Parmi toutes ses productions, Pandemic Studios s'est entre autres illustré avec Full Spectrum Warrior, un jeu de guerre qui se voulait plutôt réaliste de par sa grande dose de stratégie dans l'approche de chaque combat. Le développeur, décidément très porté sur les armes et les conflits en tous genres, nous refait le coup d'une guerre qui éclate dans un futur proche. Cette fois, plus question de se prendre la tête sur des tactiques et des plans d'attaques, on fonce dans le tas sans se poser de questions !
Loin du conflit de Full Spectrum Warrior, Pandemic nous transporte ce coup-ci en Corée où des évènements plutôt inquiétants viennent de se produire. Alors que le processus de paix entre la Corée du Nord et la Corée du Sud avait finalement abouti grâce au président Kim Song, ce dernier a été froidement assassiné par son propre fils, le général Choi Song. Installé depuis à la tête de la partie nord du pays, ce dernier chasse tous les indésirables du territoire. Plus aucun journaliste ne se trouve là-bas, coupant littéralement la Corée du Nord du reste du monde. La situation n'aurait certainement pas évolué si la flotte australienne n'était pas tombée par hasard sur un navire nord-coréen transportant des missiles nucléaires pour le compte de plusieurs terroristes indonésiens. Les Nations Alliées (comprendre les Nations Unies) interviennent et prennent rapidement le contrôle d'un site de lancement d'ogives. Mais la satisfaction est de courte durée, car bien vite des documents prouvent qu'un second site est à l'oeuvre, ailleurs dans le pays, dans un endroit tenu secret. La crise s'installe...
C'est à ce moment que vous intervenez. Vous êtes un mercenaire appartenant à l'organisation ExOps. Plusieurs raisons motivent votre venue en Corée du Nord, mais la principale attraction reste sans conteste la mirobolante prime promise par les Nations Alliées pour la capture du général Song. Pas moins de 100 000 000 dollars attendent celui qui arrêtera le tyran ! Forcément, ça fait rêver. Vous voilà donc largué en zone démilitarisée pour rejoindre le QG des Nations Alliées et commencer à vous familiariser avec le terrain. Sur place, vous découvrez que vous n'êtes pas le seul à vous préoccuper du sort du pays. Plusieurs factions ont pris leurs quartiers dans le coin, se disputant des villes et des campagnes, et rendant encore plus instable la situation, déjà très tendue. Ainsi, un groupe sud-coréen contrôlé par la CIA tient à s'assurer que le dénouement du conflit aboutira sur une république pro-américaine, tandis qu'un détachement de l'armée chinoise est lui venu pour tenter de rattacher la Corée du Nord à leur pays, une fois que Song sera tombé. La Mafia russe est elle aussi présente, profitant simplement de l'occasion pour se faire de l'argent. Evidemment, vous trouverez aussi des poches de résistance nord-coréenne, juste histoire de compliquer le tout. Voilà donc votre destination, une zone sous haute-pression, certainement l'endroit le plus dangereux du globe.
En tant que mercenaire, vous n'hésiterez pas une seconde à offrir vos services à chaque faction pour récolter autant d'oseille que possible. En ce sens, Mercenaries emprunte pas mal à la série GTA puisque vous passerez le plus clair de votre temps à aller voir les patrons des différents clans et à accepter ou refuser les missions qu'ils vous donnent. Généralement, il s'agit d'aller détruire une partie de l'armement d'une faction ennemie, mais on peut aussi vous demander d'aller récupérer un agent en territoire ennemi ou de partir à la recherche d'un chargement volé. Les missions sont souvent accompagnées d'un ou de plusieurs objectifs bonus qui vous donneront droit à plus d'argent en cas de réussite. Par exemple, les chinois vous demanderont d'abattre trois commandants russes. Ils seront prêts à y mettre le prix et même à ajouter un supplément si vous parvenez à garder vos distances et à ne pas vous faire voir par les russes. Bien sûr, chaque choix de mission doit être pris avec précaution puisque les conséquences et les représailles ne se font pas attendre si vous vous en prenez à telle ou telle faction. Vos rapports avec les différents groupes sont représentés par des jauges. Plus elles sont remplies et plus votre entente est cordiale. Au contraire, si une jauge est vide, vous pouvez être sûr de ne pas être très bien accueilli lorsque vous vous rendrez dans les territoires contrôlés par la faction associée à cette jauge. Heureusement, même la pire des trahisons envers un groupe sera bien vite pardonnée en sortant votre portefeuille et en payant une petite somme de réparation.
