Il aura fallu l'intervention de Bioware pour doter Star Wars d'un jeu correct l'année dernière, chose qui n'était pas arrivée depuis la série des Dark Forces/Jedi Knight. Jeu de rôle riche et de longue haleine, KOTOR ne pouvait manquer de se voir attribuer une suite. Seulement l'ennui, c'est qu'elle arrive un peu tôt et que tout ça aurait mérité de mûrir un peu. Vous aimez les pommes vertes vous ?
Oubliez Bioware cette fois, le studio a décidé de passer les rênes à des copains à lui, les gens de Obsidian, pas vraiment connus mais dans la mesure où Bioware leur fait confiance, on peut se dire qu'il y a du talent chez ces garçons. Pourtant, cela ne les a pas empêché de ne pas vraiment se montrer très imaginatifs pour cette suite. A oublier aussi, le monde peuplé de Jedi de KOTOR premier du nom, aujourd'hui, on nous plonge au coeur du chaos qui fait suite aux guerres mandaloriennes, les Siths traquent les gentils Jedis dont l'ordre n'est plus représenté que par un seul être : vous, qui allez devoir affronter un seigneur Sith assez peu plaisant à l'oeil puisque l'intégralité de son squelette a été réduit en poussière, son corps n'étant maintenu que par ses pouvoirs. Enfin il y a un détail qui va ralentir un peu votre puissance, le Jedi que vous incarnerez a en effet quitté l'ordre depuis 10 ans et il faudra donc malgré tout domestiquer de nouveau les pouvoirs de la Force - une astuce récurrente dans les jeux Star Wars - et comme à l'habitude choisir votre alignement sur le côté Obscur ou Lumineux. Une fois de plus donc vos actes, décisions et choix de dialogues vous pousseront d'un côté ou de l'autre de la frontière entre le bien et le mal, entre avoir la classe ou être un gentillet petit Jedi... Oui donc, là, inutile de vous dire de quel côté je penche.
La première et sans doute seule réelle nouveauté de KOTOR 2 résidera justement dans le fait que votre alignement influencera également vos compagnons qui vous suivront sensiblement dans votre évolution. C'est d'ailleurs cet aspect qui demeure le plus stimulant dans le jeu, cette liberté d'orientation qui vous laisse le loisir de devenir un sauveur ou de rejoindre l'autre camp, même si on en paie souvent le prix car il sera parfois plus difficile d'obtenir ce que l'on veut en se montrant trop teigneux.
Pour le reste, KOTOR 2 est une suite pur beurre qui reprend à son compte tous les ingrédients du premier. Ainsi, le système de combat basé sur AD&D qui constitue un mélange surprenant et terriblement efficace de tour par tour et de temps réel. A noter ici une innovation assez maigrelette, la possibilité de prévoir deux configurations d'armement que l'on peut interchanger à volonté sans passer par l'inventaire. A part ça ? Rien, si ce n'est bien sûr une flopée de nouveaux pouvoirs de la Force. En clair, c'est toujours aussi agréable à utiliser, à condition d'adhérer au concept, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.
Ensuite, on retrouve les marques de Bioware, feuilles de personnages, évolution, journal de quêtes, interface de jeu, tout est là à l'identique et on se croirait presque face à un add-on plutôt que dans une suite. Et cette sensation s'amplifie au niveau du moteur du jeu qui confirme un peu les doutes émis à chaque fois qu'on a pu le voir tourner en salon. Si les violentes saccades du premier KOTOR se font plus discrètes, la fluidité n'est pas pour autant au rendez-vous avec un frame-rate assez mou du genou en dépit de décors d'une richesse toute relative. Déjà pas affolant graphiquement parlant, le jeu fait aujourd'hui un peu triste mine avec ses grosses textures souvent baveuses et ses modèles de personnages pas très détaillés. De plus, on sent à plein pif le manque de soin sur les cinématiques. Autant les cut scenes ayant recours au moteur du jeu sont sans surprise, autant les quelques cinématiques en synthèse font mal aux yeux. Visiblement repêchées de la version Xbox, elles sont floues au possible et je vous laisse imaginer le résultat en haute résolution, en 1280, c'est simplement ignoble, flou et pixelisé. Dernier point technique qui laisse à désirer : les plantages. La version finale testée se permet de vous renvoyer fréquemment au bureau, et quand je dis fréquemment il faut comprendre jusqu'à 2 fois en 3 heures. Sauvegarder devient un réflexe naturel qui s'exercera toutes les 10 minutes de peur de perdre une progression chèrement acquise.
