d'un genre passionnant et réellement hypnotisant. Du moins lors des phases d'affrontements. En effet, vous bénéficierez aussi de moments de paix, évoluant au gré de la visite de divers quartiers ou complexes, nécessaires d'une part à entretenir un côté aventure, et d'autre part à collecter des informations et à gérer l'inventaire de vos compagnons. Il sera aussi important de surveiller leur évolution afin de disposer toujours d'un temps d'avance une fois le combat inévitable. Il est impératif de connaître ses troupes sur le bout des doigts dans ces situations. Il est d'ailleurs conseillé de vous adresser le plus possible aux habitants (PNJ) que vous rencontrerez, parfois simples passants désintéressés mais souvent sources d'informations.

En sus de ce statut spécifique, ces derniers occupent également des postes indispensables à votre niveau, à savoir des marchands d'armes ou de médicaments. Néanmoins, il vous faudra déjà du courage pour parvenir à vous adresser à eux, dans la mesure où il est impossible de grouper vos individus préférés afin de les faire se déplacer en même temps. Il vous incombera alors de définir un chemin pour chacun de vos comiques, en tenant compte du fait que sélectionner un second intervenant bloque la marche du premier. Un système souple et dynamique comme vous pouvez vous en rendre compte. Il apparaît donc rapidement que le désir de parcourir les différents niveaux s'estompe aussi lestement que l'envie d'expérimenter une nouvelle bataille. Un constant regrettable à la vue de la réalisation graphique du soft qui retranscrit plutôt bien l'univers de SF que ce dernier souhaite mettre en place. Offrant une 3D manquant certes de finition et de détail, le moteur de jeu demeure suffisamment correct pour permettre une implication relative au sein du scénario. Les décors sous les différents angles d'une caméra au cadrage étonnamment libre et laissé à votre bon vouloir, affichent des textures assez diversifiées et ne donnent pas à voir l'aspect baveux caractérisant d'autres productions. Les personnages quant à eux, malgré une carence de polygone évidente, proposent une alternative correcte à la 2D habituelle de ce type de jeu. Reste qu'au final, Cops 2170 pèche terriblement par le biais de son gameplay limité et poussif et du classicisme important qui s'en dégage. Dommage, car l'ambiance augurait du meilleur.