Les pouvoirs psychiques sont super à la mode on dirait, après Second Sight qui vient juste de faire son arrivée sur PC, c'est au tour de Psi-Ops de sortir de ses consoles pour tâter le terrain des PCistes. Visiblement, soulever des trucs sans les toucher est la nouvelle tendance 2005, alors si vous voulez être fashion cet été, va falloir vous mettre à tordre des cuillères par la seule force de l'esprit.
Autant dire que je vais avoir l'air ringard, moi, tout ce que j'arrive à faire à la force de mon esprit, c'est me convaincre qu'il est l'heure d'aller bosser, et encore... Bref, vous, vous êtes donc dans un Psi-Ops, un agent doué de super pouvoirs psychiques enrôlé dans une guerre. Guerre qui ne tourne pas à votre avantage, loin s'en faut puisque votre armée va même se faire rétamer par une horde de soldats psychiquement manipulés par un être qu'on suppute plutôt balèze dans son domaine. Il faudra donc commencer par vous évader de la prison du Réseau. Oui le Réseau c'est le nom des méchants, je dis ça au cas où vous seriez en train de mater la télé au lieu de suivre ce que je dis.
Sans attendre, notre viril héros qui a déjà fait ses preuves pour ce qui est de se servir d'une arme, va partir à la redécouverte de son corps et son esprit, histoire d'être bien aware comme Jean-Claude. Scryer (ledit héros viril) peut réaliser toutes sortes d'exploits : soulever des objets, balancer des ennemis sur un mur, projeter son esprit pour repérer les dangers, jouer avec la pyrokinésie, drainer l'énergie psi jusqu'à en faire exploser la tête du pauvre garçon, prendre possession des gardes ou même chanter du Kyo en ventriloque. Un attirail mental assez jouissif et qui se montre d'une efficacité redoutable et très bien mis en valeur par le jeu. Il n'y a que deux hics liés aux pouvoirs. Le premier tient à un petit problème de précision lorsqu'on déplace un objet. Malgré le recours à la souris, on galère un poil à diriger le bidule une fois en l'air. Rien de bien dramatique mais la gène existe. L'autre écueil réside dans la façon dont on vous enseigne l'usage des pouvoirs, sous la forme de flashbacks vous renvoyant à votre instruction de jeune soldat. Au début c'est pas mal, mais quand à la moitié du jeu on fonctionne encore sur ce mode, ça devient un rien gavant. Un apprentissage contextuel eut été préférable et moins intrusif.
Comme de plus en plus de jeux, et notamment comme son cousin Second Sight, Psi-Ops s'escrime à mêler deux types de gameplay, l'un clairement axé vers l'action qui défouraille, et l'autre plus subtil et tourné vers l'infiltration. Pour ce qui est de l'action, pas de soucis majeurs, c'est velu et on pourra aussi bien user de ses armes que de son attirail psychique. Toutefois, on reprochera quand même un ou deux trucs à ce niveau, à commencer par une gestion des dégâts assez anecdotique qui rend caduque tout effort de visée, il suffira de tirer dans le tas jusqu'à ce que tout le monde soit au sol. Et dans la mesure où l'IA adverse n'est pas vraiment un modèle de finesse, la chose ne présentera guère de difficulté. A croire que le Réseau n'embauche que des neurasthéniques suicidaires qui n'attendent qu'une chose : être tués en service. Entre les gardes qui vous foncent dessus et ceux qui vous attendent gentiment, aucun ne semble avoir l'idée de se mettre à couvert. Comme souvent, c'est par le nombre que la bêtise est compensée. Mais il faut bien dire que le côté jouissif des pouvoirs parvient à rattraper cette faiblesse.
L'autre pendant du gameplay est donc l'infiltration, si vous suivez bien (coupez-moi cette télé bon sang). Là, c'est un peu plus délicat, comme on pouvait s'y attendre, il est vrai que rares sont les jeux qui arrivent à offrir deux expériences aussi opposées sans en souffrir un peu. Que l'on vous y oblige ou que vous l'ayez choisi, d'une manière ou d'une autre vous serez amené à la jouer fine. Pour ce faire, Sryer peut s'accroupir histoire de se montrer discret et se coller aux murs. Projeter son esprit pour repérer les gardes ne sera pas inutile non plus. Mais voilà, si pour les affrontements physiques les gardes sont un peu bêtas, pour l'infiltration ils ont tendance à être trop futés. Il est difficile de déterminer leur champ de vision qui semble trop étendu et il n'est donc pas rare de se faire avoir parce qu'on a vu votre touffe de cheveux dépasser d'une caisse alors qu'on s'y croyait bien à l'abri. Passer sous une fenêtre est d'ailleurs impossible. En bref, cet aspect du jeu est finalement assez limité, mais sa présence reste un bonus agréable, bien que dispensable.
Sur le plan visuel, on peut s'estimer assez heureux du résultat. C'est pas Riddick évidemment mais on évite le choc des polygones trop anguleux classiques des portages. On n'hésitera pourtant pas à reprocher une certaine flemmardise de design. A noter la présence du moteur physique Havoc, bien pratique pour les gestions de la télékinésie et des corps.
Psi-Ops en gros, c'est plutôt pas vilain, franchement fun quand il s'agit de jouer avec les pouvoirs psychiques mais un peu trop rentre-dedans pour le reste. Un jeu d'action qui vaut le coup d'oeil en somme, mais pas la référence du genre.
- Graphismes14/20
Graphiquement très capable, le moteur de Psi-Ops suffit à offrir un rendu tout à fait honnête pour un jeu d'action grand public (enfin grand public mais interdit aux moins de 18 ans). Dommage que le design ne soit pas toujours très inspiré.
- Jouabilité14/20
On reste sur sa faim en matière de furtivité puisque cette dernière est assez mal intégrée. En revanche, les amateurs de grosse action qui tache seront ravis par l'utilisation des pouvoirs paranormaux. Quelques soucis de caméra et surtout l'IA limitée font cependant couiner un poil dans les chaumières.
- Durée de vie13/20
Un peu court, comme nombre de ses camarades dans cette catégorie, Psi-Ops se termine un peu trop rapidement, la chasse aux bonus poussera certains acharnés à parcourir le jeu une seconde fois.
- Bande son14/20
Musicalement assez restreint, Psi-Ops profite en revanche d'un doublage VF plutôt convaincant et d'effets soignés.
- Scénario/
Même s'il essaie de s'ouvrir un peu laborieusement à l'infiltration, Psi-Ops reste avant tout un jeu d'action plutôt primaire qui doit essentiellement son charme à la présence des aptitudes paranormales du héros. Avec plus de travail dans le game design, voilà un jeu qui aurait pu frapper plus fort encore.