Bon, j'ai l'air de lui en vouloir à KOTOR 2 mais en soi, reprendre les bases du premier sans rien ajouter n'est pas si dramatique, il faut se souvenir qu'il s'agit de bases solides et le gameplay reste séduisant. L'ennui c'est qu'il n'était pas seul responsable du succès du jeu, son ambiance jouait dans l'affaire un rôle non négligeable. Il est bien dommage de constater qu'ici la balance du scénario et de l'univers n'est pas des plus équilibrées. Le scénario se perd en de trop nombreuses circonvolutions et peine à se lancer, même si une fois que c'est fait, il montre sa qualité. Le hic est surtout que les personnages manquent de charisme. Du coup, si le jeu sorti de chez Bioware savait séduire aussi bien les fans de Star Wars que les non-initiés, avec Obsidian, mieux vaut avoir un certain penchant pour l'univers de Lucas afin de se passionner pour l'histoire.
Alors KOTOR 2, en panne d'inspiration ou simplement en panne de temps pour fignoler et offrir autre chose qu'un Knights Of The Old Republic 1.2 ? Sortir aussi précipitamment une suite n'est peut-être pas la meilleure idée qu'ait eu Activision. Si le jeu conserve ses qualités, on aura bien du mal à y voir autre chose qu'un plat réchauffé, et si certaines viandes en sauce sont meilleures réchauffées, ça ne marche pas avec tout.
- Graphismes13/20
Moins de saccades que l'année dernière mais un frame-rate toujours assez bas. Globalement le niveau technique n'atteint pas de sommets mais parvient à gravir une petite colline. Le design frappe moins que dans le premier opus, tant en ce qui concerne les niveaux que les personnages.
- Jouabilité15/20
Obsidian nous sert une resucée du gameplay mis au point par Bioware. C'est bien, jouable, ergonomique, mais on reste sur sa faim si on est avide de nouveautés et les maigres modifications de détails ne satisferont pas les estomacs gourmands.
- Durée de vie16/20
Les diverses orientations du scénario mais aussi de votre personnage d'un côté ou de l'autre de la Force garantissent une durée de vie conséquente à KOTOR 2.
- Bande son15/20
Les musiques sont rarement prises en défaut dans un jeu Star Wars, on aura le loisir d'entendre les thèmes classiques et les morceaux originaux ne dépareilleront pas. Je serai plus dur que mon camarade Jihem sur Xbox quant aux doublages assez inégaux, du bon au franchement moyen à mon goût. Avec en prime quelques bugs de balance qui assourdissent de manière impromptue certains effets.
- Scénario14/20
Non que le scénario soit mauvais mais son démarrage est lent et une foule de détails pas nécessairement indispensables le rendent confus, mieux vaut avoir un minium d'intérêt pour l'univers pour se donner la peine de le suivre.
On reste un peu déçu par cette suite qui manque d'envergure. Les nouveautés se comptent sur des moitiés de doigts, l'univers se révèle moins envoûtant qu'auparavant, et la technique pas vraiment meilleure non plus, surtout avec les plantages intempestifs. Ceci étant, KOTOR 2 reste un titre aux grandes qualités et pour cause, il reprend trait pour trait l'héritage du premier. Si vous avez aimé...