Tout au long du jeu, il n'y a qu'avec les nord-coréens que vous resterez fâché à vie. Avec les quatre autres factions, ça va, ça vient... Prenez tout de même garde à ne pas trop vous brouiller avec les russes car il se pourrait bien que vous ayez régulièrement besoin de leurs services. En effet, la mafia tient un site de vente en ligne consultable à tout moment pour commander aussi bien des armes et des munitions que des véhicules. Le tout est livré directement sur place, par hélicoptère. La classe ! Restez donc en bons termes avec les russes pour éviter de voir votre accès au site refusé. Loin d'être un accessoire, ce magasin online peut vous tirer de bien des situations, à condition de commander le matériel adéquat et d'avoir assez de sous pour l'obtenir. D'où l'importance d'avoir un compte en banque assez conséquent. En dehors des missions commandées par les quatre factions, vous avez aussi accès à des petites missions annexes qui vous rapporteront un peu d'argent si vous les remplissez. Là, il s'agira de rejoindre le plus rapidement possible un point de la carte ou bien d'escorter des journalistes vers un lieu sûr. Un autre moyen de se faire de l'argent, consiste à repérer puis à arrêter les hauts dirigeants nord-coréens. En comptant Song lui-même, il y a 52 personnes à appréhender. D'où l'idée, ô combien d'actualité, de toutes les réunir dans un jeu de cartes à jouer. Ne vous étonnez donc pas de devoir partir à la recherche du 4 de carreau, du valet de coeur ou du 2 de trèfle. Des informations vous sont livrées au compte-gouttes pour repérer les fugitifs, à vous de recouper les données pour les localiser précisément.
La zone de jeu est relativement grande, couvrant une petite région de la Corée du Nord. On y trouve quelques petites villes, plusieurs bases militaires et même un aéroport. Pour se promener dans cette zone, on peut évidemment faire confiance à ses jambes, mais il y a aussi la solution qui consiste à réquisitionner une voiture de civil, un 4x4 des Nations Unies, un char, ou même un hélico (seulement dans certaines missions). La conduite et le pilotage sont assez simples à maîtriser. En fait, que l'on soit à pieds ou en voiture, la jouabilité reste très efficace. On jouit par exemple d'une visée assistée qui facilite grandement les choses. Il faut aussi dire que Mercenaries n'est pas particulièrement difficile. S'il y a bien quelques missions qui constituent un véritable challenge, la majeure partie des objectifs reste très abordable.
Côté réalisation, il n'y a pas grand chose à dire. C'est propre sous toutes les coutures. La localisation française est juste parfaite. Les voix sont bien choisies alors que les textes sont interprétés avec beaucoup de justesse. Non, vraiment c'est très bien fait. D'autant qu'une partition musicale toute en puissance vient souligner les moments clés à grands renforts de choeurs magistraux. Graphiquement, c'est aussi une réussite. Bien que toute l'action se déroule dans la même zone géographique, les paysages parviennent à se renouveler grâce à des ambiances différentes suivant le lieu traversé. Entre les deux versions PS2 et Xbox, on note simplement une distance d'affichage plus élevée sur la console de Microsoft, mais rien de plus. De toute manière, quel que soit votre support, Mercenaries mérite amplement sa place dans votre logithèque.
- Graphismes17/20
Non seulement, les décors sont jolis, mais ils se payent aussi le luxe de baigner dans une ambiance presque irréelle, comme noyés sous un épais nuage de fumée. L'astuce permet, il est vrai, de baisser discrètement la distance d'affichage. La représentation des héros (il y a trois mercenaires différents) est particulièrement soignée, elle s'appuie sur des animations tout aussi réussies et détaillées.
- Jouabilité16/20
On prend énormément de plaisir à naviguer d'une faction à l'autre et de réparer les pots cassés à la suite d'un faux pas vis à vis d'un clan. La richesse du jeu, les nombreuses missions et les objectifs annexes font que l'on ne s'ennuie pas une seule minute.
- Durée de vie16/20
En début de partie, il nous faut choisir un mercenaire qui nous représentera. S'il n'y pas de grandes différences entre les trois prétendants, on ne se privera pas de recommencer plusieurs fois le jeu, ne serait-ce que pour tenter de capturer les 52 cartes.
- Bande son18/20
La musique semble avoir été composée comme pour un vrai film d'action. Les thèmes sont nombreux et parviennent facilement à nous faire passer l'émotion voulue. Le doublage français est très soigné, il profite d'un casting léché seulement entaché par quelques lignes de dialogues sous mixées.
- Scénario15/20
Plongé au milieu d'une crise internationale, les relations entre les factions et les conflits d'intérêts permettent de créer une tension pratiquement palpable.
Mercenaries nous donne une certaine idée de la guerre pas si éloignée que ça de la réalité. Alors que chacun tente de sauver sa peau, l'appât du gain conduit à de nombreuses trahisons et à de gros retournements de situations. Finalement, la seule entorse à la réalité, c'est que le jeu parvient à rendre la guerre très amusante. Et c'est bien ce qu'on lui demande.